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Paralympiques 2022 : "Le bilan français est bon", estime Marie-Amélie Le Fur, malgré un nombre de médailles inférieur à Pyeongchang

La patronne du paralympisme français revient, pour franceinfo : sport, sur le bilan de la délégation tricolore après les Jeux de Pékin.

France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Marie-Amélie Le Fur, la présidente du Comité paralympique et sportif français, lors d'une conférence, le 4 octobre 2021. (HERVIO JEAN-MARIE / KMSP)

La 13e édition des Jeux paralympiques de Pékin s'est achevée, dimanche 13 mars, et l'heure du bilan est arrivée pour les Bleus. Quelques heures après le nouveau sacre d'Arthur Bauchet sur le slalom et l'argent glané par le relais français en ski de fond, la présidente du Comité paralympique et sportif français (CPSF) Marie-Amélie Le Fur fait le point pour franceinfo : sport sur ces neuf derniers jours de compétition.

Quel est votre premier regard sur les performances des athlètes tricolores lors de ces Jeux de Pékin ?

Marie-Amélie Le Fur : Mon premier regard est qu'il s'agit d'un statu quo pour la France, au regard des Jeux de Pyeongchang, en termes de classement des nations, puisque l'on termine à la 4e place et que l'on obtient le même nombre de médailles d'or (7). Maintenant, c'est vrai que l'objectif du nombre médailles est inférieur à ce que l'on aurait espéré - à savoir 20 médailles. Malgré cela, le bilan français est bon. Le point très positif que l'on peut ressortir de ces Jeux est que toutes les disciplines sur lesquelles nous étions engagées (ski nordique, ski alpin, snowboard) ont été en capacité de se répartir les médailles. Cela illustre une vraie progression.

Arthur Bauchet a porté les Bleus avec trois titres tandis que pour Marie Bochet, cette édition a été plus compliquée...

Oui, on a des athlètes expérimentés qui ont confirmé comme Arthur, qui a su transformer son argent en or de manière magnifique. C'est un athlète extraordinaire sur les pistes mais aussi en dehors, et je pense que ça a fait beaucoup de bien à tout le monde de voir son engagement, sa joie de vivre, son sourire. C'est pour ça qu'on est ravis qu'il ait porté le drapeau à l'occasion de la cérémonie de clôture. Pour Marie, effectivement ces Jeux ont été compliqués pour elle en termes de résultats, mais elle s'est engagée à 100% et cela jusqu'au bout. Et, il ne faut pas l'oublier, elle rapporte une belle médaille d'argent.

Nous l'avions quitté hier en larmes, Marie Bochet avait l'esprit revanchard ce matin. Après avoir perdu un ski lors de la descente hier, la Française a réussi à décrocher la médaille d'argent sur l'épreuve du Super-G. De quoi définitivement lancer ses jeux.
L'émotion comme au premier jour Nous l'avions quitté hier en larmes, Marie Bochet avait l'esprit revanchard ce matin. Après avoir perdu un ski lors de la descente hier, la Française a réussi à décrocher la médaille d'argent sur l'épreuve du Super-G. De quoi définitivement lancer ses jeux.

En parallèle, on a vu la Chine glaner toutes les médailles ou presque, au point de prendre très largement la tête au classement des nations...

Oui et c'est bien ce qu'il faut comprendre à la lecture de ce bilan. Le système concurrentiel a fortement évolué depuis Pyeongchang, en raison de la pandémie et par rapport à la progression chinoise. Il y a quatre ans, la Chine avait remporté une seule et unique médaille (contre 61 aujourd'hui). Donc forcément, son arrivée en force sur les Jeux d'hiver a diminué la capacité intrinsèque de tous les pays à aller chercher des médailles d'or.

Il y a eu une politique de recrutement très, très intensive. Ce n'est pas véritablement une surprise puisque c'est ce qu'on avait déjà connu en 2008 sur les Jeux d'été où, dès 2005, la Chine investissait le champ des Paralympiques avec des politiques de recrutement et d'accompagnement des athlètes. Il ne faut pas oublier que les Chinois sont un milliard. Il y a 15 % de la population mondiale en situation de handicap, donc dès l'instant où on lance une grande politique de recrutement et que l'on est un pays où il y a énormément d'habitants, on va trouver la densité. 

Malgré cela, la France maintient son rang. L'autre point très positif concerne la façon dont les jeunes, les primo-sélectionnés sont entrés dans leur compétition malgré la pression, la difficulté des Jeux, l'éloignement de leur famille... Ils ont su maintenir leur niveau et démontrer qu'ils ont leur place.

Si des athlètes ukrainiens souhaitent rester en Europe, venir en France, nous avons la capacité de les héberger

Marie-Amélie Le Fur

à franceinfo : sport

Qu'avez-vous pensé des performances des athlètes ukrainiens à Pékin, eux qui sont parvenus à décrocher 29 médailles, toutes en ski nordique ?

L'ensemble du mouvement paralympique a montré son soutien aux athlètes ukrainiens. On les a vus réaliser d'énormes prestations qui ont été reconnues et soutenues à la hauteur de la qualité des sportifs qui étaient présents lors de ces Jeux. L'Ukraine est une nation très forte et nous sommes ravis que ses athlètes aient pu s'exprimer pleinement. Maintenant se pose la question de l'après. Nous avons pris contact avec le Comité paralympique ukrainien pour lui faire savoir que si des athlètes souhaitaient rester en Europe, venir en France, nous avions la capacité de les héberger, de nous occuper d'eux. Nous réfléchissons actuellement à l'organisation d'une solidarité au niveau international, une solidarité financière qui puisse se mettre en place à l'échelle du mouvement paralympique. Tout cela est en train de se construire.

Pour terminer, sur le plateau de France 3, Anthony Chalençon, en argent ce dimanche lors du relais en ski de fond, a plaidé pour que ses deux guides (Brice Ottonello et Alexandre Pouyé) puissent bénéficier d'une médaille, alors que seuls trois des quatre membres de l'équipe pouvaient grimper sur le podium ce dimanche. Que va faire le CPSF à ce propos ?

Au-delà de faire pleinement partie de cette équipe de France, Alexandre (Pouyé) a été décisif pour obtenir cette médaille d'argent. C'est notre position au CPSF. Nous discutons actuellement avec le Comité international paralympique (IPC) pour faire reconnaître cette performance. Nous avons essayé de discuter au moment du podium, mais le règlement s'est imposé à nous. On va continuer à discuter pour la médaille d'Alexandre, et ce que j'espère, c'est que le gouvernement français, dans les différents dispositifs qui accompagneront nos médaillés à l'issue de ces Jeux, reconnaîtra Alexandre à sa juste valeur.

Anthony Chalençon tire un bilan de ses Paralympiades, qu'il juge satisfaisants avec une médaille d'or lors de la dernière journée.
Para ski de fond - Anthony Chalençon : "Content de mes Paralympiades" Anthony Chalençon tire un bilan de ses Paralympiades, qu'il juge satisfaisants avec une médaille d'or lors de la dernière journée.

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