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Ours dans les Pyrénées : malgré la nomination d'un "préfet ours", la tension entre opposants et défenseurs de l’animal est encore très forte

Les ours et les humains peuvent-ils cohabiter dans les Pyrénées ? Dans la région, les pros et anti-ours continuent de s'opposer sur cette question. Un nouveau préfet est spécialement nommé mercredi pour se consacrer à l’espèce qui est strictement protégée. 

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Lors d'une manifestation anti-ours organisée par l'association pour la sauvegarde du pastoralisme des Pyrénées, le 29 avril 2021. Photo d'illustration. (D.LE DEODIC/SUD OUEST / MAXPPP)

"C’est une mère avec deux petits en train de pêcher dans le torrent..." C’est ce qui s’appelle avoir l’ourse dans la peau : Florent Antras se l’est fait tatouer sur l’avant-bras, lui qui rêve de réconcilier l'homme et l’animal. Il est accompagnateur en montagne et conscient du danger : "L’ours n’a jamais été un nounours", sourit-il. Il informe dès que possible ses amis chasseurs sur sa présence : "Je passe mon temps à trouver des indices. Je leur dit par exemple : 'Attention il y a des traces dans la neige à cet endroit-là, n'y allez pas ce week-end.'"

Comment mieux faire cohabiter l’homme et la soixantaine d’ours vivant dans les Pyrénées ? La question revient au premier plan mercredi 8 décembre, avec une réunion à Toulouse vers 15 heures autour d’un nouveau préfet spécialement nommé pour se consacrer à l’espèce strictement protégée. Sa nomination survient moins de trois semaines après qu’un chasseur - gravement mordu aux jambes - a tiré mortellement sur une ourse en Ariège, ravivant les tensions entre opposants et défenseurs de l’animal.

“On ne peut pas leur arracher un poil"

Le site l’Office national de la biodiversité propose la transparence sur la présence de l'ours, mais avec quelques jours de retard, ce qu’elle assume. Une localisation en temps réel pourrait "mettre l’ours en danger", indique ainsi le ministère de l’Écologie. Une attitude incompréhensible pour Jean-Luc Fernandez, le président de la Fédération de la chasse en Ariège, qui estime que l’accident de novembre aurait pu être évité : "L’information arrive deux jours après l’accident avec l'ours, comment voulez-vous que l’on s’organise ? La montagne en Ariège est devenue dangereuse."

"Les pro-ours sont tranquillement installés dans leurs bureaux ou dans leur ville à Toulouse, à Bruxelles ou à Paris dans leurs ministères. Ils ont apporté le problème : qu’il apportent des solutions !"

Jean-Luc Fernandez

à franceinfo

À Castillon-en-Couserans, en Ariège, il y a de la défiance et aussi de la fatalité pour François Thibaut, un berger qui a encore perdu six brebis cet été. "Les gens qui aiment les brebis ne trouvent pas de sens à transhumer dans ces conditions", explique l’éleveur, qui a le sentiment que les ours sont intouchables. "On ne peut pas leur arracher un poil, affirme le berger. S’il faut choisir entre le pastoralisme, la chasse ou même la randonnée et la présence de l’ours, les textes européens font que ce sera la présence de l’ours."

"Il ne faut pas choisir entre l'ours et l'homme"

L’espèce est strictement protégée et réintroduite en 1996. On pourrait compter dans les Pyrénées une centaine d’ours dans quelques années d’après les projections, et c’est "tant mieux" dit Alain Reynes, de l’Association Pays de l’Ours-Adet. "On a la plus petite population d’ours d’Europe", explique-t-il.

Alain Reynes, le directeur de l'association "Pays de l'ours - Adet". (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

"Il y en a environ soixante dix, ce qui est loin d’être une population viable. La question n’est pas de choisir entre l’ours et l’homme. La seule vraie bonne piste, c’est comment on vit ensemble", poursuit Alain Reynes. Chacun accuse l’autre de camper sur ses positions. La médiation du "préfet ours" s’annonce tendue.

La cohabitation entre l'ours et l'homme est-elle possible ? - Le reportage d'Agathe Mahuet

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