"C'est tout à fait normal, il n'y a rien d'exceptionnel". Pour Paul et Jules*, porter une arme en permanence à la ceinture est quelque chose de banal. Après les attentats de 2015, ces deux officiers de police judiciaire à Paris, depuis 20 ans pour le premier et 10 ans pour le second, ont fait le choix de porter leur arme en dehors des heures de service. "Elle fait partie de la vie de flic", estime Paul.>> Comment policiers et gendarmes vivent avec leur arme de serviceMais cet outil de travail peut s'avérer dangereux dans un moment de désespoir. Le taux de suicide dans la police dépasse la moyenne nationale. Entre début janvier et fin mai 2018, 33 policiers se sont donnés la mort. Dans plus d'un cas sur deux, ces fonctionnaires ont utilisé leur arme de service.Des mesures vécues comme des sanctionsEn prévention, la hiérarchie désarme quand elle identifie un policier en souffrance. D'après Jules, "cela ne fait que conforter leur descente aux enfers". "Chez nous, cela a une valeur l'arme à la ceinture", ajoute le policier. Pour les membres des forces de l'ordre interrogés par franceinfo, la solution consisterait plutôt à écouter sans forcément sanctionner.Le numéro du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO) est bien affiché dans tous les commissariats. Mais beaucoup craignent encore d'être privé d'un objet qui les définit comme policier, prolongeant le silence si difficile à rompre dans les rangs de police.* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.