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"C'est prendre les élèves pour des cons" : une proviseure donne le chapitre d'histoire-géographie à réviser pour l'examen en contrôle continu du bac

Alors que les premières épreuves du nouveau baccalauréat débutent dans un climat tendu, une cheffe d'établissement a orienté les révisions des lycéens en histoire-géographie.

Article rédigé par Guillemette Jeannot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Distribution de copies lors d'une épreuve du baccalauréat, dans un lycée parisien, juin 2011. (MARTIN BUREAU / AFP)

"Pour faciliter vos révisions." Une proviseure de lycée de l'académie d'Orléans-Tours (Centre-Val de Loire) a informé ses élèves de première des sujets à réviser pour l'épreuve d'histoire-géographie, qui doit se dérouler le 20 janvier dans l'établissement. Cette année, les lycéens inaugurent le bac nouvelle version du ministre Jean-Michel Blanquer, qui a introduit un grand oral et une note de contrôle continu dans l'obtention du diplôme. Deux périodes d'examen sont prévues pour ces épreuves communes de contrôle continu (dites E3C) : une en janvier-février et une autre en avril-mai. Mais la communication en amont des sujets à réviser fait grincer des dents enseignants et syndicats.

"L'inspectrice d'histoire-géographie me demande de vous préciser que l'épreuve d'E3C de lundi 20 portera sur le chapitre 1, thème 1 d'histoire et sur le thème 1 de géographie", indique la proviseure dans un e-mail adressé aux élèves de première. Ces propos sont alors publiés sur les réseaux sociaux.

Et cette initiative de la cheffe d'établissement ne passe pas.

C'est décrédibiliser notre travail et prendre les élèves pour des cons !

Patrick, prof d'histoire-géo

à franceinfo

Patrick*, professeur d'histoire-géographie dans la même académie, reconnaît que ce n'est pas le libellé exact du sujet qui est donné. Mais pour lui, indiquer qu'il faut réviser uniquement un seul chapitre en histoire et un seul en géographie, au lieu de trois ou quatre par matière, "c'est proche de donner le sujet". Réviser seulement deux chapitres de matières qui en comportent une vingtaine dans le programme et les interroger dessus, "c'est moins ambitieux que n'importe quel contrôle dans l'année", se désole-t-il.

"C'est du grand n'importe quoi"

Cette indication est "une rupture d'égalité manifeste entre élèves", estime de son côté Claire Gueville, secrétaire national du syndicat Snes. Cette professeure d'histoire-géographie regrette par ailleurs le manque de confidentialité des sujets, de façon générale.

Depuis le 10 décembre, je reçois des copies d'écran de sujets communiqués sur Facebook.

Claire Gueville

à franceinfo

La syndicaliste pointe du doigt la banque nationale des sujets accessible sans aucune règle de sécurité, selon elle. "C'est du grand n'importe quoi, on peut sortir les sujets sans contrôle", explique-t-elle. Et d'ajouter que le calendrier des épreuves décidé par chaque établissement favorisera les élèves qui passeront en dernier en "ayant connaissance des sujets déjà donnés ailleurs et pourront mieux se préparer".

L'académie d'Orléans-Tours ne scille pas à l'évocation de cette "fuite" venue d'une inspectrice. "Ce n'est pas du tout une fraude" commise par l'inspecteur à l'origine, répond Claire Lienhardt, la doyenne des inspecteurs académiques et des inspecteurs pédagogiques régionaux. Elle indique que ces derniers sont habilités à intervenir quand un établissement éprouve une difficulté sur la mise en œuvre des épreuves de contrôle continu, les E3C.

On peut tout à fait donner des indicateurs de révision aux élèves.

Claire Lienhardt

à franceinfo

La doyenne rappelle également que "ces épreuves de contrôle continu ne sont pas des partiels" voulant ainsi minimiser un "emballement", selon elle, lié au contexte général autour des E3C : professeurs et syndicats jugent ces épreuves mal préparées et menacent de ne pas surveiller les candidats et de ne pas corriger leurs copies. Sollicité, le ministère de l'Education nationale n'a pas souhaité répondre, renvoyant à la déclaration du ministre Jean Michel Blanquer sur RTL, le 16 janvier. Ce dernier a rappelé qu'"un des buts de la réforme est le contrôle continu" et que "dans la grande majorité des établissements la période d'examen se passe très bien".

* Le prénom a été modifié à la demande de l'intéressé.

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