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JO 2021 : sept choses à savoir sur Simone Biles, la star de la gymnastique parvenue à décrocher une médaille après avoir dompté ses démons

Après s'être mise en retrait pour préserver sa santé mentale et physique, la Texane a décroché une médaille de bronze lors de l'ultime finale féminine des Jeux olympiques.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
La gymnaste américaine Simone Biles prend part aux épreuves de qualification lors des Jeux olympiques de Tokyo, au Japon, le 25 juillet 2021. (KUNIHIKO MIURA / YOMIURI / AFP)

"Plus vite, plus haut, plus fort." La devise des Jeux olympiques pourrait tout aussi bien être celle de Simone Biles. La gymnaste américaine, sportive la plus titrée de l'histoire de sa discipline, était la star annoncée des JO de Tokyo. Mais c'est surtout son absence qui a marqué la première semaine de la compétition. Après s'être retirée de la finale du concours général par équipes, la quadruple championne olympique de Rio (en 2016) a déclaré forfait pour quatre finales individuelles, handicapée par un blocage psychologique qui perturbait son équilibre lors des sauts. Sa résilience a une nouvelle fois payé : elle a finalement réussi à empocher le bronze lors de la finale de la poutre, mardi 3 août. Franceinfo vous liste sept choses à savoir sur cette athlète hors normes.

1Elle dit avoir été "sauvée" par ses grands-parents

Simone Biles est née en 1997 dans l'Ohio, d'une mère "toxicomane et alcoolique", qui "faisait des allers-retours en prison", avait-elle raconté en 2017 dans la version américaine de l'émission "Danse avec les stars"* (dans laquelle elle concourrait). "Je n'ai jamais pu compter sur ma mère biologique", avait-elle confié.

"Je me souviens que j'avais toujours faim, toujours peur. A 3 ans, j'ai été placée en foyer d'accueil."

Simone Biles

dans l'émission "Danse avec les stars"

Simone Biles et l'une de ses sœurs ont néanmoins pu être adoptées par leur grand-père et sa compagne, que la gymnaste appelle désormais "papa" et "maman". "Mes parents m'ont sauvée, a confié celle qui a grandi au Texas. Ils m'ont donné l'exemple de comment traiter les autres et m'ont soutenue depuis le premier jour. Je ne pourrai jamais assez les en remercier."

2On la surnomme "la puce" à cause de sa petite taille

Elle a beau être considérée comme "la plus grande de tous les temps" ("the GOAT", en anglais), Simone Biles est en réalité un tout petit gabarit : elle mesure 1,42 mètre et était la plus petite athlète à prendre part aux Jeux de Rio, en 2016, rappelle le magazine Time*. Un petit format qui lui vaut d'être surnommée "la puce" mais ne l'empêche pas de s'envoler à près de deux fois sa hauteur lorsqu'elle réalise l'une de ses figures les plus célèbres (un double salto arrière, demi-vrille, réception à l'aveugle), selon le New York Times*.

C'est justement grâce à sa petite taille que la Texane "défie la gravité", comme le note Quartz*. "Biles a l'avantage, comme la plupart des athlètes de petite taille, de pouvoir se constituer une masse musculaire importante tout en ayant un poids relativement faible, analyse le site américain. En clair, elle a la physionomie parfaite pour ce type de figures."

3Elle est la gymnaste la plus médaillée de l'Histoire

"La puce" a remporté son premier titre mondial en 2013, à l'âge de 16 ans. Depuis, elle n'a plus arrêté sa moisson de médailles. Elle en déjà remporté cinq aux Jeux olympiques : quatre en or et une en bronze à Rio, en 2016, et une en argent à Tokyo, en finale du concours général par équipes.

En 2019, elle est entrée dans la légende en remportant un cinquième titre mondial au concours général individuel des Championnats de Stuttgart. Au total, elle a décroché 25 médailles aux Mondiaux, dont 19 en or. Du jamais-vu dans sa discipline. 

4Elle a quatre figures à son nom

Si Simone Biles écrase régulièrement ses concurrentes en compétition, c'est notamment parce qu'elle est capable de réaliser des figures exceptionnelles. En 2019, elle est devenue la première femme à réussir un double salto arrière groupé avec une triple vrille, lors de sa performance au sol. Durant les mêmes championnats, elle a accompli une autre prouesse à la poutre : une sortie en double salto arrière groupé avec une double vrille.

Ces deux figures portent désormais son nom. A 24 ans, la gymnaste américaine peut en effet se targuer d'avoir quatre sauts éponymes dans le code de pointage de gymnastique, qui établit les règles de notation pour chaque agrès, détaille Time*. Pour recevoir cet honneur de la Fédération internationale, il faut réaliser une figure lors d'une compétition internationale majeure, comme les JO. Selon le magazine américain, Simone Biles espérait donner son nom à une cinquième, au saut de cheval cette fois, lors des Jeux de Tokyo. Elle a finalement dû déclarer forfait pour cette épreuve.

5Elle a été agressée sexuellement par le médecin de l'équipe américaine de gymnastique

La présence de Simone Biles aux Jeux olympiques de Tokyo n'est pas uniquement marquante parce qu'elle venait y défendre plusieurs titres. Elle est aussi la seule victime de Larry Nassar à concourir aux JO. En 2018, la championne olympique a révélé avoir été agressée sexuellement par cet ancien médecin de l'équipe américaine de gymnastique. "La plupart d'entre vous me connaissent comme une jeune femme heureuse, souriante et pleine de vitalité, avait-elle écrit sur son compte Twitter. Mais récemment, je me suis sentie un peu brisée et plus j'essayais de faire taire la voix dans ma tête, plus elle résonnait. Je n'ai plus peur désormais de raconter mon histoire."

Larry Nassar a été condamné à 175 années de prison pour avoir agressé sexuellement plus de 260 gymnastes, ainsi qu'à 60 ans de prison pour pédopornographie. "Je devais revenir [aux Jeux] (...) car j'avais le sentiment que s'il n'y avait pas une survivante en activité dans la discipline, on oublierait cette affaire", avait expliqué Simone Biles quelques mois avant la compétition*. "Mais comme je suis encore là, et que j'ai une présence importante sur les réseaux sociaux, [on ne peut pas]", avait ajouté celle qui a critiqué à plusieurs reprises la Fédération américaine de gymnastique pour ne pas avoir ouvert d'enquête indépendante sur les agissements du médecin.

6Elle s'est mise en retrait de certaines épreuves à Tokyo pour préserver sa santé

Simone Biles a aussi marqué les esprits en évoquant sa santé mentale sans tabou, lors des Jeux olympiques de Tokyo. Après un passage raté au saut de cheval, mardi 27 juillet, l'athlète s'est mise en retrait du reste du concours général par équipes (ce qui ne l'a pas empêchée de remporter une médaille d'argent avec ses coéquipières). Expliquant qu'elle "luttait contre ses démons", elle a déclaré qu'elle devait avant tout "se concentrer sur sa santé mentale". "C'est OK parfois de prendre du recul sur de grosses compétitions pour vous concentrer sur vous-même, a-t-elle martelé. Cela montre quelle compétitrice et quelle personne forte vous êtes."

Lundi, Simone Biles avait déjà évoqué son état psychologique sur Instagram. "J'ai parfois vraiment le sentiment d'avoir tout le poids du monde sur mes épaules, avait confié l'Américaine. Je sais que (...) je donne l'impression que la pression ne m'affecte pas, mais qu'est-ce que c'est dur parfois !"

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Selon le New York Times*, ce "poids de la perfection" pesait depuis un moment déjà sur les épaules de Simone Biles. Interrogée sur le plus beau moment de sa carrière, la Texane a évoqué "la pause" prise après les JO de Rio. A l'approche de ceux de Tokyo, elle attendait avec impatience non pas qu'ils débutent, mais qu'ils se finissent, assure le quotidien américain.

7Elle a réussi à surmonter une "perte de figure" en quelques jours

Simone Biles devait en théorie participer à cinq finales individuelles des Jeux olympiques. Mais elle a expliqué souffrir également de "perte de figure" (un blocage psychologique qui entraîne une perte de repères lors des sauts) et s'est dite en difficulté "littéralement sur chaque agrès". Au fil des jours, elle a donc dû déclarer forfait pour les finales du concours général individuel, du saut, des barres et du sol. Ne restait plus que celle de la poutre, mardi, pour lui permettre d'empocher une médaille.

Il avait fallu environ quinze jours à l'Américaine pour se remettre lors de ses précédents épisodes de twisties (le nom anglophone de la "perte de figure"). Cette fois, elle a réussi à s'en débarasser en à peine une semaine. Mardi soir, elle a exécuté une performance propre, mais simplifiée, lors de la finale de poutre. "J'étais un peu nerveuse pour la sortie car nous avons dû la changer et je n'ai pas fait de double arrière carpé depuis que j'avais 12 ans, a-t-elle détaillé. Mais venir et concourir encore une fois et avoir le soutien de tout le monde est le plus important pour moi."

L’Américaine Simone Billes est de retour en compétition ! Elle a longuement été ovationnée avant son passage en finale de poutre d'équilibre. Elle obtient le score de 14.000.
Gymnastique : le retour en compétition de Simone Billes L’Américaine Simone Billes est de retour en compétition ! Elle a longuement été ovationnée avant son passage en finale de poutre d'équilibre. Elle obtient le score de 14.000.

C'était néanmoins suffisant pour repartir de Tokyo avec une deuxième médaille, en bronze cette fois"Je l'ai fait pour moi et je suis fière d'avoir été capable de concourir encore une fois, a confié Simone Biles après la finale. Nous sommes humains, nous ne sommes pas juste des attractions et il y a des choses qui se passent en coulisses dont les gens n'ont aucune idée."

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