Euro 2021 : quand le retour de la clameur du public chamboule les nouvelles habitudes des Bleus
Habitués à jouer à huis clos ou en jauges réduites, les joueurs de l’équipe de France ont admis avoir eu du mal à trouver leurs repères samedi contre la Hongrie dans une Ferenc-Puskas Arena pleine à craquer.
Après le nul concédé contre la Hongrie samedi 19 juin (1-1), les Bleus ont identifié plusieurs raisons qui les ont menés à ne prendre qu'un point contre l'adversaire le plus faible sur le papier du groupe F. Manque de réalisme, chaleur étouffante, adversaire surmotivé ont été les éléments répétés par les joueurs. Mais dans une déclaration au micro de TF1, Antoine Griezmann a évoqué un aspect du match moins attendu.
"On ne s'entendait pas"
"Le terrain était sec, il a fait chaud et lourd, mais ça, on le savait avant le début du match. C'était aussi un match difficile avec le public. On avait perdu l'habitude d'un stade plein. On ne s'entendait pas", a expliqué l'auteur du but égalisateur qui a évité une défaite embarrassante à l'équipe de France. Mais là où le Daily Mail voit une excuse bidon, ces déclarations traduisent une difficile réadaptation à l'intensité des matchs de très haut niveau.
Pendant près d'un an et trois mois, les joueurs de football européens n'ont joué que dans des stades vides ou très légèrement remplis à cause d'une faible jauge de spectateurs autorisés. Dans certaines enceintes, surtout celles qui ont préféré ne pas diffuser des encouragements pré-enregistrés, deux sons ponctuaient majoritairement les matchs : le bruit du contact du pied dans le ballon mais aussi les paroles et consignes incessantes des acteurs sur le pré.
"Je sais pas ce qu'il a manqué... Je suis cuit ! Il faisait super chaud, c'était la première fois dans un stade plein. On ne s'entend pas, le terrain est sec, la fatigue... Ca me rappelle un peu le mondial, où on a souffert pendant les poules"
— TF1 (@TF1) June 19, 2021
Griezmann au micro de @FredCalenge pic.twitter.com/rdUDgzSlRb
En conférence de presse lundi, Lucas Digne a avoué sa surprise face à la clameur assourdissante de la Ferenc-Puskas Arena, liguée à 65 000 contre l'équipe de France. "Après le match, j'avais mal à la gorge à force de crier", a répondu, rieur, celui qui a tout de même largement apprécié le retour du football de stade.
Un simple retour à la normale
Pour notre consultant Éric Roy, le bruit des gradins peut expliquer en partie la difficulté des Bleus à rivaliser dans l'intensité imposée par les Hongrois. Mais ne pas réussir à se faire entendre de ses coéquipiers est plus la conséquence que l'origine d'un manque d'automatismes entre les joueurs.
"Quand on se connaît, un regard suffit. Les Français ont mal géré le fait qu'il y ait un public survolté pour son équipe. C'est vrai qu'avoir été habitués à des matchs sans public, ça n'a pas aidé à mettre de l'intensité. C'est sûr qu'un changement d'environnement demande un temps d'adaptation. Les Hongrois avaient peut-être un peu plus d'expérience avec l'accueil du Portugal juste avant. Mais ça n'est pas suffisant", analyse l'ancien entraîneur de Nice, qui a connu l'ambiance étrange des matchs à huis clos en tant que joueur.
D'après Roy, ce qui s'est passé contre la Hongrie illustre surtout le retour de l'avantage de jouer à domicile, qui était devenu bien moins important ces derniers mois. Par exemple, lors de la dernière saison de Ligue 1, seulement 38% des rencontres ont été remportées par l'équipe à domicile, alors que le ratio était de 45% sur les dix saisons précédentes.
Avec le retour (partiel) des supporters, l'Euro 2021 a signé un retour proche de la moyenne. Au soir du lundi 21 juin, le tournoi affiche 50% de victoires pour l'équipe qui reçoit dans son stade (10/20). Attention, l'échantillon est très petit et les jauges sont différentes en fonction des stades. Mais ce qu'ont pu expérimenter la France et le Portugal contre la Hongrie, dans un stade plein et hostile, n'est en fait que le choc d'un retour à la normale. Pas sûr que cela dérange qui que ce soit.
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