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Lyon-PSG : depuis deux mois à l’OL, la morosité règne

Pour son premier match de l’année 2022, l’Olympique lyonnais espère se relancer en battant le Paris Saint-Germain au Groupama Stadium dimanche soir (20h45).

Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Lucas Paqueta lors du match entre l'AS Saint-Étienne et l'Olympique Lyonnais, le 3 octobre au stade Geoffroy-Guichard (ROMAIN BIARD / ISPORTS)

Pour les clubs de Ligue 1, le premier week-end de l’année est synonyme de Coupe de France. La semaine dernière, l’Olympique lyonnais a pourtant fait exception et assisté de loin aux performances des autres équipes de l’élite du football français. Une situation inédite après l’exclusion du club de la Coupe de France, au même titre que le Paris FC, après les incidents survenus au stade Charléty, le 17 décembre.

Finalement, l’OL va disputer son tout premier match de l’année dimanche 9 janvier (20h45), face au Paris Saint-Germain (1er) au Groupama Stadium. Un match qui s’annonçait comme un énorme choc au début du championnat mais qui, au vu du classement de l’Olympique lyonnais (13e) à mi-saison, apparaît déséquilibré. L’occasion est pourtant belle pour le club rhodanien de redresser la barre, de bien commencer 2022 et de confirmer les intentions louables de Jean-Michel Aulas.

Dans une vidéo adressée aux supporters lyonnais et diffusée le 25 décembre, le président de l'OL se montrait confiant sur la capacité de son club à "revenir au premier plan du championnat". "C’est notre détermination, j’en ai la conviction. Je voulais vous dire que nous avons tout en main pour réussir une deuxième partie de saison sportive qui soit à la hauteur de nos ambitions", avait ainsi affirmé Jean-Michel Aulas. Mais en interne, l'ambiance est plus que morose au club depuis deux mois. "On traverse une période où tout va mal, mais on reste digne et on travaille pour améliorer les choses", témoigne un salarié de l'OL qui a préféré conserver l'anonymat.

Un bilan sportif désastreux, Peter Bosz en sursis

Avant la trêve, Peter Bosz le savait. "13e, ce n’est pas notre place, et ce n’est pas notre objectif", avançait l’entraîneur de l’OL. Mais le club rhodanien occupe bien cette décevante position au classement, la pire du club au XXIe siècle à mi-saison (Lyon compte un match en moins). Depuis son arrivée l’été dernier sur le banc lyonnais, l’entraîneur néerlandais de 58 ans ne parvient pas à imprimer sa patte offensive sur son équipe et son changement de système tactique récent n’a pas eu de réel impact.

Après une période encourageante entre fin-août et mi-octobre, les joueurs lyonnais ont semblé faire preuve de dilletantisme quand il s'est agi de répondre aux consignes du coach. Lucas Paqueta a marqué le pas physiquement et certains cadres, à l’image d’un Xherdan Shaqiri qui a disparu des radars, sont loin de répondre aux attentes. Le match face au PSG dimanche soir est donc le moment de rebondir.

Surtout qu’un enchaînement difficile attend l’OL : après Paris, Lyon jouera le derby face à l’AS Saint-Etienne dans deux semaines (le 21 janvier) puis contre Monaco, Nice, Lens et Lille en février. La période s’annonce tendue pour Peter Bosz. "On est très en retard en Ligue 1, mais ce n’est pas rédhibitoire", annonçait Aulas dans les colonnes de L’Équipe le 24 décembre.

Le président lyonnais n'a pas manqué de prévenir son entraîneur avant les fêtes : "Il n’y a aucune chance que Peter ne soit pas là jusqu’à fin février. Je nous laisse deux mois de janvier et février pour revenir dans le championnat." D’ici là, Bosz ne sera peut-être plus l’entraîneur de l’OL. Les soucis sportifs du Néerlandais et de son équipe ont commencé à émerger il y a deux mois, alors que le directeur sportif Juninho s’apprêtait à effectuer une sortie médiatique fracassante.

Une restructuration malvenue

Depuis le 31 décembre, Juninho n’est plus un salarié de l’OL. Le directeur sportif lyonnais arrivé en juillet 2019 a quitté le club au terme d’une séquence qu’il aura enclenchée et qui aura indirectement fait très mal à son équipe. Le 17 novembre, sur les ondes de RMC, Juninho balançait une bombe que n’avaient pas anticipé ses dirigeants : "Il y a une fatigue mentale énorme et je ne veux pas dépasser la limite. (...) Normalement, c’est fini à la fin de la saison. J’ai envie de me reposer un peu."

Le Brésilien n’est donc pas allé au terme de l’exercice 2021-2022. Son annonce a coïncidé avec une mauvaise série de résultats de l’OL et a surtout mis le président Aulas devant le fait accompli : le retour de l’ancienne gloire comme joueur (2001-2009) au club aura été un échec cuisant et la fin de l'idylle a causé des troubles en interne. "Ce départ a mis un coup au moral. Il incarnait quelque part ce dernier espoir de ramener l'OL sur le devant de la scène", regrette un salarié du club.

L'ancien directeur sportif de Lyon, Juninho, lors d'un entraînement de l'OL, le 18 septembre (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

Lyon a donc décidé d’anticiper son départ et s’est mis en tête de restructurer son organigramme sportif. Bruno Cheyrou, arrivé en 2020, a été nommé conseiller technique et directeur du recrutement, avec des prérogatives moins élargies que celles de Juninho. Cheyrou peut compter sur Alain Caveglia - arrivé pour compenser le départ de l’historique Patrice Girard - et Stéphane Henchoz, tous deux recruteurs.

Ces va-et-vient crispent les supporters, "mais on n'est pas fataliste, le club travaille bien et les résultats finiront par suivre", assure le salarié de l'OL. Malgré tout, des supporters du club issus d’un groupe Facebook comptant 117 000 membres ont adressé une lettre ouverte à l'OL la semaine dernière pour alerter sur le marasme sportif et institutionnel constaté cette saison. Tout en soulignant que l’image du club s’est considérablement détériorée ces dernières semaines.

L’image du club écornée par les incidents

C’est le dernier versant du cauchemar que vivent les dirigeants lyonnais depuis le début de saison. Un pan du football français qu'ils auraient aimé éviter, mais qui a fini par les rattraper à deux reprises. Le 21 novembre, au Groupama Stadium, un supporter lyonnais touchait à la tête le joueur de l’OM, Dimitri Payet, avec une bouteille. Match interrompu entre les deux équipes, retrait d’un point ferme pour l’OL et rencontre à rejouer.

L’arrêt du match contre le Paris FC en Coupe de France le 17 décembre n’a rien arrangé : alors que les incidents se multiplient sur les pelouses, l’OL est perçu depuis plus d’un mois comme le fauteur de troubles. "Il suffit de lire les médias pour voir que l'on ne parle que rarement de l'OL en bien en ce moment", souffle le salarié du club. La campagne médiatique menée par Pierre Ferracci, le président du PFC, à l’encontre du club lyonnais, a forcément joué.

De violents incidents avaient éclaté à la mi-temps du match Paris FC-Lyon en Coupe de France, à Charléty, le 17 décembre 2021, entraînant l'arrêt de la rencontre.  (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)

L’image de l'OL n’est pas ressortie tout à fait indemne de cette séquence, tout comme celle de Jean-Michel Aulas, que son homologue Ferracci a jugé complaisant à l’égard d’une frange de supporters d’extrême droite. "Le silence du président Aulas face aux attaques nous a permis d'être dans une position digne. Il aurait pu lui répondre. Mais à quoi bon ? Une énième guerre entre présidents ? Au contraire, l'OL a avancé de son côté sur l'après-PFC-OL", analyse le salarié du club.

Loin de répondre aux attaques, le président Aulas et l’OL se sont montrés discrets et ont agi en coulisses pour punir les coupables. Le club a ainsi envoyé des courriers à des supporters pour les interdire de stade, tandis que les déplacements de supporters lyonnais ont été prohibés jusqu’à nouvel ordre.

Après ces deux mois plus que compliqués, Lyon espère donc se relancer. Une victoire face au PSG lancerait parfaitement l’année du club lyonnais. Mais comme rien ne semble aller dans le sens de l'OL en ce moment, le club va devoir se passer d'importantes recettes de billetterie et accueillir le PSG ce dimanche et l'ASSE dans deux semaines devant 5 000 personnes seulement. Deux matchs qui se déroulent habituellement à guichets fermés.

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