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Arnaud Lagardère : gros doutes sur un grand patron

L'héritier de l'empire a été nommé président du conseil d'administration du géant de l'aéronautique EADS. A lui de convaincre les actionnaires alors qu'il fait face à de virulentes critiques. 

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Arnaud Lagardère et Jade Foret assistent au tournoi de Roland-Garros, mardi 29 mai 2012. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

C'est un "patron atypique", selon ses propres mots. D'autres diraient "absent". Arnaud Lagardère n'était pas à l'assemblée générale qui devait approuver, jeudi 31 mai, sa nomination à la tête du conseil d'administration d'EADS. Le capitaine d'industrie doit pourtant faire ses preuves et rassurer les actionnaires du groupe d'aéronautique et de défense. Ce ne sera pas chose aisée, car l'unique héritier du défunt et très respecté Jean-Luc Lagardère essuie de nombreuses critiques et déplaît tant en interne que chez des patrons du CAC 40. Que lui reproche-t-on ?

• Il est visiblement très très amoureux de Jade Foret

Arnaud Lagardère, 52 ans, est simplement fou de sa compagne, Jade Foret, un mannequin belge de 21 ans. Ils prévoient de se marier "très bientôt", selon lui, et attendent un bébé pour septembre. Mais ce n'est pas tant leur histoire d'amour que son exposition qui a dérangé.

En juillet 2011, une vidéo du couple roucoulant pendant une séance photo pour l'hebdomadaire belge Le Soir Magazine a causé quelques remous. Musique kitsch, poses lascives, baisers à pleine bouche et confidences mièvres ont réveillé les doutes déjà récurrents sur les capacités de gestionnaire de l'héritier au sens de la communication très personnel.

 

Les deux protagonistes eux-mêmes, pour rattraper le coup peut-être, ont déclaré s'être trouvés "ridicules". Mais analystes et médias n'en sont pas restés là. L'épisode a été considéré, au mieux, comme une maladresse, au pire, comme "un suicide économique", assurait à l'AFP un professionnel de la communication et connaisseur du groupe. Le spécialiste y a vu une "provocation" d'"enfant gâté" qui, contrairement à son père "très respecté""n'a jamais été adoubé par ses pairs"

• "J'ai le choix entre passer pour malhonnête ou incompétent"

Arnaud Lagardère, qui a un temps bénéficié de l'aura de son père, n'a pas su entretenir la flamme. "J’ai le choix entre passer pour quelqu’un de malhonnête ou d’incompétent, qui ne sait pas ce qui s’est passé dans ses usines. J’assume cette deuxième version", a-t-il déclaré au Monde, le 15 juin 2006. Il était alors englué dans l'affaire EADS, soupçonné de délit d'initié pour avoir cédé une grande partie de ses parts dans le groupe peu avant que l'action chute en Bourse après l'annonce de retards dans le lancement de l'A380 d'Airbus.

Il est "les deux à la fois", écrivait le Nouvel Observateur en octobre 2007. Si le délit d'initié a été prouvé par l'Autorité des marchés financiers (AMF), il n'a cependant jamais été sanctionné. Arnaud Lagardère a ainsi échappé, d'après l'hebdomadaire, à une amende qui aurait pu s'élever à 7 milliards d'euros. Certains considèrent qu'il s'agit là de son seul coup de maître. "Mis à part le bon coup réalisé sur le dos de l’Etat avec la vente de ses 7,5% d’EADS, (...) il est évident qu'il n'est pas au niveau. C’est un Mickey", s’amusait un responsable patronal interrogé par l'hebdo Marianne en avril 2010.

Les doutes ne portent pas uniquement sur sa gestion d'EADS mais sur la stratégie jugée par certains "illisible" du groupe Lagardère dans son ensemble. Après avoir tout misé sur les médias, Arnaud Lagardère s'est "pris la crise de la pub en pleine poire", expliquait Libération en mars 2010. Passionné de sport, il a monté Lagardère Unlimited avec des résultats mitigés, pour finalement diriger la branche vers le divertissement avec la production notamment de la comédie musicale Mozart, l'opéra rock. Difficile pour les analystes d'y trouver une logique.

• EADS ne l'intéresse pas

Son arrivée à la présidence du conseil d'administration d'EADS a de quoi surprendre. Sa nomination pour succéder à Bodo Uebber est due au souhait de Paris et de Berlin en 2007, d'abandonner la gouvernance à deux têtes du groupe au profit de l'alternance. Arnaud Lagardère porte donc seul les intérêts français du deuxième groupe aéronautique mondial (derrière Boeing). 

Pourtant, le secteur ne le passionne pas, contrairement à son père, et il ne le cache pas. En 2010, il "n'a participé qu'à quatre réunions du conseil sur  douze", affirmait L'Express en août 2011. Des sources proches du conseil indiquent que cela ne s'est pas arrangé l'année dernière. L'hebdomadaire envisageait même la vidéo "kitschissime" d'Arnaud et Jade comme"une manœuvre parmi d'autres de Lagardère pour convaincre l'Etat français de la nécessité d'accélérer sa sortie d'EADS".

Comme le rappelle Le Monde jeudi, Arnaud Lagardère a "déjà annoncé son intention de sortir du tour de table lors de la livraison du futur A350 prévue en 2014". En attendant, il était absent jeudi à l'assemblée générale d'EADS qui devait le nommer à la tête du conseil d'administration parce qu'il avait "des choses importantes à faire", selon le président sortant.

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