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65 000 emplois sauvés ? Comment Montebourg embellit son bilan

Le ministre du Redressement productif affirme avoir préservé 85% des emplois menacés, depuis un an. Un chiffre trompeur. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, avant une émission sur France 5, le 14 avril 2013. (IBO / SIPA)

A l'heure du premier anniversaire de François Hollande à l'Elysée, lundi 6 mai, Arnaud Montebourg dresse, lui aussi, son bilan. Dans un entretien avec trois syndicalistes, publié par Le Monde, le ministre du Redressement productif vante longuement les mérites de son "poste de combat". Mais enjolive quelque peu la réalité de son action.

"Notre travail est de prendre les dossiers un par un, sans abandonner une seule de nos entreprises. Durant cette année de combat, nous avons traité plus de 500 dossiers et préservé 65 031 emplois sur les 76 809 qui étaient menacés." 

POURQUOI C'EST INEXACT. Les chiffres avancés par Arnaud Montebourg sont extrêmement précis : depuis le 6 mai 2012, le ministère du Redressement productif aurait réussi à sauver 85% des emplois qui étaient menacés. Un taux de succès pour le moins phénoménal ! Problème : Arnaud Montebourg communique uniquement sur les emplois menacés… et traités par les 22 commissaires au Redressement productif nommés en régions.

Or, dans leurs bureaux, plusieurs milliers de dossiers supplémentaires – et autant d'emplois potentiellement menacés – attendent d'être étudiés. Selon le rapport de ces vingt-deux commissaires (PDF), seuls 368 dossiers avaient été traités au 31 décembre, sur 2 211 cas reçus… pour un total de 261 398 emplois potentiellement menacés ! Et depuis, les piles de dossiers ont évidemment continué à grandir.

A titre d'exemple, prenons la région Aquitaine : au 31 décembre, le commissaire au Redressement productif avait reçu un total de 150 dossiers, soit 13 500 emplois menacés. Dans cette région, seuls 17 cas ont pu être traités, et 978 emplois préservés.

"Factuellement, ce que dit Arnaud Montebourg n'est pas faux. Mais disons que c'est effectivement biaisé, commente sous couvert d'anonymat l'un des ces commissaires, joint par francetv info. On est dans de la pure communication." Toujours selon ce commissaire, "on doit maintenant tourner à 65 000 emplois préservés sur plus de 300 000 emplois menacés", et non pas 76 000 comme le dit le ministre. Déjà interrogé sur ces chiffres hasardeux le 14 avril sur France 5, Arnaud Montebourg avait botté en touche, préférant saluer le travail de ses 22 commissaires, qu'il qualifiait de "hussards du made in France"

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