Paralympiques 2024 : ambiance, billetterie, transports, sécurité... On a dressé le bilan des Jeux de Paris

Article rédigé par franceinfo
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Alexis Hanquinquant, qui a conservé son titre paralympique au triathlon, célèbre sa médaille d'or avec le public du Club France, à la Porte de la Villette, à Paris, le 2 septembre 2024. (KELLERMAN YONATHAN / KMSP / AFP)
Après le succès des JO au cœur de l'été, le "match retour" promis par Tony Estanguet a bien eu lieu. Notamment en tribunes, où le public a répondu présent.

Comme un "after" qui se poursuit jusqu'au petit matin. La ferveur exceptionnelle que la France a connue lors des Jeux olympiques s'est bel et bien prolongée avec les Jeux paralympiques. Bien aidés par la belle moisson de 75 médailles de la délégation française (19 en or, 28 en argent et 28 en bronze), les organisateurs peuvent se réjouir d'un quasi-sans-faute.

Une ambiance au rendez-vous, des billets qui se sont arrachés jusqu'à la dernière minute, un dispositif de sécurité qui a tenu... Alors que le rideau est définitivement tombé, dimanche 8 septembre, sur Paris 2024, franceinfo dresse le bilan de cet événement qui avait été annoncé comme "historique", "atypique" et "hors norme" par ses organisateurs.

Des cérémonies d'ouverture et de clôture saluées

Pas de parade le long de la Seine, mais un coup d'envoi donné une fois au cœur de Paris, et non dans un stade comme c'est souvent le cas. Au total, 140 danseurs, dont 16 ayant un handicap, ont animé pendant plus de trois heures la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques sur la place de la Concorde, mercredi 28 août.

Baptisée "Paradoxe", elle avait été pensée pour sortir "des clichés héroïsants concernant les personnes en situation de handicap, parce que ce n'est pas être un héros que de relever des défis du quotidien [...] liés aux barrières sociétales et urbaines", avait expliqué en amont le directeur artistique Thomas Jolly. 

Le chanteur lillois Lucky Love, qui souffre d'agénésie, une malformation rare in utero qui l'a fait naître sans bras gauche, a bouleversé la célèbre place parisienne et les téléspectateurs en interpétant My Ability. 

C'est la même émotion qui a envahi le Stade de France, onze jours plus tard, dimanche, à l'occasion de la cérémonie de clôture. Un show de 2h30 heures qui a ébloui les 60 000 spectateurs présents au Stade de France. Emotion, notamment, lorsque Aurélie Aubert, médaillée d'or en boccia, a éteint la flamme en soufflant dessus. Le point final d'un "été historique" qui "restera gravé en nous", a salué Tony Estanguet dans son discours.

Une ambiance festive et bon enfant

Rien de grave si vous avez Johnny Hallyday, Joe Dassin, Edith Piaf ou Charles Aznavour en tête. C'est même normal. Comme lors des JO, les DJ recrutés pour animer les Jeux paralympiques ont eux aussi "pioché" dans une playlist très francophone pour mettre l'ambiance. Parmi les hits, Que je t'aime, encore, et Les Champs-Elysées, toujours.

Sur les fameuses "grosses têtes" en PVC, brandies par les supporters en tribunes, pas de Léon Marchand, Teddy Riner ou Félix Lebrun cette fois, mais Alex Portal, Frédéric Villeroux ou Timothée Adolphe. Parmi les moments forts vécus en tribunes, on retiendra la ola silencieuse lancée par un Stade Tour Eiffel plein comme un œuf, à l'occasion du match de cécifoot entre la France et le Brésil.

Que ce soit au Stade de France pour l'athlétisme, à Paris La Défense Arena pour la natation ou encore au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines pour le cyclisme sur piste, partout, le soutien du public français a été inconditionnel. Si fort qu'il a surpris les athlètes tricolores eux-mêmes. " Avant les Jeux, j'ai imaginé une ambiance de dingue, mais [ce qu'il se passe] est dix fois plus fort que ce que j'ai imaginé, a témoigné Antoine Praud, médaillé de bronze sur le 1 500 m . Le public m'a porté tout du long. Dès mon entrée sur la piste, le stade était en fusion. Dans la dernière ligne droite, j'avais les oreilles qui bourdonnaient tellement le public donnait de la voix."  "Avec un public comme ça, on ne peut pas lâcher", a appuyé la paracycliste Marie Patouillet, multi-médaillée au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Des tribunes remplies jusqu'à la dernière minute

Les têtes pensantes des Jeux de Paris 2024 l'ont toujours assuré : le succès des Jeux olympiques allait entraîner dans son sillage celui des Paralympiques. Elles avaient vu juste. Les images diffusées fin juillet, début août à la télévision et sur les réseaux sociaux ont fait des envieux, et convaincu certains sceptiques de participer à l'aventure. "Avant les JO, on avait un peu peur, en tant que Parisiens, qu'il y ait trop de monde ou que ce soit mal organisé. Mais on a vite vu que l'ambiance était très agréable", raconte Nam, qui a pris des billets avec des collègues pour le parataekwondo, après avoir constaté que tout se passait bien pendant la quinzaine olympique.

Malgré la rentrée scolaire intercalée entre les deux semaines de compétition, l'engouement a été au rendez-vous. "On a dépassé les 2,5 millions de billets vendus", s'est félicité Tony Estanguet, dimanche, lors d'une conférence de presse. En 2012, Londres avait fait légèrement mieux avec 2,7 millions de billets vendus lors des Jeux paralympiques.

Pour beaucoup, les Jeux paralympiques ont permis de rattraper les occasions manquées lors des JO. "On n'était pas là au moment des Jeux olympiques. On se fait une séance de rattrapage et le plaisir n'est pas moindre", s'enthousiasme Sandra. "On a décidé de venir après avoir vu les JO à la télé. On a regretté de ne pas participer en live, donc on a pris plein de billets pour les paralympiques : basket fauteuil, volley assis, athlétisme", relataient Manuella et Laurent, à la sortie du Grand Palais. 

Lors de sa finale, Antoine Praud a couru devant 70 000 spectateurs en session du matin, un record d'affluence pour une épreuve de para-athlétisme en France. "Je n'ai jamais couru dans un stade pareil, aussi rempli, avec autant de Français qui sont là pour m'encourager alors qu'ils ne me connaissent pas", a savouré l'athlète.

Des audiences record

A la télévision aussi, les audiences se sont affolées. Quelque 45 millions de Français ont regardé les Jeux paralympiques, a salué Tony Estanguet, dimanche. "On tire un premier bilan très positif, tout à fait dans nos attentes, même peut-être au-delà, se félicitait, le 2 septembre, Tiphaine de Raguenel, directrice de la stratégie éditoriale de France Télévisions, qui a diffusé pour la première fois l'intégralité des compétitions. On a à peu près 20 millions de téléspectateurs en moyenne chaque jour sur France 2 et France 3. En moyenne, ils ont regardé presque 2h30 les Jeux paralympiques depuis le début de la compétition."

Selon Tiphaine de Raguenel, les Paralympiques ont bénéficié de l'effet d'entraînement des JO, qui ont valu de très fortes audiences à France Télévisions. "Les gens sont très contents de retrouver la ferveur qu'il y avait pendant les JO".  Le pic d'audience a été atteint samedi soir : 5,3 millions de téléspectateurs ont regardé la victoire des Bleus du cécifoot en finale face à l'Argentine, selon France Télévisions. 

Un trafic fluide dans les transports en commun...

Avec la rentrée des classes, le retour de vacances et les Jeux paralympiques, certains s'attendaient à vivre l'enfer dans les transports en commun. Finalement, aucun problème majeur n'a été signalé. "Au début des Paralympiques, le 28 août, on était revenu à un rythme élevé, avec une augmentation de 15% de l'offre de mobilité, rappelle à franceinfo Ile-de-France Mobilités. Depuis lundi 2 septembre, on es t revenu au niveau normal de fréquentation avec 9 millions de validations quotidiennes, soit 5 millions de voyageurs. Cela mêle à la fois les Parisiens et les spectateurs qui se rendent sur les épreuves."

... mais un retard flagrant en termes d'accessibilité

Reste néanmoins un point noir dans les transports mis en place pendant les Jeux : tous les équipements n'ont pas relevé le défi de l'accessibilité aux personnes handicapées, malgré les investissements des dernières années. "On aura une attention particulière pour les personnes en situation de handicap" lors des Jeux paralympiques, avait promis Valérie Pécresse, présidente de la région et d'Ile-de-France Mobilités, lors d'un point-presse organisé deux jours avant la cérémonie d'ouverture de ces Jeux.

Loin des promesses d'accessibilité, Franck Maille, ancien médaillé paralympique et membre d'APF France Handicap, a par exemple mis 2h30 depuis Nanterre (Hauts-de-Seine) pour rejoindre sa place dans les tribunes de la cérémonie d'ouverture. Le parcours du combattant qu'il a vécu, comme des milliers d'autres personnes à mobilité réduite, malvoyantes ou malentendantes venues à Paris pour les épreuves, montre qu'il reste encore du chemin à parcourir. 

Une sécurité assurée

Pour ce second acte des Jeux, les autorités françaises avaient réajusté le dispositif, avec 25 000 policiers et gendarmes, 10 000 agents de sécurité privée et 8 000 militaires de l'opération Sentinelle. C'était près de deux fois moins que lors des Jeux olympiques. Finalement, aucun incident majeur n'est à déplorer. Ni pendant la cérémonie d'ouverture, qui restait le défi majeur, ni après.

"Il y avait une petite crainte au début car on était moins nombreux que pendant les JO, mais les risques potentiels en matière terroriste étaient toujours présents. Mais globalement, ça s'est encore très bien passé pendant les Jeux paralympiques, assure Thierry Clair, secrétaire général de l'Unsa police, à franceinfo. Il y a eu quelques vols à l'arraché, quelques vols dans des hôtels, mais rien de plus. Notre mission, c'était p révention, répression et dissuasion ; et ça a fonctionné, il faut le dire." 

Comme pour les athlètes, c'est aussi l'heure du départ pour les policiers venus à Paris le temps des Jeux. " Les collègues rentrent lundi chez eux, ils vont reprendre leurs services habituels", explique le syndicaliste.

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