Rugby à 7 aux JO de Paris 2024 : Antoine Dupont, des larmes de la Coupe du monde à l'or des Jeux, neuf mois d'une conquête inexorable

Sacré champion olympique avec l'équipe de France de rugby à 7, samedi, Antoine Dupont a mis un terme à une saison couronnée de succès sur la pelouse du Stade de France où, neuf mois plus tôt, il venait de vivre le pire échec de sa carrière.
Article rédigé par Julien Faure
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Antoine Dupont, médaille d'or autour du cou, après la finale du rugby à 7 aux Jeux olympiques de Paris 2024, au Stade de France, le 27 juillet 2024. (HERVIO JEAN-MARIE / AFP)

Il avait quitté la pelouse du Stade de France, le 15 octobre 2023, l'œil hagard, meurtri par une élimination en quarts de finale de la Coupe du monde de rugby en France. Malgré une course contre la montre gagnée pour revenir d’une fracture au visage, il avait enfoui ses larmes dans les bras de sa mère. A peine plus de neuf mois plus tard, samedi 27 juillet 2024, il a quitté cette même pelouse sourire aux lèvres, l'œil pétillant de celui qui vient de réaliser son rêve de gosse, une grosse médaille d'or autour du cou.

Avec sa nouvelle bande de copains, il a profité du moment. Un instant arrêté dans le temps, dans une communion invraisemblable avec un stade qu’il a si souvent visité.

Après le traumatisme de la Coupe du monde, il fallait retrouver la motivation. Il y a bien sûr eu le Top 14 et le Stade toulousain, mais “Toto” a trouvé un moyen de garder la flamme vivace : les Jeux olympiques de Paris 2024 en rugby à 7. Le pari est fou, mais les voix s’unissent : il peut le faire.

Soutenu par son président et son club, la décision est prise mi-novembre. Un plan est échelonné : il disputera deux tournois à l’hiver avec France 7, manquera le Six nations avec le XV de France, et fera un détour par la finale du Seven à Madrid, avant d’embrayer sur la préparation des JO. Le tout entrecoupé d'un retour avec l'équipe toulousaine en Top 14 comme en Champions Cup.

Le terrain comme panse plaies

En club jusqu'au 3 février, il joue 12 matchs et en gagne 10. Idéal pour se remettre la tête à l’endroit. Au milieu, vient janvier et son premier stage à 7 à Marcoussis. Les premiers pas sont médiatisés et très vite, l'engouement croît à mesure que les Jeux approchent.

L'habituel Tournoi des six nations en février laisse sa place aux épreuves de 7 à Vancouver et Los Angeles. Ses débuts sont timides mais convaincants. La suite, pleine de promesses. En Amérique du Nord, Antoine Dupont apporte quelque chose en plus à une équipe qui n’en demandait pas tant. Une médaille de bronze au Canada et une médaille d’or aux Etats-Unis, 19 ans après la dernière. L'ambition de conquérir l’or à Paris prend de l'épaisseur.

Le natif de Lannemezan revient ensuite du côté d’Ernest-Wallon et du Stadium de Toulouse. Au sein d’une équipe qui marche sur l’eau, il est désormais face à un nouveau défi : conquérir une sixième Champions Cup dans l'histoire du club, le 25 mai. Quelques jours après avoir porté la flamme olympique, il fait ce qu’il sait faire : rayonner. Champion d’Europe pour la deuxième fois de sa carrière et homme du match au terme d'une victoire arrachée en prolongation contre le Leinster (31-22), Antoine Dupont confirme qu’il a bel et bien repris sa marche en avant.

La victoire comme remède

Une semaine après, l’homme à tout faire du rugby français est à Madrid, en route vers un titre mondial inespéré en début d’année. Les Bleus mettent le monde à genoux en finale des World series du rugby à 7.

Après une saison à marcher sur la France, Toulouse et Dupont se hissent ensuite en finale face à Bordeaux, pour asséner une raclée mémorable à l'UBB au Vélodrome le 28 juin, où il inscrit deux essais et est nommé homme du match. Il peut alors se tourner vers son nouvel objectif : le sommet du mont Olympe. Qu'il gravit avec humilité et bonheur.

Capable d’assumer son nouveau statut sociétal, il prend même position et confesse les bienfaits du 7 sur sa santé mentaleSuperstar du sport français, au rang des Kylian Mbappé et des Victor Wembanyama, Antoine Dupont n’en finit plus de changer de dimension et il vient peut-être de mettre au monde, en neuf mois ça ne s’invente pas, son plus bel héritage.


Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.