Réforme de l'assurance-chômage : Gabriel Attal propose "le senior discount, à moitié prix", dénonce François Hommeril, président de la CFE-CGC
Gabriel Attal propose "le senior discount, à moitié prix", dénonce dimanche 26 mai sur franceinfo, François Hommeril, président de la CFE-CGC, la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres. Dans un entretien à la Tribune Dimanche, le Premier ministre a annoncé les grandes lignes de la future réforme de l'assurance-chômage.
Pour "débloquer les recrutements pour les seniors", le gouvernement veut créer "un bonus emploi senior". Ainsi, "un senior au chômage qui reprendra un emploi moins bien rémunéré que son emploi précédent pourra cumuler son nouveau salaire avec son allocation-chômage pour atteindre le même salaire qu'il avait avant de tomber au chômage. Par exemple, prenons un demandeur de 57 ans qui était payé 3000 euros brut et qui est indemnisé 1600 euros mensuels par France Travail. Demain, si on lui propose un emploi à 2000 euros brut – donc 1000 euros de moins que son ancienne rémunération –, il pourra cumuler ce nouvel emploi à 2000 euros avec 1000 euros versés par l’Assurance chômage. Et il retrouvera ainsi sa rémunération initiale pendant un an", explique le chef du gouvernement.
"ll s'agit de récupérer de l'argent"
"Voilà une fois de plus une usine à gaz pour finalement satisfaire une certaine demande du marché. En tout cas, je pense que c'est comme ça que le comprend Gabriel Attal", réagit François Hommeril. "Vous avez fait une carrière à l'encadrement, vous êtes licencié, on vous propose un emploi de plongeur, vous êtes obligé de le prendre parce qu'il y a derrière le spectre du RSA. Mais tout le monde est content : l'employeur a à bon marché une personne plutôt expérimentée et Gabriel Attal peut dire 'regardez comme ma réforme est géniale, j'ai réussi à repousser vers l'emploi des gens qui n'y étaient pas'", raille le président de la CFE-CGC. Il dénonce "des dispositifs factices" qui ne répondent pas selon lui, aux problématiques de maintien et d'accès à l'emploi des seniors.
De manière générale, François Hommeril accuse encore une fois le gouvernement de mener une réforme de l'assurance chômage "populiste". Il estime qu'il "s'agit de stigmatiser le chômeur en partant du principe qu'il est plutôt mal vu dans l'opinion". Mais "cette réforme passera quoi qu'il arrive, il s'agit de récupérer de l'argent", estime-t-il dépité. Le Premier ministre confirme que les règles d'indemnisation de l'assurance chômage seront durcies à compter du 1er décembre. Il faudra travailler 8 mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé, contre 6 mois au cours des 24 derniers mois actuellement. La durée d'indemnisation réduite de 18 à 15 mois "dans les conditions actuelles", a détaillé Gabriel Attal. Le chef du gouvernement assure que ces nouvelles règles visent à "aller vers le plein-emploi" et "valoriser encore plus le travail".
"Cet argument, c'est peut-être le plus scandaleux", réagit le président de la CFE-CGC. Un "argument particulièrement populiste parce qu'il part du principe qu'un chômeur, dès l'instant qu'il est indemnisé, est moins motivé à rechercher un emploi". Or, poursuit François Hommeril, "plus de 90 % des gens indemnisés recherchent activement du travail. Et ça, ce sont les statistiques, les études de la Dares [le service des statistiques du ministère du Travail], de l'OFCE [Observatoire français des conjonctures économiques]".
"Punition collective"
Gabriel Attal "essaie de nous convaincre que la terre est plate" parce qu'il souhaite que "les Français acceptent n'importe quel emploi, quel que soit leur niveau de compétences, leur secteur économique, parce qu'ils ont derrière eux le spectre de la vraie pauvreté". Par ailleurs, le président de la CFE-CGC estime que cette réforme ne permettra pas de répondre à la problématique des emplois vacants. Environ "535 500 au 1er trimestre 2024 dans les entreprises du secteur privé (hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales), soit une baisse de 7 % par rapport au trimestre précédent", selon une étude de la Dares publiée le 21 mai. "30 % à des emplois nouvellement créés et 23 % à des emplois encore occupés et sur le point de se libérer", selon cette même source. Une partie de ces emplois vacants ne trouvent pas preneurs.
Sur plus de 5 millions de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail, "2,6 millions étaient indemnisés", souligne François Hommeril. Le syndicaliste reprend un chiffre publié par l'Unedic le 20 mars 2024. Donc, "pour régler cette problématique" des "emplois qui ne trouvent pas preneurs", le gouvernement penche pour "la punition collective", fustige-t-il. "Mais il y a un problème spécifique sur ces emplois-là. Donc, on en parle, on regarde quel est le problème, pourquoi les gens ne veulent pas y aller. Est-ce que ce sont des problèmes de conditions de travail, de rémunération, de géographie", conclut-il.
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