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Reportage "C'était une occasion de pouvoir assurément trouver un travail" : face à la pénurie de maîtres-nageurs, les formations gratuites se multiplient

Il manque 5 000 maîtres-nageurs et sauveteurs en France, selon la Fédération française de natation, ce qui contraint déjà certains bassins à fermer.
Article rédigé par franceinfo - Marie-Astrid Guégan
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le formateur Hugo Schiano Di Cola donne un cours de natation aux futurs maîtres-nageurs de l'association Montmartre natation sauvetage. (Marie-Astrid Guégan / RADIO FRANCE)

Ce sont peut-être eux qui vont surveiller les plages et les piscines cet été. Huit candidats enchaînent les longueurs dans le bassin de 25 mètres de cette piscine un peu vieillissante de Saint-Denis, près de Paris. Sept nageurs et une nageuse s'entraînent deux fois par semaine depuis huit mois : la formation leur permettra, à terme, d'accéder au métier de maître-nageur. Il en manque 5 000 en France.

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"J'ai eu vent de cette pénurie des effectifs en piscines et aussi en mer", raconte Naël, qui a intégré le programme en route. Il cherchait un job étudiant, après avoir arrêté une licence d'économie et gestion qui ne lui plaisait pas. "Je me suis dit que c'était une occasion pour moi de pouvoir assurément trouver un travail. Surtout que c'est un domaine qui m'intéressait. C'est d'une pierre deux coups."

Une formation totalement gratuite

Tous sans activité professionnelle, les participants se préparent au brevet de sauveteur aquatique, la première étape vers le diplôme de maître-nageur, qui lui, permet de surveiller seul la baignade et d'enseigner la natation. 

Si la formation coûte normalement 700 euros en moyenne, ici, elle est totalement gratuite. C'est la première année que l'association Montmartre natation sauvetage propose ce programme, encadré par Hugo Schiano Di Cola. "Cet été, on est en surveillance sur des plages. Et ce sont les sauveteurs qu'on a formés qui seront directement sur nos plages. Face au problème, on trouve la solution", résume-t-il. Au programme : entraînement aux quatre nages, mais surtout au crawl. "C'est la nage la plus rapide, celle où l'on s'épuise le moins, explique le formateur. Donc ils nagent beaucoup, beaucoup de crawl. On a des mannequins qu'ils mettent dans l'eau et qu'ils remorquent. Mais il faut qu'ils soient assez compétents en natation pour aller récupérer un mannequin qui pèse assez lourd, environ 80 kilos dans l'eau."

"Je ne voulais pas d'un travail en bureau"

Pour ces "plages de villes" installées l'été en ville à Paris, Pantin ou encore La Courneuve en région parisienne, l'association a donc trouvé des surveillants. Mais pour le reste de l'année, la situation reste très compliquée, car le métier ne fait plus rêver. "A la base, le diplôme de maître-nageur, c'est pour enseigner la natation, mais il y en a de moins en moins. Aujourd'hui, nous sommes en surveillance toute la journée, sauf qu'au bout d'un moment, surveiller pendant sept heures, pendant toute une journée, ça commence à devenir très très long. On s'ennuie en surveillance parce qu'on a rien à faire. Voilà le problème de la pénurie", analyse Hugo Schiano Di Cola.

Des conditions de travail qui ne rebutent pourtant pas tous les candidats. La formation s'adresse à tous, y compris à des personnes qui n'étaient pas des nageurs confirmés. C'est le cas de Nadine, 48 ans. Dans la ligne d'eau numéro 5, elle termine sa série de 100 mètres un peu à la traîne. Cette mère au foyer qui n'avait jamais fait de natation en club a décidé de se reconvertir : "Je ne voulais pas d'un travail en bureau où je ne verrais pas la lumière du jour. Et là, je sais qu'on est toujours soit en extérieur, soit en contact avec des gens de différents âges... C'est ça aussi qui me plaît", sourit-elle. L'association prévoit déjà de reconduire le dispositif l'année prochaine.

Le reportage de Marie-Astrid Guégan

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