Littérature : "Je ne pouvais pas me détourner de mon héritage", Diana Filippova parle des contradictions de l’identité russe
De l’inconvénient d’être russe : c’est le titre du dernier essai de l’écrivaine franco-russe Diana Filippova, spécialiste de l’économie collaborative et engagée à gauche. Elle y explique avoir longtemps voulu effacer, voire "éradiquer son identité" dans son enfance, marquée par la chute de l’URSS. "J’ai décidé de revisiter mon histoire, celle de la Russie, ce que c’est d’être autre et exilée dans mon pays qui est la France", explique-t-elle sur le plateau du 12/13 info.
Un sentiment de "honte"
Si elle compare la Russie à "un homme violent", elle estime que la renier n’est pas forcément une bonne solution, en particulier pour les jeunes exilés. Victime de préjugés dans son enfance, à son arrivée en France, Diana Filippova explique "la honte d’être cette Russe des années 90 dans un pays dévasté, comme si on voyait toutes vos faiblesses. Pour un enfant, c’est extrêmement violent." Selon elle, la propagande du régime de Vladimir Poutine joue sur le sentiment d’humiliation des Russes, cristallisé par l’image du fou rire entre Bill Clinton et Boris Eltsine. "Je leur en veux parce qu’il y a 40 ans, leurs grands-parents ne croyaient pas yeux fermés la propagande de l’URSS. En même temps, ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent (…) C’est toujours un sentiment ambivalent. Je crois qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de Russes qui se taisent (…) c’est à eux qu’il faut s’adresser", conclut-elle.
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