Le grand "retour" du ballon dirigeable
Le
dirigeable électrique, le plus petit du monde, (500m3) en forme de soucoupe
volante qui nous a transporté de l'autre côté de la manche répond à un besoin
de notre société : se transporter plus propre et sans bruit. Conçu par
Pierre Chabert, ce petit laboratoire volant servira à concevoir des grands
frères pour de plus grandes traversées. Equipé de deux petits moteurs de
17kw avec des hélices orientables , il est maniable, mais fragile avec des
vents forts, car il ne dépasse pas 25 km/h.
Pierre
Chabert, PDG de l'entreprise Airstar qui est l'un des leaders mondiaux des
ballons éclairants et autres
structures gonflables est un passionné. Président de l'association Transocéan, il anime une équipe de bénévoles qui
s'active pour réaliser des machines de plus en plus élaborées.
Après avoir
été sur les traces de Blériot pour la Manche, ce sera sur les traces de Roland
Garros pour la Méditerranée, puis de Lindbergh pour l'Atlantique, avec comme
fil conducteur, des vols sans émissions et en silence.
Pierre
Chabert nous explique que lorsque qu'un ballon est deux fois plus gros, les
difficultés sont, elles, quatre fois plus importantes, car le gaz servant à la
sustentation exige des volumes considérables et la structure doit pouvoir
tenir. On se
souvient des énormes Zeppelin des années 30, ils ont marqué les esprits car ils
transportaient une centaine de personnes, avec cabines individuelles,
ponts promenades et restaurant panoramique, entre l'Europe et l'Amérique, sans
escale !
Il se
pourrait bien qu'ils reviennent plus rapidement que prévu , la Nasa et le
Pentagone ont voté dernièrement plus de 30 millions de dollars pour l'étude
d'un gros porteur capable d'emporter plus de 500 tonnes de charge utile, (trois
fois plus que l'Airbus A 380 !) sur plus de 20.000 kilomètres sans escale.
En
attendant, il est possible jusqu'à fin octobre de faire des vols touristiques à
bord d'un Zeppelin à Pontoise près de Paris . Eric Lopez, le président
d'Airship-Paris qui l'exploite est confiant dans la rentabilité de cette
aventure. Avec un objectif de 15.000 passagers par an, (s'il n'a pas de bâtons
administratifs dans les ailes) il devrait générer une centaine d'emplois.
Et le vol
est tout simplement magique, avec de grandes baies vitrées, on peut même ouvrir
les fenêtres en vol ! Vues imprenables sur le Vexin français et le château de
Versailles...
Zeppelin à
Paris © Gérard Feldzer
Le
dirigeable est de retour, c'est incontestable, car les technologies d'aujourd'hui
le permettent . Les matériaux sont beaucoup plus légers et résistants. Les
motorisations, même électriques offrent de bonnes puissances et sont d'une grande
fiabilité, les commandes de vols électriques sont performantes, et les surfaces
gigantesques permettent de récupérer de l'énergie solaire...une autre façon de
se transporter !
BONUS
Passionné
par les dirigeables, Pierre Chabert a connu Gérard FELDZER qui organisait en 2005
"la fête des transports et de la mobilité" au Grand Palais à Paris.
Ainsi plusieurs dirigeables électriques étaient présentés en vol, dont le sien
pour la plus grande joie du public.
Pierre
Chabert, au sein de Transocéans, travaille sur des projets de dirigeables
"propres" capables de traverser l'Atlantique, ce qui n'est pas sans
rappeler la tentative de Gérard FELDZER et Nicolas HULOT sur leur dirigeable...
à pédales ! Et dont l'aventure s'est interrompue après 2.500 km de
navigation par les airs pour des problèmes météo.
Le Zeppy ©
Gérard Feldzer
Beaucoup de
projets existent, EADS Innovation Works a présenté un projet au dernier salon
du Bourget, d'un très gros dirigeable, mais il semble que ce projet reste pour
l'instant dans les cartons, la priorité étant donné à l'avion électrique.
D'autres
acteurs, comme le réseau DIRISOFT, un groupe de chercheurs
animé par Hervé Kulhman, a réalisé et fait voler le seul dirigeable à pile à
combustible, au monde. Un projet assez innovant puisqu'il s'agit d'un
dirigeable "légèrement plus lourd que l'air" qui, comme l'aile d'un
avion, acquiert de la portance par la vitesse. Le décollage se faisant comme un
hélicoptère, avec des rotors basculants.
Dirisoft
©Dirisoft Hervé Kulhman
Avantage
énorme : il est trois fois plus petit que les dirigeables classiques pour
emmener la même charge et surtout beaucoup plus rapide.
On ne peut
citer toutes les initiatives, mais il serait souhaitable qu'un organisme
(commission dirigeable de l'Aéroclub de France, ou encore l'Académie de l'Air
et de l'Espace puisse coordonner et rassembler toutes ces belles initiatives pour que la
France au sein de l'Europe puisse reprendre le leadership de cette innovation
de rupture, tout ceci en complément du pôle de compétitivité PEGASE dédié,
entre autres, aux dirigeables. Que ce soit pour du travail aérien, du transport
de charges lourdes ou volumineuses (impossible pour un hélicoptère, et trop
limité dans la durée du vol stationnaire), des dirigeables d'observation à
haute altitude bien moins cher que les satellites, ou encore pour du vol touristique...
Il y a un réel marché !
Tout comme
les drones, parce que la France n'y a pas cru à temps, nous avons pris du
retard dans ce domaine et c'est bien dommage. Concernant les drones militaires,
reste la question éthique qu'il faut se poser, mais c'est une autre histoire.
Les dirigeables eux, sont pacifiques. Jusqu'à preuve du contraire...
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