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Trois questions sur la nouvelle vidéo choc de l'association L214

En partenariat avec "Le Monde", l'association de défense de la cause animale a diffusé jeudi de nouvelles images insoutenables d'abattages de vaches en gestation.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une vache gestante à l'abattoir municipal de Limoges (Haute-Vienne). L'association de défense des animaux L214 a publié jeudi 3 novembre 2016 des images tournées dans l'établissement pour dénoncer cette pratique. (HANDOUT / L214)

L'association L214, qui milite pour le bien-être animal et l'abolition de la consommation de viande, a diffusé jeudi 3 novembre, en partenariat avec Le Monde, de nouvelles vidéos-choc tournées à Limoges (Haute-Vienne) pour dénoncer les pratiques d'abattages. En ligne de mire, cette fois : l'abattage de vaches en gestation, pratique courante qu'elle veut faire interdire. Franceinfo revient sur ces principaux éléments qui jettent, une fois de plus, l'opprobe sur les conditions d'abattage en France.

Que montre cette vidéo ?

Les images sont insoutenables. "On jette le veau dans une poubelle pleine de merde. Parfois, il bouge, comme s'il était vivant. On fait ça tous les jours, au moins cinquante fois par semaine. Comment on peut les tuer, nom de Dieu ?" dénonce Mauricio Garcia-Pereira, employé depuis sept ans à l'abattoir de Limoges. Cet Espagnol de 47 ans est à l'origine des nouvelles vidéos publiées jeudi par l'association de défense animale. 

Dans celle ci-dessous, on peut en effet voir des employés ouvrir les animaux à peine abattus et en sortir des fœtus, parfois couverts de poils. Ils terminent, pour la majorité d'entre eux, à l'équarrissage, où sont traités les cadavres, au milieu des boyaux et des utérus bovins.

Attention, la vidéo ci-dessous montre des scènes particulièrement violentes : 

Révulsé par ces conditions d'abattage, l'homme explique s'être rallié à l'association L214 pour lancer l'alerte à visage découvert, a-t-il annoncé à l'AFP. Une première dans l'histoire de l'association dont les vidéos choquantes de souffrances animales ont provoqué la fermeture temporaire de certains abattoirs et abouti à la création d'une commission d'enquête parlementaire.

"Je sais qu'il y aura des représailles, que je vais probablement perdre mon emploi, mais je veux pas y retourner, c'est trop insupportable, estime Mauricio Garcia-Pereira dans Le Monde. Je sais aussi, au fond de moi, que ce que j'ai fait n'est pas mal. Ce qui était mal, c'était de continuer à participer et de ne rien dire."

Que dit la legislation ?

Le cadre législatif "interdit de transporter des vaches au-delà du huitième mois" de gestation, affirme le porte-parole de l'association, Brigitte Gothière, sollicitée par l'AFP. Selon elle, certains veaux figurant dans les vidéos "ont entre huit et neuf mois" car ils ont déjà des poils. Or, pour L214, les images prises clandestinement par Mauricio Garcia-Pereira prouvent que des vaches portant des veaux prêts à naître sont fréquemment abattues.

La législation européenne interdit bien le transport des animaux, et de fait leur abattage, "à compter de 90% du terme de la gestation, ce qui équivaut à huit mois pour une vache", confirme de son côté le ministère de l'Agriculture. L214, qui a lancé une pétition pour faire interdire l'abattage des vaches gestantes "au moins lors du dernier tiers de leur gestation", a annoncé avoir déposé plainte contre X jeudi auprès du tribunal de Limoges pour établir les responsabilités éventuelles.

Quelles ont été les réactions ?

"Les images de vaches gestantes que j'ai vues ne relèvent pas d'une irrégularité, contrairement à la pratique qui consiste à faire entrer une caméra dans un lieu où la prise d'images est soumise à autorisation", a pour sa part réagi le directeur de l'abattoir de Limoges, Pascal Pain, lors d'une conférence de presse.

Mon métier, c'est de respecter la réglementation, pas d'avoir des états d'âme.

Pascal Pain, directeur de l'abattoir de Limoges

La ville de Limoges, propriétaire de l'abattoir, le plus gros abattoir municipal de France (300 à 500 bêtes par jour, 80 employés), s'est elle aussi défendue de tout manquement. "Ce qu'il y a sur ces vidéos se passe dans les mêmes conditions partout : 100% des animaux qui vont à l'abattoir meurent", a même ironisé le premier adjoint au maire, Guillaume Guérin (Les Républicains).

Le chef de file de l'opposition socialiste à la mairie, Philippe Rheilac, s'est aussi déclaré solidaire de l'abattoir, "acteur essentiel de la filière agroalimentaire en Limousin, région d'élevage". Eurodéputé PS du Limousin, Jean-Paul Denanot a de son côté annoncé avoir saisi la Commission européenne sur cette "pratique légale mais difficilement recevable au plan de l'éthique et du bien-être animal".

Selon L214, 170 000 vaches gestantes sont abattues chaque année en France.

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