Pourquoi l’automobile mondiale s’enfonce dans la crise
Les temps sont difficiles pour le secteur automobile mondial et les prochains mois ne devraient pas connaître d’amélioration. Les chiffres tombés cette semaine ne sont pas rassurants.
L’industrie automobile voit ses profits plonger, prise en étau entre la chute des ventes et la flambée des investissements dans les véhicules électriques, au point de menacer les groupes les plus faibles. Une baisse du marché mondial est attendue : 3% et moins 1% pour l'Europe.
La Chine est le pays qui pose le plus problèmes car le premier marché mondial devrait passer cette année sous les 25 millions de véhicules vendus, contre 27 l’an dernier, sans remontée prévue avant 2023. L’Europe, avec l’affaire du dieselgate, et les Etats-Unis, eux aussi en difficulté, ne pourront prendre le relai.
Les difficultés s’accumulent
Cette crise des ventes qui fait baisser les revenus arrive au moment où les constructeurs ont besoin d’investir massivement pour développer les véhicules électriques. Cela est nécessaire au respect de normes environnementales de plus en plus sévères.
Au cours des cinq prochaines années, le cabinet de consultants Alix Partners chiffre les investissements nécessaires à plus de 240 milliards d’euros, dont 80% pour l’électrification des voitures. D'ici à 2021, 300 nouveaux modèles sont attendus, sans aucune certitude sur leur potentiel de vente.
Les ventes baissent mais les besoins d’investissements explosent. Il y a donc un effet ciseaux. Sans compter le fait que la conversion à marche forcée vers les motorisations électriques réduit les besoins en pièces des véhicules, ce qui accélère les restructurations en cours. Depuis trois ans, 16 usines ont fermé dans le monde et 120 000 emplois ont été détruits.
L'exemple de Ford
Le constructeur américain Ford annonce 12 000 suppressions de postes en Europe avec la fermeture de six usines d’ici à fin 2020. Ford emploie en Europe quelque 51 000 salariés sur 24 sites, dont celui de Blanquefort en Gironde qui va fermer.
Ford a besoin d’économiser 11 milliards de dollars (soit près de 10 milliards d'euros) pour être "plus agile" face à la concurrence et à tous les enjeux évoqués au-dessus. Ce à quoi il convient de rajouter les incertitudes liées à la guerre commerciale menée par Donald Trump, et les conséquences du Brexit.
Rendez-vous donc fin juillet avec la publication des résultats annuels des grands constructeurs automobiles. Mais ça ne devrait pas être la fête.
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