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Equipe de France : après un début d'année agité, Didier Deschamps attendu au tournant

À l'issue la Coupe du monde, le sélectionneur a vécu trois mois mouvementés, entre sa reconduction, la crise au sein de la FFF aboutissant au départ de Noël Le Graët, ou la polémique avec Karim Benzema.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Didier Deschamps lors de l'entraînement de l'équipe de France à Clairefontaine, le 20 mars 2023. (FRANCK FIFE / AFP)

Dans la vie d'un sélectionneur, rien n'est acquis. Didier Deschamps le sait mieux que quiconque : il a beau avoir mené son équipe au titre de champion du monde en 2018 et à la finale de la dernière édition du Mondial en décembre, perdue contre l'Argentine (3-3, 2-4 t.a.b.), la confiance de ses pairs et du grand public peut s'étioler en un instant. Trois mois après l'épopée de Doha, il n'a pas perdu tout son crédit. Mais il repart dans une forme d'inconnu, avec un nouveau cycle pour les Bleus, qui débutent les éliminatoires de l'Euro 2024 contre les Pays-Bas vendredi 24 mars et l'Irlande lundi 27 mars.

En l'espace de douze semaines, Didier Deschamps a vécu des congés pour le moins agités. Le sélectionneur s'est moins vu interroger sur sa réussite à la tête de l'équipe, que sur les différents sujets de tension qui l'entourent.

Trois jours après la finale perdue, Christophe Dugarry est le premier à venir le titiller, dans une interview accordée à L'Équipe. L'ex-coéquipier du sélectionneur en Bleu souhaite "ouvrir un débat" : "On s'est fait marcher dessus en finale de la Coupe du monde. Comment c'est possible ? Pour le bien de l'équipe de France, il faut que ce débat ait lieu". L'avenir de Didier Deschamps, dont le contrat est alors sur le point de se terminer, reste incertain, et la candidature de Zinédine Zidane, sans activité depuis son départ du Real Madrid en mai 2021, apparaît en filigrane.

Une prolongation controversée

Le 7 janvier, le sélectionneur obtient une prolongation de contrat. La durée du bail, de quatre ans (jusqu'en 2026), fait alors beaucoup parler, alors que l'intéressé a longtemps répété que "l'équipe de France n'appartient à personne". Pour certains, cette prolongation ressemble à une confiscation, d'autant plus que cela s'est réglé à deux, entre Didier Deschamps et Noël Le Graët.

Applaudi par l'assemblée générale d'hiver de la Fédération française de football (FFF), le 7 janvier, au cours de laquelle sa prolongation est officialisée, il subit indirectement de nouveaux vents contraires. Le lendemain, le président de la FFF dénigre publiquement la candidature de Zidane. Le début d'une descente aux enfers pour le dirigeant de la FFF, contraint à démissionner le 28 février

Interrogé le 16 mars, lors de l'annonce de sa première liste de 2023, sur ses relations avec Philippe Diallo, le président intérimaire de la FFF, le sélectionneur, qui était proche de Noël Le Graët, répond du tac au tac. "Je n'appréhende pas, mais le maître-mot est : je m'adapte. J'ai des échanges. Il y a un fonctionnement qui peut être différent", assure l'ancien entraîneur de Marseille, qui précise que "ce n'est pas quelque chose qui [lui] pèse".

Gérer le départ des cadres

Le sélectionneur est également bousculé par l'un de ses anciens joueurs : Karim Benzema. Le Ballon d'or 2022, parti en catimini de Doha après une blessure juste avant le début de la Coupe du monde, ne s'exprime pas mais laisse planer un doute, avec son entourage : il aurait pu se soigner au Qatar et jouer plus tard pendant la compétition.

Faute de précisions de la part de l'attaquant du Real Madrid, Didier Deschamps prend les devants dans Le Parisien : "En le quittant je lui dis : Karim, il n'y a pas d'urgence. Tu organises ton retour avec le team manager. En me réveillant, j'apprends qu'il est parti. C'est sa décision, il ne vous dira pas le contraire, je la comprends et je la respecte." "Mais quelle audace", répondra Benzema dans un message sur les réseaux sociaux, assorti d'un emoji clown.

Karim Benzema et Didier Deschamps lors de France-Kazakhstan, au Parc des Princes, le 13 novembre 2021. (FRANCK FIFE / AFP)

Au milieu de toutes ces bisbilles, Didier Deschamps doit également penser au terrain. Et à l'après : trois joueurs historiques des Bleus, Hugo Lloris, Steve Mandanda et Raphaël Varane, annoncent tour à tour leur retraite internationale. Les réactions du sélectionneur à ces décisions s'enchaînent d'une semaine sur l'autre dans le groupe de messagerie Whatsapp consacré aux journalistes qui suivent l'actualité des Bleus.

La nouvelle ère Mbappé

La gestion de ce renouveau est désormais au cœur du nouveau mandat de Deschamps, qui va donc débuter vendredi contre les Pays-Bas. Après onze ans à la tête des Bleus, il sait que chacune de ses décisions devra être encore plus réfléchie que par le passé, au risque de voir son règne se terminer en queue de poisson, comme Joachim Löw avec la sélection allemande qu'il a dirigée pendant quinze ans.

Le choix de nommer Kylian Mbappé nouveau capitaine des Bleus suscite énormément de réactions depuis lundi. Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet à Clairefontaine, Deschamps a compris ce qui l'attendait. "Ça va devenir une torture", a souri le sélectionneur avant d'ajouter que "ce n'est pas un sujet sensible". Il le deviendra si son choix de faire de l'attaquant du Paris Saint-Germain le capitaine ne porte pas ses fruits.

Ses autres décisions – continuer à faire d'Eduardo Camavinga un latéral gauche, convoquer un Benjamin Pavard laissé sur le flanc pendant toute la Coupe du monde – seront aussi scrutées. Didier Deschamps démarre un nouveau cycle avec ce rassemblement de mars 2023. Champion du monde 2018, finaliste de l'Euro 2016 et de la Coupe du monde 2022, il n'a plus rien à prouver. Mais encore un peu tout de même.

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