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Nouveaux soupçons sur la dangerosité des somnifères

Des médicaments couramment prescrits pour dormir sont associés à un risque de décès plus de quatre fois plus élevé, selon une étude américaine publiée lundi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Dans la chambre d'une patiente qui prend des somnifères, à Mulhouse (Haut-Rhin), le 5 novembre 2011. (JEAN-PAUL DOMB / MAXPPP)

Témazepam, zolpidem, barbituriques, antihistaminiques... Des noms familiers de tous ceux qui souffrent de troubles du sommeil. Les personnes prenant ces somnifères seraient exposées à un risque de décès plus de quatre fois plus élevé que celles n'en consommant pas, selon une étude américaine publiée lundi par le journal médical BMJ OPEN.

Ces divers somnifères couramment prescrits sont également associés, chez les plus gros consommateurs, à un risque de cancer significativement plus élevé (35%).

Risque de décès trois fois plus grand chez les petits consommateurs

L'étude du Dr Daniel Kripke et de ses collègues californiens porte sur 10 529 adultes, âgés de 54 ans en moyenne et ayant eu des ordonnances d'"hypnotiques" entre janvier 2002 et janvier 2007. Ils ont été comparés à un groupe de 23 676 personnes n'utilisant pas de somnifères, et ont été suivis, en moyenne durant deux ans et demi.

Les patients qui prennent du zolpidem, du temazépam ou d'autres hypnotiques ont un risque de mortalité 4,6 fois supérieur à celui des personnes qui ne prennent aucun de ces médicaments. Et même chez les petits consommateurs (18 cachets ou moins par an), le risque de décès reste trois fois plus grand.

320 000 à 500 000 morts en 2010 aux Etats-Unis

Selon une estimation, les hypnotiques pourraient, en 2010, avoir été associés à 320 000 à 507 000 morts en excès, uniquement aux Etats-Unis.

Les résultats de l'étude sont eux aussi impressionnants. Il y a eu 265 décès parmi les 4 336 patients passés en revue prenant du zolpidem, contre 295 parmi les plus de 23 000 personnes qui n'avaient pris ni sédatifs ni comprimés pour dormir. C'est à dire presque autant de morts pour une population cinq fois moins importante.

L'Europe serait encore plus exposée

Les auteurs reconnaissent que l'association entre ces médicaments et le risque de décès n'implique pas forcément un lien de cause à effet, même si leurs travaux viennent conforter d'autres études.

Néanmoins, ils donnent l'alarme vu la consommation de ces médicaments :"Nous estimons qu'approximativement 6 à 10 % des adultes américains prenaient ces médicaments en 2010 et ces proportions pourraient être plus élevées dans certaines parties de l'Europe".

Les somnifères déjà mis à l'index

L'abus de somnifères et de tranquillisants durant plusieurs années augmenterait aussi le risque d'entrée dans la maladie d'Alzheimer. Fin septembre 2011, le magazine Sciences et Avenir révélait les premiers résultats d'une étude de l'Inserm et de l'université de Bordeaux. Les chercheurs estimaient alors que, chaque année en France, 16 000 à 31 000 cas d'Alzheimer seraient ainsi attribuables à ces traitements par benzodiazépines.

Des études antérieures ont également établi un lien entre les somnifères et les accidents de voiture et les chutes, ainsi qu'avec des problèmes de régurgitations dans l'œsophage et d'ulcères.

 

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