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Euro 2021 : ce qu’on a aimé et ce que l’on a moins aimé lors de la phase de poules

Voici ce qu’on a aimé et moins aimé lors de cette phase de poules de l’Euro 2021.

Article rédigé par franceinfo: sport, Coralie Salle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8 min
Denzel Dumfries et Memphis Depay célèbrent un but des Pays-Bas contre l'Autriche, le 17 juin 2021.  (JOHN THYS / POOL / AFP)

Cette édition de l'Euro 2021 a déjà livré son lot de surprises. Entre les sensations danoises et tchèques et le tournoi poussif de l'Espagne, voici ce qu'on a aimé et moins aimé de la phase de poules.

Ce qu'on a aimé

La classe à l'italienne et la fièvre oranje

Ce sont des ouragans qui détruisent tout. Qui emportent tout. Dans leur groupe respectif, l'Italie et les Pays-Bas ont réalisé le carton plein avec trois victoires, en autant de rencontres. Mais c'est surtout la manière qui captive. Le jeu offensif prôné par l'Italie a martyrisé ses adversaires. Avec sept buts marqués et aucun encaissé, l'équipe de Roberto Mancini en est désormais à 30 matchs d'affilée sans défaite. Seul Vittorio Pozzo a établi la même performance, entre 1935 et 1939. Des succès aboutis et spectaculaires qui propulsent la Squadra Azzura au rang de favorite. Et le "conte de fée", décrit par la Gazzetta dello Sport, pourrait se transformer en rêve.

Manuel Locatelli et Lorenzo Insigne contre la Suisse, le 16 juin 2021.  (FABRIZIO CORRADETTI / LIVEMEDIA / AFP)

Si l'harmonie italienne est plébiscitée, les Pays-Bas ont également montré de belles choses dans cet Euro. De retour dans une grande compétition internationale pour la première fois depuis 2014 avec le très décrié Frank de Boer, les Oranje ont lancé un message à l'Europe entière dans cette phase de poules. Portés par un jeu attractif, les Bataves ont la meilleure attaque de la compétition avec huit buts, grâce à des Memphis Depay et Georginio Wijnaldum de gala.

Le duo diabolique affole les compteurs et scrute les plus belles places du classement des meilleurs buteurs et des meilleurs passeurs. Ce tandem est accompagné par l'omniprésent Frenkie de Jong. Comme à son habitude, le génial milieu de terrain du FC Barcelone dicte le jeu de son équipe avec brio. Et peut guider sa sélection loin dans cet Euro.

Le Danemark sensationnel, une République tchèque très Schick

"Peut-être que le Danemark est en passe de réitérer son aventure de 1992, lorsqu'il a remporté l'Euro contre vents et marées", s'est enthousiasmé le quotidien britannique The Times, après la qualification des Danois. Il faut dire que les Rouges et Blancs ont conquis le cœur du public dans cette compétition. Dès leur premier match contre la Finlande, les coéquipiers de Simon Kjaer ont connu l'effroi, avec le malaise cardiaque de leur coéquipier Christian Eriksen.

Mais grâce à son jeu attractif et à sa solidarité, l'équipe menée par Kasper Hjulmand s'est qualifiée pour les huitièmes de finale, au terme d'un match fou contre la Russie (4-1). Face au pays de Galles samedi 26 juin, les Danois vont vouloir accéder aux quarts pour la première fois depuis 2004. Pour Christian.

Le public danois a rendu hommage à Christian Eriksen lors de la recontre Danemark-Belgique le 17 juin 2021. (WOLFGANG RATTAY / POOL / AFP)

L'autre sensation des phases de groupes est la République tchèque. Ou plutôt son artilleur, Patrik Schick. Inarrêtable, l'attaquant du Bayer Leverkusen a marqué tous les buts de sa sélection (3) dans cette phase de poules. Et trône en deuxième position du classement des meilleurs buteurs derrière Cristiano Ronaldo (5). Surtout, l'ancien joueur de l'AS Rome s'est offert l'un des plus beaux buts du tournoi. Lors du premier match de poules, il a décroché une frappe exceptionnelle de 45,5 mètres, lobant ainsi le gardien écossais, David Marshall. 

Le retour du public dans les stades

La place des supporters dans le football est souvent débattue. Examinée. Et depuis le début de la pandémie de Covid-19, on s'est rendu compte qu'ils étaient capitaux. C'est donc tout naturellement que les amoureux du football ont fait leur retour dans les travées de Wembley ou de la Cartuja, pour encourager les 22 acteurs. Pour notre plus grand plaisir.

Plus de 60 000 supporters hongrois ont donné de la voix contre l'équipe de France à l'Euro 2021, samedi 19 juin. (FRANCK FIFE / POOL / AFP)

Évidemment, les supporters ont galvanisé les joueurs. Dans une Ferenc-Puskas Arena bouillante et bruyante mais avec peut-être aussi des comportements dépassant les limites, la Hongrie, a tenu en échec les champions du monde français. De leur côté, les Danois a rendu un magnifique hommage à Christian Eriksen. "On est avec toi Christian" a scandé le public de Copenhague. Un retour à la normale dans les tribunes qui fait du bien. Et qui nous fait espérer pour la saison prochaine.

Les pistons à l'honneur

Ce devait être l'Euro des attaquants. Et en fin de compte, c'est celui des pistons (un arrière latéral plus offensif). En effet, le système à trois défenseurs est plébiscité par plus de la moitié des équipes de la compétition (14 sur 24) et par des gros morceaux, tels que les Pays-Bas, l'Allemagne ou encore l'Italie. Cette mise en place permet aux pistons de briller et d'apporter un surplus offensif conséquent. Mais ils ne font pas tous la même chose. Par exemple, le Néerlandais Denzel Dumfries n'hésite pas à se muer en buteur, en finissant les actions dans la surface de réparation, comme un numéro 9.

Du côté du Danemark, de l'Italie ou de l'Allemagne, Joakim Maelhe, Leonardo Spinazzola ou Robin Gosens ont un rôle différent : ils mettent à profit leur capacité à éliminer l'adversaire, en multipliant les courses dans leur couloir. Grâce à ce système, leur équipe se crée plus d'occasions. Depuis le début de la compétition, 35% des buts marqués ont impliqué directement un piston selon L'Équipe. Forte de son succès, cette tactique risque d'être de plus en plus prisée par les clubs dans les années à venir. 

Ce qu'on a moins aimé 

Le Portugal, plus très souverain

Après sa victoire contre la Hongrie, le Portugal avait lancé un message aux membres du "groupe de la mort". Et finalement, après une grosse défaite contre l'Allemagne et un nul arraché face à l'équipe de France, les hommes de Fernando Santos ont terminé troisièmes de leur poule, derrière les deux autres cadors.

La joie de Karim Benzema, double buteur contre le Portugal de Cristiano Ronaldo, lui aussi auteur d'un doublé lors de ce France-Portugal, le 23 juin 2021 à l'Euro. (FRANCK FIFE / POOL / AFP)

Une place qui peut résonner comme une déception pour la Seleçao, tant les attentes étaient grandes. En effet, la nouvelle génération lusitanienne, emmenée par les Bruno Fernandes, Ruben Dias ou encore João Félix était très attendue. Mais dans cet Euro, le Portugal n'a pas été porté par ses pépites mais plutôt par son infatigable artilleur, Cristiano Ronaldo, déjà auteur de cinq buts. Pour aller loin dans cette compétition, les Portugais devront proposer autre chose face à la Belgique en huitièmes de finale. 

L'Espagne proche de l'alerte rouge

Si en 2016, la sélection espagnole chantait le titre "la Roja Baila" (L'Espagne danse), en 2021, l'heure n'est plus à la fête. En cause des résultats décevants lors de cet Euro, avec deux nuls contre la Suède et la Pologne et un jeu stérile. Une tare qui dure depuis la fin de l'ère Vicente Del Bosque, puisque la Roja a du mal à se défaire de ce jeu de possession aseptisé et ne fait plus peur à personne.

Alvaro Morata, attaquant de l'Espagne, contre la Suède le 14 juin 2021. (THANASSIS STAVRAKIS / POOL / AFP)

En effet face à des blocs bas, le double champion d'Europe en 2008 et 2012 devient une vraie caricature. Avec 68,7% de possession, elle est l'équipe qui tient le plus le ballon dans cet Euro, loin devant l'Allemagne (61,7%) et le duo Italie-Belgique (57,7%). Mais devant les cages, elle est improductive : avant le carton contre la Slovaquie (5-0), l'Espagne avait seulement marqué un but dans le tournoi. Mercredi, face aux coéquipiers de Milan Skriniar, la Roja s'est rassurée pour la suite de son Euro.

La Turquie désenchantée

Désignée comme la future surprise de l'Euro 2021 par notre rédaction, la Turquie a finalement déçu. Pourtant brillante en phase éliminatoire avec une seule défaite au compteur, la "lune aux étoiles" nourrissait de grands espoirs avec des noms aussi prestigieux qu'alléchants sur le papier : les récents champions de France Burak Yilmaz, Zeki Çelik et Yusuf Yazici, le joueur de Leicester Çaglar Söyüncü et le Turinois Merih Demiral étaient tous appelés. 

Burak Yilmaz contre la Suisse, le 20 juin 2021. (ALI BALIKCI / ANADOLU AGENCY)

En fin de compte, la Turquie a terminé dernière du groupe A, composé de l'Italie, du pays de Galles et de la Suisse, avec zéro victoire, un but marqué et huit encaissés. Désorganisés et peu précis, les Turcs sortent du tournoi sans les honneurs, avec la Coupe du monde 2022 en ligne de mire.

L'organisation de l'Euro alambiquée

Cet Euro dans onze villes a montré une certaine inégalité dans les groupes. Prenons par exemple le groupe de l'équipe de France : quand l'Allemagne joue ses trois matchs à domicile, le Portugal n'a pas cessé de se déplacer. En effet, les coéquipiers de Cristiano Ronaldo ont joué leur premier match à Budapest, ont enchaîné leur deuxième à Munich et ont achevé leur long périple de nouveau à Budapest.

Une traversée de l'Europe qui peut poser des questions sur la condition physique des joueurs de la Seleção en comparaison avec ceux de la Mannschaft.
Et cette situation n'est pas un cas isolé. En effet, dans le groupe E, l'Espagne a joué ses trois matchs à domicile tandis que la Pologne a évolué une fois à la Cartuja et deux à Saint-Pétersbourg. "Ce format est injuste. Vous avez des équipes qui jouent les trois matchs (de poule) dans leur propre pays et d'autres qui doivent faire des allers-retours", a déploré le Belge Thomas Vermaelen en conférence de presse. Des différences entre sélections qui pourraient peser sur cette deuxième partie de l'Euro.

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