"En deux mois, on peut avoir un budget pour lancer un prototype" : quand les militaires inventent leur propre matériel
Des inventions imaginées par des militaires français ont été présentées jeudi à la ministre des Armées, Florence Parly. Ces innovations, conçues par des hommes de terrain, peuvent à terme trouver une application concrète dans le civil.
Des militaires français ont pu faire découvrir, jeudi 5 octobre, une série d'inventions à la ministre des Armées, Florence Parly. La particularité de ces innovations est qu'elles ont toutes été conçues par des hommes de terrain, en fonction des besoins qu'ils ont identifiés pendant leur service. Certaines d'entre elles peuvent, à terme, trouver une application concrète dans le monde civil.
Moins de deux mois pour obtenir un budget
L'une de ces inventions s'appelle Cerber. C'est un système de transmission, sanglé sur le devant du gilet pare-balles. Il a été inventé par le maréchal des logis-chef Phil, du 13e régiment des dragons-parachutistes, une unité des forces spéciales experte en infiltration et renseignement. "C'est venu d'une opération où j'avais beaucoup de systèmes radio différents sur mon gilet, quatre au total, avec les batteries, les câbles, etc." De retour de mission, le sous-officier imagine un système plus compact et plus pratique. Il contacte la Mission pour l'innovation participative (MIP). Aujourd'hui, le système Cerber est en phase de tests.
"Un innovateur qui a un projet a une fiche très simple à remplir en cinq questions sur son besoin, l'idée qu'il propose, comment il compte la concrétiser, le budget et le calendrier", détaille le patron de la Mip, l'ingénieur général Pierre Schanne. Et la concrétisation peut être très rapide pour les militaires : "En moins de deux mois il peut avoir le budget dont il a besoin à disposition pour pouvoir lancer son prototype."
Du plasma lyophilisé utilisé dans le civil depuis 2016
D'autres innovations ont déjà été déployées et éprouvées sur le terrain, comme Auxylium, par exemple. C'est un système de communication utilisé par les soldats de Sentinelle. "Au mois d'août, nos soldats ont été victimes d'une attaque terroriste. En moins de deux minutes, on a été capables de remonter à l'ensemble des centres de commandement la position exacte de l'attaque, la nature de l'attaque et nos soldats ont pu échanger sur le nombre de blessés, les évacuations à faire", raconte le capitaine Jean-Baptiste, des services techniques de l'armée de Terre. Il voit clairement l'apport de cette technologie dans ce type de situation. Selon lui, la même intervention aurait été beaucoup plus compliquée avant. "Ça aurait pris plus de temps parce que la coordination aurait eu lieu juste à la voix alors que là on rentre dans le numérique donc on a de la cartographie, des événements, on a des photos, on est capables d'enrichir l'information..."
Auxylium pourrait être adapté par la sécurité civile, comme sur les scènes de catastrophe naturelle, par exemple. D'autres innovations ont déjà franchi le passage du militaire au civil, à l'image du plasma lyophilisé. C'est une grande fierté pour Pierre Schanne : "C'est une innovation utilisée par les armées françaises qui intéresse également des armées étrangères et qui est en déploiement dans le secteur civil depuis l'année dernière." En 30 ans d'existence, la Mission innovation des armées a soutenu 1 400 projets, dont la moitié ont abouti.
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