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L'ouverture des données : un moyen pour innover ?

REPORTAGE - Le premier prix de la compétition des start-up, au salon Le Web 2012, a été attribué jeudi à des Français, pour la création d'une plate-forme d'agrégations de données. "Qunb" parie sur le développement de l'open data, qui consiste pour des entreprises ou des particuliers à rendre publiques leurs données chiffrées. De plus en plus d'entreprises s'y mettent, la SNCF notamment.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (CB Radio France)

"Du chiffre rien que du chiffre ", voilà comment
Cyrille Vincey décrit l'idée de sa plateforme, intitulée "Qunb" (comme "quantities & numbers"). Sa petite entreprise a obtenu jeudi le premier prix dans la compétition des start-up à Le Web 2012. Ce
salon, qui se tenait pour trois jours près de Paris, a récompensé pour la neuvième année consécutive les jeunes entreprises les plus innovantes. Cette année, pour la
première fois, les trois finalistes étaient des Français. C'est plutôt bon signe quant à la santé
des start-up de l'hexagone.

Le concept de "Qunb" a germé dans la tête
de Cyrille il y a deux ans et demi, lorsqu'en tant que consultant, "mon
ancien métier
", explique-t-il, il a été confronté à un problème. "J'avais
beaucoup de mal à trouver des chiffres pour mes missions, je me suis mis à rêver
d'un service qui permettrait d'agréger des données quantitatives. Comme ça n'existait
pas, je me suis lancé
", raconte l'entrepreneur de 30 ans. Vient ensuite "un
parcours de sang et de larmes
", décrit-il, où il a fallu que Cyrille et son associé
Jean-Baptiste "se rendent crédibles " pour trouver des financements. Ils
sont finalement parvenus à lever 500.000 euros auprès d'investisseurs privés.

Un contre-exemple à ces "pigeons qui gueulent beaucoup"

"La magie d'un pays comme la France , poursuit
Cyrille, c'est que même si les pigeons gueulent beaucoup et veulent tous
partir, il y a dans notre pays des structures d'aides publiques pas mal du tout
", indique-t-il en référence à ce mouvement d'entrepreneurs du web, qui ont récemment fait plier le gouvernement sur la taxation des plus-values. " Avec 500.000 euros d'argent privé, on peut aller chercher presque le double en
subventions publiques
Donc la France, contrairement à ce qui est dit, est un pays relativement
bienveillant et favorable au développement de start-up technologiques
",
ajoute Cyrille.

Alors concrètement (autant que possible), qu'est-ce que "Qunb" ? Son concepteur aime à décrire "le produit d'une nuit d'amour entre du big data et
de la buisness intelligence pour les nuls
". Mais encore ? "Qunb" est en
fait une plate-forme sur laquelle des professionnels ou des particuliers peuvent
déposer leurs "données" (des informations chiffrées) : de la
finance, de la météo, des résultats sportifs, des données de buisness, etc. Cette
plate-forme permet ensuite de rendre ces données compréhensibles, sous forme de
visuels et de graphiques. "Pas besoin d'être un spécialiste d'Excel ",
indique Cyrille. Mais la plate-forme permettra aussi, au fur et à mesure qu'elle se remplira, de comparer
toutes ces données entre elles.

"L'open data", le pari de "l'open
innovation"

"Qunb" sera-t-il le futur leader de l'open data ? C'est tout ce qu'espère Cyrille. Et le prix reçu jeudi pourrait bien l'aider. "Concrètement ça ne nous rapporte rien, excepté la crédibilité : avec ce titre, on peut se faire ouvrir des portes jusqu'ici tenacement
fermées, par exemple des partenaires aux Etats-Unis
", indique Cyrille,
fervent défenseur de l'ouverture des données. Selon lui, "il n'y a pas une entreprise qui ne se pose actuellement cette question ". Et à terme, lorsque la démarche sera répandue, ces entreprises "auront
besoin d'une plate-forme comme nous
", parie le jeune homme.

En effet, la question fait son chemin au sein des entreprises.
Ce n'est pas forcément celle à laquelle on penserait en premier, mais la SNCF s'est
par exemple lancée dans l'ouverture des données (voir cette page dédiée sur le site de la SNCF). "L'open data n'est
pas une fin mais un moyen. Ce que ces entreprises visent au bout c'est
l'open innovation : elles parient qu'en ouvrant
leurs données, elles vont permettre à un ecosystème de start-up de développer
des services auxquels ces entreprises elles-mêmes n'ont pas pensé
", explique Cyrille Vincey. 

Le jeune homme a été félicité jeudi par la
ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, invitée du salon. Le deuxième prix de cette compétition de start-up a été
remis à Be-Bound, une solution pour rester connecté à Internet partout dans le
monde, en s'appuyant sur la 2G. Enfin, la troisième place est revenue à Recommend,
application mobile qui permet d'échanger toutes sortes de recommandations entre
amis, et dont France Info avait rencontré le jeune créateur. 

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