Investissements de Mercedes en Moselle : "La France redevient attractive" alors que "la compétition en Europe est très forte"
C'est la première fois que le groupe produira lui-même un véhicule Mercedes en France. Selon le directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile, Flavien Neuvy, invité sur franceinfo samedi, la France renoue avec la compétitivité sur ce créneau.
Le constructeur automobile Mercedes Benz a annoncé la production d'un modèle de voiture électrique en Moselle. 500 millions d'euros vont être investis dans l'usine de Hambach. C'est la première fois que le groupe produira lui-même un véhicule Mercedes en France. "La compétition en Europe est très forte. L'Europe centrale a beaucoup profité des investissements des constructeurs ces dernières années. La France redevient attractive de ce point de vue", a expliqué, samedi sur franceinfo, Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile.
franceinfo. Est-ce qu'il faut voir cela comme une bonne nouvelle pour cette région touchée par la désindustrialisation, sachant qu'environ 800 salariés travaillent sur ce site ?
Flavien Neuvy. Oui, c'est une très bonne nouvelle, cela garantit la pérennité du site. Cela montre que petit à petit la production automobile en France est repartie depuis quelques années. Elle avait beaucoup baissé sur ces quinze dernières années, mais elle progresse régulièrement depuis trois ans. Donc c'est une très bonne nouvelle.
Est-ce qu'il faut y voir une contrepartie du fameux "Pacte 2020" signé en 2015 par les salariés qui acceptaient de travailler 39 heures payés 37 ?
C'est un ensemble de choses. Peut-être que cet élément est entré en ligne de compte. Mais il faut voir que les constructeurs ont besoin d'investir dans la voiture électrique. Donc c'est nécessaire pour eux de trouver des sites de production qui peuvent produire ces modèles. Et puis il y a aussi une reprise économique plus générale dont la France profite. L'économie va mieux et l'industrie automobile, qui est très structurante pour notre pays, illustre ce regain d'activité.
Est-ce qu'il faut voir une main de l'État, une main diplomatique, le fruit de discussions entre Paris et Berlin ?
L'intervention des pouvoirs publics est régulière pour pouvoir essayer d'attirer des investisseurs. Si on regarde le site Toyota de Valenciennes, Jean-Louis Borloo s'était beaucoup battu pour ça. Les acteurs locaux, les élus locaux, les pouvoirs publics nationaux essayent. Mais c'est très difficile, parce que les constructeurs automobiles sont obligés systématiquement de faire des investissements extrêmement lourds. Là, on parle de 500 millions d'euros. La compétition en Europe est très forte. L'Europe centrale a beaucoup profité des investissements des constructeurs ces dernières années. La France redevient attractive de ce point de vue.
Les constructeurs préfèrent généralement délocaliser la production dans les pays de l'Est, voire plus loin. Est-ce que ça veut dire que notre pays redevient attractif ou c'est plus dur en réalité ?
C'est la réalité. Ce qui illustre le regain d'activité, c'est que le taux de marge a progressé sur ces trois dernières années. Il y a plusieurs éléments qui ont contribué à cela. La France est redevenue plus compétitive vis-à-vis de certains autres pays européens. C'est une très bonne nouvelle. Au-delà des millions d'euros investis, c'est aussi et surtout de l'emploi à la clé.
L'autre symbole est celui de la voiture électrique. Est-ce vraiment l'avenir du secteur ? Sachant que Mercedes en prévoit 20% de ses ventes pour 2025.
Tous les grands constructeurs mondiaux ont des projets de voiture électrique dans les cartons qui vont sortir dans les trois, quatre prochaines années. Il va y avoir une accélération dans ce domaine. La vraie question est de savoir si les automobilistes vont les acheter. Malgré les aides publiques massives, ils ne se passent pas grand-chose. En France, un pays qui n'est pas en retard pour la voiture électrique, ça représente à peine plus de 1% des ventes. Donc la vraie question est de savoir pourquoi les gens n'en achètent pas et s'ils vont en acheter un jour. C'est très difficile d'y répondre. Un élément peut faire bouger les lignes : ce sont les prix du pétrole qui progressent fortement. Les prix à la pompe sont déjà très élevés. Evidemment, ça renforce la compétitivité de la voiture électrique qui coûte beaucoup moins cher pour faire 100 kilomètres.
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