"Il faut gagner la supériorité aérienne" : comment l'Armée de l'air se prépare à un conflit de haute intensité
La menace d'aujourd'hui, c'est l'ennemi jihadiste au Sahel ou en Syrie, ne disposant pas de moyens sophistiqués : elle est qualifiée de "basse intensité". Celle de demain, le combat face à un adversaire de force égale, est de "haute intensité". Et l'Armée de l'air s'y prépare.
En deux slots, l'un le matin et l'autre l'après-midi, les avions de chasse enchaînent décollages et atterrissages depuis Mont-de-Marsan. La base aérienne 118 a été, du 3 au 22 novembre, le QG de l'exercice aérien Volfa, qui a réuni jusqu'à cinquante appareils français, italiens, espagnols, ou portugais. Cet exercice vise à préparer le combat de demain, celui qui opposera la France à un État de même puissance. Au Sahel ou en Syrie, les groupes jihadistes ne disposent ni de moyens lourds au sol, ni de chasseurs ou d'hélicoptères dans le ciel. Or, le combat face à un adversaire de force égale ne se mène pas de la même façon.
En Syrie, l'environnement est permissif, sans menace aérienne ni sol-air. Ce sera beaucoup plus violent dans un combat de haute intensité, et l'exercice Volfa nous y prépare.
Le capitaine Alexis, de l'escadrille Normandie-Niemenà franceinfo
Concrètement, face à un adversaire qui peut engager des moyens aériens équivalents, l'Armée de l'air française devra être capable d'entrer en territoire ennemi, "de passer derrière les lignes", explique le patron des Forces aériennes françaises. Pour le général Matthieu Pélissier, cela signifie : "Des chasseurs pour le combat aérien, pour la reconnaissance ou l'attaque au sol, des drones, des avions de transport pour larguer des parachutistes, des hélicoptères pour déposer des commandos. Il faudra être capable de mener des opérations combinées." Et c'est précisément ce à quoi doit préparer l'exercice Volfa.
Des avions français et étrangers... et Jeannette
Pour coordonner ces trois semaines d'exercice, le plus important de l'Armée de l'air au-dessus du territoire français, il fallait des outils technologiques adéquats. Un système de radars au sol, des liaisons spécialisées et une suite logicielle baptisée Jeannette. Une salle lui est dédiée à l'écart des pistes de la BA 118, dans laquelle deux rangées d'écrans sont installées. Côté gauche, le coin des bleus, des gentils. Côté droit, le coin des rouges, les "bandits" comme le crachotent les retours radio. Les bandits pilotent, dans le scénario, des avions russes, Sukhoi-27 et Yak-130. Et la majorité des combats, dont les tirs sont simulés mais précisément restitués, se déroulent en TSA 43, "une zone dédiée à l'armée de l'air au-dessus du Massif central", précise le commandant Nicolas, "Airboss" du jour.
La force de Jeannette, et tout son intérêt, réside dans le fait de pouvoir intégrer dans la situation tactique réelle, des éléments virtuels, des "pistes constructives", comme préfèrent le dire les militaires installés dans la salle. Ainsi peuvent être intégrés "de nouveaux avions, des missiles de croisière, ce qui permet de densifier l'environnement, et d'enrichir le scénario", explique le général Pélissier.
Volfa, c'est se préparer au "jour 1 d'un conflit à haute intensité", résume le capitaine Alexis. Pour ce pilote du Normandie-Niemen, "il faut gagner la supériorité aérienne dans un temps donné et l'exercice nous entraîne à ça. On fait des erreurs lors de la préparation de la mission, lors de son exécution, et lors du débrienfing. Et on ne les refait pas le lendemain".
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