Le CAC 40 a privilégié les actionnaires aux dépens de l'environnement et des salariés depuis la crise de 2008, selon un rapport de l'ONG Oxfam
La directrice générale d'Oxfam France, Cécile Duflot, réclame un rôle accru des salariés dans la gouvernance des très grandes entreprises, afin de mieux prendre en compte les problématiques de long terme, comme la conversion énergétique.
"Il nous a semblé utile de voir ce qu'il s'était passé après une crise et si on avait tiré des leçons de la crise de 2008", explique Cécile Duflot. Conclusion : depuis cette crise économique profonde, les entreprises du CAC 40 ont privilégié leurs actionnaires, aux dépens de l'environnement, de leurs salariés et des femmes, dénonce l'ONG Oxfam dans un rapport publié lundi 22 juin. La directrice générale d'Oxfam France, Cécile Duflot, estime sur franceinfo que "dans un certain nombre d'entreprises, on est encore sur un modèle où on utilise une grande partie des ressources [non] pas pour investir dans l'avenir mais pour distribuer massivement des dividendes aux actionnaires dans une logique très court-termiste".
Selon les calculs d'Oxfam et du Bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic), la rémunération des PDG a augmenté de 60% entre 2009 et 2018, et celles des actionnaires de 70%, alors que le salaire moyen de leurs employés ne progressait que de 20%.
Cécile Duflot défend "l'efficacité des quotas" pour faire appliquer la parité
En 2018, la rémunération totale d'un PDG, salaire fixe et primes variables, était en moyenne 107 fois supérieure à celle du salaire moyen au sein de son entreprise en 2018. L'ONG pointe de grandes disparités selon les entreprises. Carrefour, LVMH, Danone sont en tête du classement des écarts salariaux. "En 2018 le PDG de Carrefour gagnait ainsi 413 fois le salaire moyen au sein de son entreprise quand son homologue chez EDF ne gagnait que neuf fois plus", d'après le rapport.
Par ailleurs, selon ce rapport, les femmes ne représentaient en moyenne que 20% des équipes dirigeantes du CAC 40, alors qu'elles constituent la moitié des salariés. L'ONG relève également que cinq entreprises ne comptaient aucune femme dans leurs instances dirigeantes. Cécile Duflot réclame donc des règles beaucoup plus fermes en la matière, estimant que "l'efficacité des quotas [avait] été démontrée notamment sur les questions de parité". Elle défend également l'idée d'une participation accrue des salariés dans la gouvernance des entreprises.
Oxfam a récemment annoncé la suppression de 1 500 emplois dans le monde. Interrogée sur ce point, Cécile Duflot dénonce une "opération de déstabilisation" et affirme que l'ONG n'a jamais défendu une interdiction des licenciements. "Au niveau international, Oxfam se réorganise et ferme 18 bureaux de pays et donc les gens qui travaillent, sur plusieurs années, vont muter, changer de mission ou de pays", a répondu Cécile Duflot, tout en rappelant que l'ONG ne comptait que 45 salariés en France.
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