Open d'Australie 2023 : pourquoi la défaite de Rafael Nadal au deuxième tour à Melbourne est inquiétante
Est-ce un signal inquiétant ? Blessé à la hanche gauche en plein match, Rafael Nadal a été éliminé dès le deuxième tour de l'Open d'Australie, mercredi 18 janvier, par l'Américain Mackenzie McDonald en trois sets 6-4, 6-4, 7-5 et 2 h 32 de jeu. Rafael Nadal n'avait pas perdu lors des deux premiers tours d'un tournoi du Grand Chelem depuis l'Open d'Australie en 2016, face à son compatriote Fernando Verdasco (premier tour). Ce n'est que la huitième fois de sa carrière que cela lui arrive.
"En tant que tenant du titre, je ne voulais pas abandonner", a justifié l'Espagnol en conférence de presse d'après-match, mercredi. Celui qui déteste renoncer n'a même abandonné que cinq fois en Grand Chelem, la dernière à Wimbledon en 2022. Si le tenant du titre a refusé de se retirer à Melbourne malgré la douleur, les signaux envoyés par l'Espagnol ces derniers mois paraissent de plus en plus inquiétants. "J'espère éviter une nouvelle longue période à l'écart, sinon ça va être super difficile de retrouver le rythme, redevenir compétitif et me remettre à me battre pour mes objectifs", a-t-il conclu après cette nouvelle désillusion.
Parce que son corps semble à bout
"Je ne pouvais plus du tout frapper en revers, je ne pouvais plus courir. Mais je voulais finir le match, c'est tout", a expliqué avec franchise Rafael Nadal après son élimination à Melbourne. Depuis plusieurs mois, Rafael Nadal doit composer avec un corps affaibli. Contre MacKenzie McDonald, il a pensé "en permanence" à abandonner : "J'ai déjà eu des problèmes de hanche. J'ai déjà dû faire des traitements. Mais ça n'a jamais été aussi fort. Cette fois, je ne peux plus bouger."
Le Majorquin, au mental inégalable, a dû encaisser bon nombre de pépins physiques depuis dix-huit mois. Il y a un an, "Rafa" s'était imposé ici même à Melbourne, là où personne ne l'attendait. Défait en demi-finale de Roland-Garros en 2021, face à Novak Djokovic, le "Taureau de Manacor" n'avait disputé que deux matchs jusqu'à la fin de l'année. Une absence des courts expliquée par une douleur persistante au pied gauche, due au syndrome de Muller-Weiss (une maladie dégénérative qui déforme un des os de son pied). Qu'importe, une fois remis, l'Espagnol avait remporté le titre en Australie, s'offrant en prime un 21e titre du Grand Chelem, devenant ainsi le joueur le plus titré de l'histoire.
Mais l'Espagnol n'était pas pour autant débarrassé de son problème. Après son titre à Melbourne, et fort de ses vingt victoires consécutives pour lancer sa saison, Rafael Nadal, affaibli en finale d'Indian Wells, a dû s'absenter des courts plusieurs semaines à cause d'une fissure aux côtes. Il a fait son retour à Madrid, plus de six semaines plus tard. A Roland-Garros, le tenant du titre a de nouveau souffert de son pied mais s'est refusé, là encore, à abandonner. Il a franchi même un cap en révélant avoir joué avec un pied gauche insensibilisé pour ne pas souffrir de la douleur qui le handicapait de plus en plus. Un pari risqué mais payant puisque l'Espagnol a remporté un 14e titre porte d'Auteuil et un 22e en Grand Chelem.
Mais deux jours après sa victoire, il est aperçu en béquilles à l'aéroport de Barcelone. Un voyage éclair afin d'essayer un nouveau traitement dans le but d'atténuer les douleurs à son pied. Malgré ces récents problèmes, Rafael Nadal a participé au tournoi de Wimbledon jusqu'à atteindre les demi-finales. Mais l'Espagnol a alors été victime d'une déchirure abdominale, et a dû déclarer forfait, ce qu'il "déteste". A l'US Open, il s'est incliné en huitièmes de finale face à l'Américain Frances Tiafoe. Pas de problèmes physiques annoncés officiellement mais "des choses à régler dans [sa] vie", afin "d'être mentalement prêt. J'ai besoin de rentrer chez moi, ces derniers mois ont été difficiles", avait-il confié après sa défaite.
Parce que son âge n'arrange rien
A 36 ans, Rafael Nadal fait partie des joueurs les plus âgés du circuit. C'est bien simple, dans le Top 100, seul John Isner (43e mondial) est plus âgé que lui. L'Espagnol est né la même année que les deux Français Richard Gasquet (42e) et Gaël Monfils (85e). Mais il est aussi celui qui a les meilleurs résultats. Néanmoins, ses blessures, et les traces qu'elles laissent sur son corps, ne vont pas s'arranger avec le temps. "C'est un jour difficile, une blessure de plus, un moment dur de plus, a confié "Rafa", après sa défaite à Melbourne, mercredi. Je ne vais pas mentir et dire que je ne suis pas détruit mentalement maintenant. C'est dur pour moi. J'espère que ce n'est pas trop sérieux et que ça ne m'éloignera pas trop longtemps des courts."
Rafael Nadal est d'ailleurs resté très lucide sur sa condition physique : "C'est très simple : j'aime ce que je fais. J'aime jouer au tennis et je sais que ça ne durera pas éternellement. J'aime me sentir compétitif. J'aime me battre comme je l'ai fait plus de la moitié de ma vie. Quand tu aimes ce que tu fais, ce ne sont pas des sacrifices." Mais il ne peut éluder ses doutes et sa lassitude. "Il est évident que c'est fatigant et frustrant d'avoir passé autant de temps dans ma carrière en récupération, à essayer de revenir. Je l'ai assez bien accepté et je l'ai plutôt bien supporté. Mais ces sept derniers mois ont encore été une période compliquée."
Parce que la concurrence est chaque jour plus rude
En parallèle de ses difficultés physiques, Rafael Nadal doit composer avec la jeune génération, avide de remporter des titres du Grand Chelem et de prendre des places au classement ATP. Parmi les dix premiers mondiaux, on peut citer Carlos Alcaraz (19 ans) le numéro 1 mondial forfait à Melbourne, Casper Ruud (24 ans), Stefanos Tsitsipas (24 ans), Andrey Rublev (25 ans), Felix Auger-Aliassime (22 ans), Daniil Medvedev (26 ans), Taylor Fritz (25 ans) et Holger Rune (19 ans). Et ce ne sont pas les seuls.
Chacune de ses absences offre une chance supplémentaire à ses concurrents de remporter une finale de Grand Chelem (et à Novak Djokovic de l'égaler voire de le dépasser au nombre de Majeurs gagnés). Sur l'année 2022, ils sont sept de la nouvelle génération à l'avoir battu : Taylor Fritz en finale d'Indian Wells, Carlos Alcaraz en quart à Madrid, Denis Shapovalov en huitième à Rome, Borna Coric au premier tour de Cincinnati, Frances Tiafoe en huitième à l'US Open, Tommy Paul lors du premier tour de Bercy et Félix Auger-Aliassime puis de nouveau Taylor Fritz au Masters. Le passage de témoin est ainsi peut-être déjà en marche.
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