Témoignages "On rentre dans un no man's land" : les mers du Grand Sud, mélange de fascination et d'hostilité pour les navigateurs de l'Arkéa Ultim Challenge

Les navigateurs qui participent au tour du monde en solitaire des trimarans géants doivent franchir le cap de Bonne-Espérance, au large de l'Afrique du Sud, point de passage symbolique qui marque l'entrée dans les mers du Grand Sud.
Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Les six navigateurs participant à la première édition de l'Arkéa Ultim Challenge, le 7 janvier 2024 au large de Brest (Finistère). (DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE / MAXPPP)

C'est un premier passage symbolique pour les marins de l'Arkéa Ultim Challenge, le tour du monde en solitaire des trimarans géants de 32 mètres, partis de Brest le 7 janvier dernier. Le bateau en tête, celui de Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), va franchir vendredi 19 janvier le cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud de l'Afrique. Le premier des trois grands caps de ce tour de la planète, avec le cap Leeuwin en Australie et le cap Horn. Ce passage marque l'entrée dans les mers du Sud, ces mers qui à la fois fascinent et font frémir, loin de tout.

Leurs noms titillent l'imaginaire : les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants. Mais derrière ces évocations poétiques, il y a une autre réalité pour les marins, le changement de climat. Charles Caudrelier est le premier à s'y frotter : le froid pique et il y a de la buée dans le bateau. "Il fait froid par endroits, l'eau va descendre à 5 ou 6°C. Quand l'eau est très froide, il fait froid à bord. Pour la nourriture, il faut évidemment manger plus parce qu'on brûle des calories."

Au moins 20 jours dans les mers du Sud

En pénétrant dans cet univers, l'image devient monochrome, avec le gris de la mer et celui du ciel. Une zone que connaît par cœur Thomas Coville (Sodebo Ultim 3), en route pour un neuvième tour du monde. "C'est un endroit du monde qui n'appartient pas à l'Homme, où on est juste tolérés", raconte-t-il.

"Donc on rentre dans un no man's land. Ce moment-là pour moi est comme prendre une décision, c'est comme un engagement, on ne va pas faire marche arrière."

Thomas Coville, skipper

à franceinfo

Et la grande traversée n'est pas une sinécure pour Charles Caudrelier. "On est bloqués par la zone de glace, il y a beaucoup de glaçons et d'icebergs. C'est compliqué, les conditions sont hostiles. On est toujours fascinés, on a toujours envie d'y aller, mais quand on est dedans..."

Entre l'océan Indien et le Pacifique, les marins en ont au moins pour 20 jours dans ces mers du Grand Sud. Quant à Tom Laperche, dont le trimaran a subi un violent choc jeudi matin, il cherche à rallier la ville du Cap, en Afrique du Sud, d'ici à trois ou quatre jours avant de prendre une décision sur une éventuelle réparation ou un abandon.

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