Euro de basket 2023 : une médaille de bronze et des chantiers pour les Bleues à un an des Jeux olympiques
"Moi, je ne parle pas d'échec", affirmait avec sévérité Sandrine Gruda, samedi, quelques minutes après l'élimination de l'équipe de France en demi-finales de l'Eurobasket contre la Belgique (67-63). Moins de 24 heures plus tard, la médaille de bronze autour du cou après le succès contre la Hongrie (82-68), dimanche 25 juin, la taulière des Bleues a nuancé son propos au micro de BeIN Sports : "Jouer ce match était un supplice, j'avais zéro envie de jouer pour cette place."
Les Françaises ambitionnaient haut et fort la médaille d'or après cinq finales perdues consécutivement, elles auront sauvé le bronze pour conclure un huitième championnat d'Europe de rang sur le podium. Après avoir d'abord semblé relativiser, les Tricolores ont rappelé à l'unisson que la récompense n'était pas celle escomptée.
"C'est dur de parler à chaud... Franchement, j'ai du mal, ce n'est pas la médaille que je voulais", ressassait Marine Fauthoux en zone mixte. Un discours partagé par Alexia Chartereau : "Il ne faut pas banaliser de faire une médaille à un Euro même si l'objectif était ailleurs."
À un an des Jeux olympiques de Paris, les chantiers sont encore nombreux. Si le sélectionneur Jean-Aimé Toupane a repété avoir buté "à une possession de la Belgique" en demi-finales, ce serait oublier le premier tour poussif des Bleues face à l'Allemagne (58-50), la Grande-Bretagne (63-57) et la Slovénie (73-68). Largement victorieuses contre le Monténégro en quarts de finale (89-46) et la Hongrie (82-68) - deux nations qui ne font pas partie du gratin mondial -, elles ont chuté contre la seule opposition relevée, les Belges, finalement championnes d'Europe.
Les absences ont plané comme une ombre
Commençons par le positif puisque tout n'est pas à jeter. L'équipe de France a confirmé les vertus défensives qui constituent son ADN. Elle n'a jamais encaissé plus de 68 points. Même après avoir pris l'eau en première période en demi-finales (44 points), elle a réussi à maintenir la Belgique à 23 unités après la pause. Sur ce match, l'adaptation défensive de Jean-Aimé Toupane a été bien trop tardive pour espérer autre chose. Le nombre de rebonds offensifs laissés à l'adversaire a été un problème constant, une faiblesse déjà rédhibitoire à la Coupe du monde l'an passé.
Mais c'est surtout de l'autre côté que le bât blesse. Les Bleues ont manqué de liant collectif en attaque, peinant, notamment, à contrecarrer les défenses de zone au tour préliminaire. Difficile alors de ne pas penser aux absences de Gabby Williams et Marine Johannès qui auraient pu, par leur talent, débloquer des situations. La première a subi une commotion cérébrale en fin de saison, tandis que la deuxième a été écartée en raison de son choix de se rendre aux Etats-Unis pour des raisons contractuelles avec son club de WNBA, le New York Liberty.
"J'assume. On s'est expliqués, vous savez la teneur de ce qu'il s'est passé, a affirmé Jean-Aimé Toupane, droit dans ses bottes. Je n'ai aucun regret." Un discours appuyé par Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération française de basket : "On n'a jamais sanctionné une joueuse. Il faut du temps pour expliquer tout ça. Une fille comme Meesseman a fait le choix de ne pas aller en WNBA pour préparer l'Euro et l'échéance olympique avec la Belgique. De la même manière, on aurait aimé avoir le groupe au complet." Une prise de parole réservée au diffuseur, puisque Siutat ne s'est pas présenté en zone mixte devant le reste de la presse.
Pendant les dix jours de compétition, ces absences ont plané comme une ombre sur le groupe, particulièrement touché par les critiques autour de leur parcours. "Quand les absentes ont été annoncées, tout le monde disait : 'Elles ne vont arriver à rien, il ne va rien se passer avec cette équipe.' On n'y peut rien, on n'a rien à voir avec tout ça", s'est défendue Marine Fauthoux. "Il faut avancer avec celles qui sont ici, a poursuivi Valériane Vukosavljevic. On n'a pas été soutenues tout le long de la compétition, on ne va pas se mentir. Ne pas être soutenues par une grande partie de son pays ne peut pas nous nourrir."
Incompréhension palpable entre Gruda et Toupane
Le groupe a aussi péché par son manque de guides à même de tirer le groupe du premier au dernier jour. D'un côté, la nouvelle génération incarnée par Iliana Rupert et Marine Fauthoux ne parvient pas encore à s'imposer. De l'autre, les taulières, la capitaine Sarah Michel, Valériane Vukosavljevic ou encore Sandrine Gruda n'ont pas été régulières. Cette dernière a élevé son niveau en demi-finales contre la Belgique mais, à 36 ans, n'est pas éternelle. Pour son dernier Euro, elle a été élue dans le cinq majeur du tournoi. "L'idée est d'arrêter après les Jeux olympiques de Paris. On va voir si je peux y arriver", glissait-elle sur BeIN Sports.
Car l'incompréhension de la championne d'Europe 2009 avec Jean-Aimé Toupane est palpable. "On doit gagner en expérience... et en tactique", a-t-elle poursuivi avant d'ajouter : "Je pense que nous tous, à nos niveaux, on peut vraiment faire mieux, sélectionneur y compris." "Il y a des critiques par rapport au management, au fonctionnement du groupe. On fera ce débrief ensemble", a répondu Jean-Pierre Siutat alors que le sélectionneur a assuré garder "la confiance de ses dirigeants".
Toupane souhaite avant tout construire sur cet échec à un an de l'échéance suprême à domicile : "Je pense que la déception d'hier (samedi) fait partie du cheminement vers le plus haut niveau. Il ne faut pas oublier que c'est un groupe très jeune." Leïla Lacan, Janelle Salaun et Marie-Paule Foppossi disputaient leur première compétition internationale avec quelques promesses entrevues pour les deux premières.
"C'est prometteur pour la suite, le début de quelque chose de beau, une nouvelle ère", positivait Iliana Rupert, handicapée par une blessure à l'épaule en fin de premier tour. Le groupe a un an pour progresser et régler les différents chantiers avant le révélateur ultime : les Jeux olympiques de Paris.
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