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Départ de Christophe Galtier du PSG : entre échec sportif et propos controversés, chronique d'une saison gâchée

Après une longue période de flottement, l'entraîneur a trouvé un accord avec sa direction pour quitter le club, qui annoncera le nom de son successeur mercredi.
Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Visage fermé, Christophe Galtier touche l'Hexagoal, le trophée récompensant le champion de France de Ligue 1, le 3 juin 2023 au Parc des Princes. (ALAIN JOCARD / AFP)

Christophe Galtier devait incarner un retour au raisonnable. En redonnant les rênes de l'équipe à un entraîneur français et spécialiste de la Ligue 1, le Paris Saint-Germain avait décidé d'enrayer la spirale de coachs étrangers qui se sont succédé depuis 2016, d'Unai Emery à Mauricio Pochettino, en passant par Thomas Tuchel. "On est content et fier qu'il soit français, car on veut commencer un nouveau projet", insistait le président Nasser Al-Khelaïfi lors de son intronisation en juillet dernier. 

Le nouveau projet n'aura duré qu'une seule saison, qui n'aura pas laissé le goût attendu. En dépit du titre de champion de France qu'il aura réussi à conserver, Christophe Galtier laisse derrière lui un PSG en friche. La dernière image de lui restera ce visage fermé et son salut avec la main au moment de quitter le podium où son équipe soulevait l'Hexagoal, samedi 3 juin, devant le public du Parc des Princes. En même temps que son départ se bouclent la très courte ère Lionel Messi (2021-2023), mais aussi le passage de Sergio Ramos dans la capitale. Surtout, Galtier quitte le club après une fin de saison morose, pendant laquelle contre-performances sportives et tempêtes médiatiques se sont mêlées.

Le vent a très vite tourné

Tout avait pourtant bien commencé : 21 buts et quatre victoires lors des quatre premiers matchs. Un nouveau dispositif tactique prometteur, qui semblait enfin à même de permettre à Lionel Messi, Neymar et Kylian Mbappé de s'exprimer en même temps. Une attitude bien plus chaleureuse face aux médias, après un an et demi de robinet d'eau tiède sous Mauricio Pochettino. Christophe Galtier a, un temps, apporté un vent de fraîcheur, rapidement venu balayer la déception de voir le natif de Marseille s'asseoir sur un banc que beaucoup voulaient voir être occupé par un autre Phocéen, mais au nom plus prestigieux : Zinédine Zidane.

Mais l'idylle n'a pas duré longtemps. Dès le mois de septembre, avant même la première soirée de Ligue des champions, le coach a fait grincer des dents après une mauvaise blague sur les déplacements de son équipe, suite au voyage vers Nantes effectué en jet privé. "On est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile", s'était-il amusé en conférence de presse, suscitant l'hilarité de Kylian Mbappé juste à côté de lui. De quoi se faire reprendre de volée publiquement par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra.

Dans la foulée de cette affaire, le PSG s'est quelque peu essoufflé et a connu un premier vrai coup de frein début octobre, enchaînant trois matchs nuls, dont deux face à Benfica, qui s'est révélé être le principal adversaire de son groupe en Ligue des champions. Des résultats décevants qui lui ont coûté la première place et qui ont fait basculer l'équipe du mauvais côté lors du tirage au sort des huitièmes de finale.

Des bavures jusqu'en Bavière

Mais, au moment de laisser place à la Coupe du monde en novembre, Paris était toujours invaincu et largement leader de la Ligue 1. On attendait encore que la saison débute pour de bon avec, dans toutes les têtes, le premier temps fort de la saison, fixé le 14 février face au Bayern Munich en C1. Un an après la débâcle madrilène, pas question de sortir à nouveau dès la première confrontation à élimination directe. C'est toute la crédibilité du nouveau projet promis par Nasser Al-Khelaïfi en début de saison qui était en jeu.

Au retour de la trêve, en janvier, rien ne s'est passé comme prévu. Le club de la capitale a titubé, s'inclinant quatre fois en onze matchs juste avant son huitième de finale de C1, subissant notamment une élimination embarrassante en Coupe de France face à Marseille. Avec un Kylian Mbappé et une partie de l'effectif convalescents, Christophe Galtier a dévoilé un plan de jeu très défensif lors du match aller face au Bayern. Inoffensifs jusqu'à l'entrée du triple buteur de la finale de la Coupe du monde, ses joueurs ont limité la casse pour rester en vie (0-1).

Les trois victoires acquises avant le retour, dont la revanche à Marseille en Ligue 1 (3-0), et le record de Kylian Mbappé, désormais meilleur buteur de l'histoire du club, ont entretenu l'espoir. A tel point que certains observateurs se sont demandé si la blessure de Neymar contre Lille n'était pas finalement une bonne nouvelle. Mais, comme quasiment à chaque saison, le PSG est encore tombé de haut, cette fois à l'Allianz Arena, restant muet pendant 180 minutes face à un Bayern Munich loin de son niveau habituel (0-2). Comme si la saison du club de la capitale s'était encore terminée avant même de commencer.

Une communication crispante

"Je laisse juger les gens concernant le qualificatif lié à notre saison, si elle est bonne ou pas (...). J’ai un regret : que nous n’ayons pas pu nous battre avec toutes nos forces sur cette double confrontation avec Munich", avait alors minimisé Christophe Galtier, à chaud. Ce dernier avait paradoxalement été épargné grâce à cette lassitude propre au Paris Saint-Germain, nourrie année après année par les échecs de ses prédécesseurs, presque tous passés par là.

Christophe Galtier à côté du trophée de champion de France 2023, le 3 juin 2023, au Parc des Princes. (FRANCK FIFE / AFP)

Malgré la déception, le coach avait l'occasion de terminer la saison sereinement. En championnat, la messe semblait déjà dite au moment où Paris a quitté la Ligue des champions par la petite porte puisque son dauphin accusait huit points de retard à cet instant. Mais les mauvais résultats et les erreurs de communication se sont enchaînés.

En janvier, il avait déjà dû s'excuser après avoir sous-entendu la destitution de Presnel Kimpembe de son statut de vice-capitaine, qui avait fait part de son incompréhension sur ses réseaux sociaux. Dix jours après l'élimination à Munich, il a attribué le manque d'investissement de son équipe face à Rennes (défaite 0-2) à la surreprésentation des jeunes du club dans son effectif : "Mettez-vous à la place des joueurs qui préparent un match, qui voient huit joueurs absents et qui entrent dans le vestiaire avec des jeunes du centre de formation qu’ils ont dû voir une ou deux fois à l’entraînement".

Des accusations graves

Un cap de plus a été franchi à Nice, début avril, malgré la victoire acquise face à son ancienne équipe (2-0), lorsqu'il est venu applaudir ironiquement les Ultras niçois qui avaient brandi une banderole insultant sa mère. Pris à partie par certains de ses ex-joueurs, dont Khéphren Thuram et Jean-Clair Todibo, Galtier n'a pas caché sa colère en conférence de presse : "Si ces gens présents en tribunes voient des matchs de Coupe d’Europe, c’est grâce à mon travail la saison dernière".

La tension n'a pas eu le temps de retomber que l'orage s'est transformé en tempête. Trois jours après l'incident de l'Allianz Riviera, le coach du PSG a été accusé de propos discriminatoires, prononcés lors de son mandat précédent, à Nice justement. Une polémique déclenchée par la révélation par plusieurs médias, dont RMC Sport, d'un mail écrit par son ancien directeur sportif Julien Fournier, dans lequel Galtier aurait déclaré qu'il "ne pouvait pas avoir autant de noirs et de musulmans dans l'équipe".

De quoi pousser l'ouverture d'une enquête interne au club, alors que sa position était déjà bien fragilisée. Même s'il a nié les faits et que l'affaire a très vite cessé de faire la une, c'est comme si le glas de son expérience parisienne avait déjà sonné (ce n'est que trois mois plus tard qu'il a reçu une convocation devant le tribunal correctionnel de Nice pour des chefs de "harcèlement moral" et de "discrimination"). Dans le même temps, la saison du PSG n'avait de toute façon déjà plus vraiment de saveur. Symboliquement, Christophe Galtier a bouclé son mandat sur une défaite embarrassante au Parc des Princes, face à Clermont (2-3) le 3 juin.

Après cette rencontre qui concluait la saison 2022-2023, la tête n'était pas à la fête, malgré la validation du onzième titre de champion de France devant son public. L'accident grave du gardien Sergio Rico, encore aujourd'hui dans un état critique, avait logiquement fait passer les festivités au second plan jusqu'à ce qu'un feu d'artifice illumine le stade de faisceaux aussi lumineux qu'incongrus. Même si cette soirée avait tout d'un clap de fin, il a fallu attendre un mois de plus pour acter la fin de l'ère Galtier.

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