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A la rencontre des "indignés" de la Défense

Lundi matin, une quinzaine d'"indignés" se trouvaient toujours sur le camp d'Occupy la Défense, après un week-end prolongé qui a vu passer des centaines de sympathisants. Portraits de ces quelques irréductibles.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un panneau au camp des indignés de la Défense (Hauts-de-Seine), le 14 novembre 2011. (LOUIS SAN / FRANCE TELEVISIONS)

Le parvis de la Défense (Hauts-de-Seine) est occupé par un camp d'"indignés" depuis le vendredi 4 novembre, à la manière de ce qui se passe à New York avec Occupy Wall Street ou dans l'Illinois avec Occupy Chicago. Lors des plus grands rassemblements, le camp installé au pied de la Grande Arche a rassemblé entre 100 et 200 personnes, selon les sources. Lundi 14 novembre au matin, après un week-end prolongé, une quinzaine de personnes se tenaient toujours au milieu de cartons et de policiers. Le mouvement affirme ne pas avoir de porte-parole, alors FTVi a rencontré certains de ces indignés du lundi matin.

Maeva : "Je ne sais pas trop où je vais"

Maeva, 23 ans, sur le camp des indignés de la Défense, le 14 novembre 2011. (LOUIS SAN / FRANCE TELEVISIONS)

Maeva a 23 ans. Avec son petit ami, elle est arrivée au camp de la Défense dès le 4 novembre. Originaire de Seine-et-Marne, elle ne travaille pas, ce qui lui laisse du temps pour occuper le parvis de la Défense. Titulaire d'un BTS en commerce international, elle s'est aussitôt reconvertie dans le spectacle, en autodidacte : "Je fais du jonglage et de la pyrotechnie avec mon copain." Son objectif, avoir le statut d'intermittente du spectacle l'an prochain. Mais elle "ne sai[t] pas trop où [elle] va", reconnaît-elle. Niveau politique, Maeva ne se dit pas proche d'un parti politique en particulier. Quant à son maquillage de clown, "c'est pour dédramatiser".

• Nico : "Il est presque déjà trop tard pour se réveiller"

Nico au camp des indignés de la Défense (Hauts-de-Seine), le 14 novembre 2011. (LOUIS SAN / FRANCE TELEVISIONS)

Nico gratte une guitare bon marché assis dans un coin du petit camp. Le musicien indigné, qui travaille "dans le son", n'est pas un novice du mouvement. Il était à Bruxelles (Belgique) pour la marche qui a rassemblé près de 7 000 personnes le 15 octobre. Il est à la Défense depuis les premiers jours. "Pour dénoncer le mal-être de la société, les politiques qui n'ont pas le pouvoir, contrairement à ceux qui détiennent l'argent et les réseaux d'influence." Selon lui, "le réveil des pays arabes a titillé les pays occidentaux". Et s'"il est déjà presque trop tard pour se réveiller", il vaut mieux être ici qu'ailleurs, même si l'engagement est "sans promesse de réussite". Comment fait-il pour être présent un lundi matin sur le camp ? Il n'a pas de travail "en ce moment".

• Charlie : "Je veux juste fonder un foyer"

Charlie, au camp des indignés de la Défense, le 14 novembre 2011. (LOUIS SAN / FRANCE TELEVISIONS)

Casquette sur la tête, Charlie dit être un habitué des "petits mouvements, des manifestations". Lui est là pour dénoncer le mal-logement car c'est une question qui le touche directement. Il a 24 ans et travaille depuis qu'il en a 17. Cela fait cinq ans qu'il est intermittent du spectacle en tant qu'ébéniste-décorateur. Pourtant, il ne trouve pas d'appartement. Alors il y a quatre mois, il s'est résolu à acheter un camion pour y vivre. "Je suis intermittent, les agences m'ignorent car je n'ai pas de garants : mes parents ne travaillent pas", raconte Charlie. "Enfin, ils sont artistes", précise-t-il. Charlie ne veut pas la révolution, il aspire à une vie "normale". "Je veux juste une femme, des enfants, fonder un foyer. Mais pour ça, il me faut un toit. Je ne me vois pas dire 'Allez chérie, on rentre au camion !'"

• Jessica : "On est tous là parce qu'on en a marre de quelque chose"

Jessica au camp des indignés de la Défense (Hauts-de-Seine), le 14 novembre 2011. (LOUIS SAN / FRANCE TELEVISIONS)

A 19 ans, Jessica est diplômée d'un CAP en coiffure. Elle a quitté Strasbourg il y a quelques mois pour s'installer dans le 13e arrondissement de Paris et suivre un BEP coiffure. Mais cette année de cours est compromise car elle n'a pas trouvé de salon pour faire son alternance. "J'ai commencé les cours et j'ai dû arrêter", regrette-t-elle. Elle dénonce la rigidité de l'administration. "Moi je m'en fiche, j'aurais pu être payée 100 euros de moins par mois [alors qu'elle devrait être payée 65 % du Smic]. Mais on ne peut pas négocier. C'est une question de sous", résume-t-elle. Son cas est particulier, Jessica le sait. Mais elle lance : "On est tous là parce qu'on en a marre de quelque chose."

• Arnaud : "Je vais me mettre au maraîchage"

Arnaud, au camp des indignés de la Défense, le 14 novembre 2011. (LOUIS SAN / FRANCE TELEVISIONS)

Arnaud, 21 ans, milite pour "le respect de l'être humain, du vivant". Il dénonce "le système financier qui met l'argent avant les hommes et la nature". Engagé dans une association culturelle dans l'Oise, il est très concerné par les questions environnementales. Il y a deux ans, il a décroché un BTS dans l'immobilier, "pour la famille", dit-il avec un sourire pincé. Mais il ne souhaite pas poursuivre dans cette voie. Sans logement fixe, il est hébergé chez des amis et va acheter un terrain vierge dans l'Oise avec des "collègues". A terme, il souhaite y installer des yourtes et développer un lieu de vie autonome. Pour l'énergie, il veut installer des panneaux solaires, voire des petites éoliennes. Pour l'alimentation, il est ferme : "Je vais me mettre au maraîchage."

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