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Rugby : Bernard Laporte, un mandat contrasté entre affaires extrasportives et succès sur le terrain

Le président de la Fédération française de rugby a annoncé sa démission, vendredi.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Bernard Laporte après sa réélection à la présidence de la Fédération française de rugby, à Marcoussis, le 3 octobre 2020. (FRANCK FIFE / AFP)

Le mandat Laporte est terminé. Condamné à deux ans de prison avec sursis, mis en retrait de la tête de la FFR, désavoué par les clubs amateurs, Bernard Laporte a finalement rendu les armes, vendredi 27 janvier. Lors d'un comité directeur convoqué en urgence à Marcoussis, il a annoncé sa démission de son poste de président de la Fédération française de rugby.

Elu en décembre 2016 pour succéder à Pierre Camou, puis à nouveau plébiscité lors de sa réélection en octobre 2020, Bernard Laporte aura passé six ans aux commandes de la FFR. Six ans marqués par de nombreuses affaires et polémiques extrasportives, mais aussi de grandes réussites sur les pelouses et pour le rayonnement du rugby français.

Novès, Altrad, Atcher, les polémiques s'accumulent

Dès son intronisation, Bernard Laporte se retrouve au cœur de polémiques. Un an à peine après son arrivée en poste, la FFR renvoie pour la première fois un sélectionneur du XV de France. Guy Novès, sur le banc des Bleus depuis début 2016, paye une mauvaise série de résultats (six défaites et un match nul de rang), dans un divorce explosif, et la nomination de Jacques Brunel, ancien adjoint de Laporte lorsqu'il était sélectionneur. "Je ne parlerai pas au passé puisque je le vis toujours très mal", expliquait ainsi Guy Novès dans les colonnes du JDD quelques jours après l'annonce. Le Toulousain conteste la procédure de licenciement pour faute grave. Deux ans plus tard, en avril 2019, le conseil des prud'hommes de Toulouse lui donne raison, et la FFR est condamnée à lui verser un million d'euros, pour "rupture anticipée abusive du contrat de travail sans faute grave"

Comme un symbole, la justice va accompagner le mandat de Bernard Laporte presque tout du long. Le ministère des Sports va lancer une enquête interne en février 2017, ouvrant l'affaire Altrad, qui va mener à une condamnation pour corruption passive, trafic d'influence, prise illégale d'intérêts, recel d'abus de biens sociaux et abus de biens sociaux. Une autre affaire va ternir son image, lorsque Claude Atcher, l'un de ses proches, est démis de ses fonctions en octobre 2022. En cause, le climat délétère entourant l'organisation de la Coupe du monde 2023. Cette succession de déboires entraîne la mise en retrait de Bernard Laporte, sous la pression des instances, fin décembre, puis sa démission, après que son successeur désigné, Patrick Buisson, n'a pas réussi à rassembler le soutien du rugby amateur.

Bernard Laporte et Mohed Altrad, le 6 février 2022 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).  (FRANCK FIFE / AFP)

Des équipes de France revigorées

Très agitée en coulisses, la présidence de Bernard Laporte est pourtant une belle réussite sur le plan sportif. Sous sa houlette, le XV de France monte en puissance vers un retour au premier plan du rugby mondial. Une progression illustrée par un retour des bons résultats sur la scène du Tournoi des six nations, et même une première place (éphémère) au classement mondial des équipes. Jamais classés plus bas que quatrièmes depuis 2017, les Bleus enchaînent deux deuxièmes places frustrantes en 2020 et 2021, avant de retrouver le goût de la victoire avec le Grand Chelem attendu depuis douze ans, en 2022. Invaincus cette année-là, ils n'ont plus perdu depuis 2021, et poursuivent une série record de 13 victoires consécutives.

Même pendant les moments plus difficiles, comme lors d'une année 2019 contrastée, soldée par une élimination décevante en quarts de finale de la Coupe du monde, Laporte sait réagir et insuffler un changement avec la nouvelle équipe, menée par Fabien Galthié, son ancien demi de mêlée en équipe de France lorsqu'il était sélectionneur.

L'organisation de la Coupe du monde 2023, un vrai succès

La progression touche toutes les équipes nationales. Le XV de France féminin, demi-finaliste des Coupes du monde 2017 et 2021, confirme sa place parmi les meilleures nations mondiales. En novembre 2018, les Bleues parviennent à battre pour la première fois de leur histoire les Black Ferns néo-zélandaises. Un exploit réédité trois ans plus tard, avec deux victoires en une semaine lors de la tournée d'automne. Les équipes jeunes portent aussi le flambeau, avec les deux titres mondiaux des U20 en 2018 et 2019, dont plusieurs joueurs sont depuis devenus des piliers du groupe France (Cameron Woki, Romain Ntamack, Jean-Baptiste Gros, Matthis Lebel...).

Bernard Laporte réussit surtout à décrocher à l'automne 2017, à la surprise générale, l'organisation de la Coupe du monde 2023 en France. Face aux dossiers de l'Irlande et de l'Afrique du Sud, qui avait obtenu les faveurs du rapport d'évaluation de World Rugby, la candidature française est privilégiée. 16 ans après le dernier Mondial organisé dans l'Hexagone (2007), la France se prépare à retrouver la ferveur d'une grande compétition sur son sol, qui aurait dû être le point d'orgue du mandat Laporte. Mais le coup d'envoi sera sifflé, le 8 septembre, avec un autre président.

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