Équipe de France : Kylian Mbappé capitaine, récit et bilan de l’an I

Les leaders ont aussi le droit au repos… mais pas quand les troupes vont mal. Face à la Grèce mardi (2-2), Kylian Mbappé n’était pas titulaire et la logique voulait qu’il soit laissé sur le banc à trois jours d’un match de Ligue 1 à disputer avec le Paris Saint-Germain. Mais l’attaquant a bien récupéré le brassard des mains d’Antoine Griezmann à son entrée en jeu et initié la révolte tricolore, en délivrant notamment une passe décisive à Youssouf Fofana.

La France n’a obtenu que le nul et est passée à côté d’un grand chelem dans les qualifications pour l’Euro. Qu’importe. En dépit de ce résultat qui clôt l’année 2023 des Bleus, la première de Mbappé en tant que capitaine de l’équipe de France, est indéniablement une réussite. Les joueurs de Didier Deschamps se sont facilement qualifiés pour l’Euro, feront partie des têtes de série pour le tirage au sort de la compétition le 2 décembre et termineront l'année à la deuxième position du classement Fifa derrière l'Argentine, après sa victoire (1-0) à Rio de Janeiro contre le Brésil, mardi.

Avant de s’achever de cette belle manière, 2023 avait commencé par des doutes dans le clan tricolore, avant même le premier match en mars. Hugo Lloris, Steve Mandanda et Raphaël Varane désormais en retrait de la sélection, Paul Pogba et N’Golo Kanté trop souvent blessés, le navire bleu se cherchait un nouveau capitaine. Après une discussion à Clairefontaine au début du premier rassemblement de l’année, Kylian Mbappé avait été intronisé.

On prête alors un coup de blues à Antoine Griezmann, perdant dans ce choix fort. Certains extrapolent jusqu'à l'imaginer quitter la sélection. Mais les états d’âme sont écartés au bout de deux minutes, lors du premier match de l’année, contre les Pays-Bas au stade de France (4-0). Mbappé sert Griezmann pour un but. Le débat est clos. Double buteur ce jour-là, Mbappé traverse ses 100 premiers jours avec une cote de popularité au plus haut.

La communication, la grande évolution

Celle-ci ne descendra jamais et l’attraction Mbappé fait le bonheur de tout le monde, même des journalistes qui suivent les Bleus. Comprenez : pendant ses onze années de capitanat, Hugo Lloris s’est présenté à toutes les conférences de presse de veille de match pour délivrer fidèlement le discours de son sélectionneur. Mbappé dans cet exercice, c’est une toute autre musique, plus imprévisible et parfois dissonante.

Tout le monde glousse dans l’auditorium de l’Aviva Stadium, à Dublin en mars, quand Mbappé évoque Michel Platini comme "la prochaine cible à abattre" au classement des meilleurs buteurs de l’histoire des Bleus. Le Parisien finira par dépasser Platoche et s’installer à la 3e place dudit classement avec 46 buts, mais limitera ses prises de parole. La révolution de palais est en marche chez les Bleus en termes de communication.

À la veille du match contre Gibraltar (14-0), vendredi dernier à Nice, Mbappé se présente devant la presse pour la première fois depuis juin : "La dernière fois que je suis venu, sur onze questions, j’en ai eu neuf sur le PSG, une sur les Jeux olympiques et une sur le match de l’équipe de France parce que je l’ai demandée." Son actualité avec le PSG est sur toutes les lèvres et Mbappé sera une nouvelle fois longuement interrogé sur son avenir en club. Les limites de l’hyper-exposition...

Pourtant, Mbappé veut partager. "Je veux laisser la place aux autres joueurs donc je ne vais pas monopoliser tout l’espace médiatique", lance-t-il lors de sa première conférence de presse comme capitaine. C’est l’une des nouvelles tendances du mandat Mbappé : les visages se multiplient devant les journalistes. Antoine Griezmann, Aurélien Tchouameni, Mike Maignan, Adrien Rabiot se sont succédé et leur présence face aux médias dessine les contours du nouveau leadership tricolore autour de Mbappé.

Décisif quasiment à chaque match en 2023

Tous partagent le même objectif : tout gagner, marquer le plus buts et en prendre le moins possible. Un autre début de mandat, celui de Maignan dans les buts, démarre à la perfection avec cinq clean-sheets de suite. Alors, les Bleus se lancent le défi de n’encaisser aucun but lors des qualifications. Maignan craquera finalement aux Pays-Bas (2-1), son suppléant Brice Samba en Grèce (2-2).

En coulisses, Mbappé délègue donc. Sur le terrain, il montre la voie. Cette année, le capitaine aura été décisif lors de neuf des 10 rencontres qu’il a disputées (10 buts et 7 passes décisives), ne manquant le coche qu'en Irlande (1-0), peut-être le match le plus difficile pour le Parisien et les Bleus en 2023. Quand il est resté sur le banc en Allemagne, en septembre, les Bleus ont subi leur seule défaite de l’année (1-2). Avec son triplé de buts et de passes décisives vendredi, la France a remporté le succès le plus large de son histoire (14-0).

Vainqueur sur le terrain, Mbappé l’est aussi en-dehors. En septembre, Philippe Diallo vient dîner à Clairefontaine pour annoncer la signature d’une nouvelle convention sur les droits à l’image des joueurs tricolores, réclamée de longue date par le capitaine. Avec Deschamps, la communication est fluide, comme l’assure le sélectionneur : "La relation est très bonne entre nous deux et elle est très bonne pour le collectif. Il a cette responsabilité d’engager l’ensemble du groupe et ça ne lui pèse pas. Il y prend du plaisir."

Deschamps se félicite "de voir l’équipe de France réaliser de telles performances", de "l’excellente transition qui nous a permis de nous qualifier sans souci", et de "l’esprit compétiteur" de son groupe en 2023. L'an 2 du mandat Mbappé sera encore plus attendu, avec un défi autrement plus difficile : remporter l’Euro 2024.