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Infographies JO de Pékin 2022 : la France est-elle "biathlon-dépendante" aux Jeux d'hiver ?

Si Quentin Fillon Maillet, Martin Fourcade ou Anaïs Chevalier-Bouchet avaient choisi de faire du curling plutôt que du biathlon, la France serait une nation de seconde zone aux Jeux d'hiver. La preuve en deux graphiques.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le biathlète français Martin Fourcade célèbre sa victoire lors du relais mixte des Jeux d'hiver de Pyeongchang (Corée du Sud), le 20 février 2018. (DAN ISTITENE / GETTY IMAGES ASIAPAC)

Le constat est inattaquable : aux Jeux de Pékin, la France a remporté six médailles lors des épreuves de biathlon (chiffres arrêtés mardi 15 février à la mi-journée), la moitié du total tricolore, tous sports confondus. Le relais mixte d'abord, Anaïs Chevalier-Bouchet et Quentin Fillon Maillet en individuel puis en sprint et enfin en poursuite, avant que le relais masculin ne décroche une superbe médaille d'argent et que Justine Braisaz-Bouchet ne conclue la moisson française d'une superbe médaille d'or en mass start.

Après les grandes années de Martin Fourcade, de quoi donner l'impression que le biathlon est l'assurance tous risques du sport d'hiver français, bien moins aléatoire que le ski alpin (pour les exploits d'un Jean-Luc Crétier ou, cette année, d'un Johan Clarey, combien de désillusions ?) et davantage pourvoyeur de médailles que les sports acrobatiques, où la France tient son rang sans toujours convertir en métal et en podium.

L'examen des tableaux des médailles depuis les Jeux d'Albertville de 1992, l'année où la France a découvert ce qui était naguère brocardé comme un "sport de douanier" avec la victoire du relais féminin, renforce ce constat. En dehors de la catastrophe industrielle de Nagano en 1998, le biathlon a toujours rapporté des médailles au camp tricolore depuis trente ans. Et cette part tend à se stabiliser, autour de cinq médailles, un bon matelas bonifié par des exploits dans les autres disciplines.

On peut dater le début de cette "biathlon-dépendance" aux Jeux de Turin, en 2006 (ah, le sacre de Vincent Defrasne malgré sa chute dans le dernier virage face à l'inoxydable Norvégien Bjørndaelen...). Revers de la médaille, cette poule aux médailles d'or cache un peu la déshérence des autres disciplines. Car si le nombre d'épreuves a beaucoup augmenté (84 podiums à Turin en 2006, 102 à Pyeongchang en 2018), la place de la France au classement dépend principalement d'un seul sport.

Ainsi, aux Jeux de Turin en 2006, sans les quatre médailles obtenues au biathlon, la France se retrouverait derrière l'Estonie ou la Chine au tableau final. Même constat, en 2010, avec une chute à la 15e place derrière l'Australie (11e, avec 3 médailles dont 2 en or). En 2014, c'est le Japon qui aurait soufflé la politesse aux Bleus, et ainsi de suite...

Pour certains pays, dépendre entièrement d'une discipline relève d'un choix : c'est le cas des Pays-Bas, où les montagnes manquent et où les autorités ont tout misé sur le patinage de vitesse (beaucoup) et le short-track (plus récemment). Deux disciplines cousines qui représentent l'intégralité de leurs médailles à Pyeongchang 2018 ou à Sotchi 2014. Il faut remonter à 2010 et à une improbable médaille en snowboard pour trouver trace d'une breloque néerlandaise décrochée ailleurs que sur une patinoire. Au total, 127 des 137 médailles des Pays-Bas aux Jeux d'hiver ont été décrochées en patinage de vitesse. Là, il va falloir trouver un autre mot que "dépendance".

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