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Mondiaux de ski alpin 2023 : la renaissance de Pinturault, la Canadian touch, une fan zone délaissée... Ce que l'on a aimé et moins aimé à Courchevel-Méribel

Franceinfo: sport vous raconte sa quinzaine à Courchevel et Méribel.
Article rédigé par Quentin Ramelet, Adrien Hémard Dohain, franceinfo: sport - De nos envoyés spéciaux
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6 min
Un bénévole prépare la piste avant la descente hommes des championnats du monde de Courcevel, le 12 février 2023. (JEFF PACHOUD / AFP)

Douze courses, 36 médailles et des kilos de reblochon ingurgités en un peu moins de quinze jours : Courchevel et Méribel se sont transformés pendant ces deux semaines savoyardes en un véritable temple du ski mondial. Et comme au stand du vin chaud, il y a eu des très belles surprises et quelques déceptions. Heureusement, l'arrière goût n'est pas si désagréable à l'heure de déchausser ses skis. Franceinfo: sport dresse le bilan de cette quinzaine haute en couleur.

On a aimé :

L’ambiance au beau fixe

"On a payé très cher pour avoir cette météo." Croisé au bas de l'Eclipse, Michel Vion, le président français de la FIS, avait de quoi sourire : pendant deux semaines, le soleil a inondé Méribel et Courchevel, pour des Mondiaux sans neige fraîche, mais avec beaucoup de crème solaire. Ce qui a sans doute contribué à la belle ambiance générale autour des épreuves. Si les habitués suisses et autrichiens étaient de la partie, on retiendra aussi le public français, qui a répondu présent et donné de la voix (150 000 spectateurs sur la quinzaine). Caler les vacances hexagonales (zone A) sur ces Mondiaux, avec des navettes venues de toute la région, a porté ses fruits. Mention spéciale pour les fans clubs d'Alexis Pinturault et Tessa Worley.

Le bas de l'Eclipse lors des Mondiaux de Courchevel-Méribel. (Adrien Hémard-Dohain / Franceinfo: sport)

La renaissance d'Alexis Pinturault 

L'histoire était trop belle. Alexis Pinturault avait coché cette quinzaine si particulière pour lui depuis plus d'un an. "C'est le grand objectif de mon hiver", nous avait-il confié d'ailleurs à l'aube de cette saison. Et si le Savoyard, en délicatesse sur le circuit depuis près de deux ans, n'avait plus levé les bras sur une aire d'arrivée depuis les finales 2021 à Lenzerheide, l'enfant de Courchevel est redevenu, en l'espace de deux jours, la "Bête de Moutiers".

Porté par un public chauffé à blanc et transcendé par la présence de tous ses proches, Alexis Pinturault s'est d'abord offert un second titre mondial en combiné alpin, après celui de 2019 à Are. Plus détendu que jamais, et délivré d'une certaine pression, il a décroché 48 heures plus tard une superbe médaille de bronze en super-G. Une performance presque inattendue et qui l'a visiblement convaincu de prendre un nouveau virage pour sa fin de carrière : la vitesse

Auteur du second temps de la seconde manche, Alexis Pinturault est revenu sur sa course qu'il juge de bonne facture, malgré sa prestation matinale. Le Français préfère désormais, s'orienter de plus en plus vers la vitesse.
Slalom géant hommes - Alexis Pinturault : "je vais m'orienter de plus en plus vers la vitesse" Auteur du second temps de la seconde manche, Alexis Pinturault est revenu sur sa course qu'il juge de bonne facture, malgré sa prestation matinale. Le Français préfère désormais, s'orienter de plus en plus vers la vitesse.

Les surprises canadiennes

En ski alpin, on a l'habitude de voir les étendards rouge et blanc flottés en haut des podiums avec l'Autriche et la Suisse. Mais ces Mondiaux de Courchevel-Méribel ont été marqués par le retour en force des Canadiens. Sur le super-G hommes, promis à Marco Odermatt ou Aleksander Aamodt Kilde, James Crawford est allé chercher l'or. En slalom féminin, c'est Laurence Saint-Germain, aucun top 5 en carrière jusque-là, qui a coiffé l'immense favorite Mikaela Shiffrin sur le poteau. Cerise sur le gâteau, l'inattendu Cameron Alexander s'est offert le bronze sur la descente, derrière les géants Kilde et Odermatt. Le Canada termine ainsi cinquième au tableau des médailles, et largement premier à celui des surprises. 

La famille Haaser médaillée

C'est une histoire passée un peu inaperçue, éclipsée par le sacre mondial d'Alexis Pinturault en combiné, dans sa station. Mais le même jour, l'Autrichien Raphael Haaser est lui aussi monté sur le podium, en accrochant la médaille de bronze du combiné, sa troisième breloque mondiale après celles de bronze (descente) et d'argent (super-G) de 2019. En empochant ce bronze, l'Autrichien de 25 ans a ainsi obtenu la même médaille que sa soeur aînée, Ricarda Haaser, la veille. En effet, l'Autrichienne de 29 ans, aucune victoire en carrière, a été l'invitée surprise du podium du combiné féminin la veille. 

On a moins aimé : 

Les adieux manqués de Tessa Worley et Johan Clarey

"J'ai passé la ligne d'arrivée le cœur brisé." Pour ses derniers mondiaux, Tessa Worley espérait mieux. D'autant plus qu'à l'issue de la première manche du géant, "la Puce du Grand-Bornand" n'était devancée que par la reine américaine, Mikaela Shffrin. Avant de s'élancer pour le second run, elle espérait donc "partager de belles émotions" avec sa famille et son super fan club venu en grand nombre dans les tribunes qui font face au Roc de Fer. Mais une terrible faute d'intérieur dans le mur final a mis fin brutalement à tous ses espoirs, refroidissant en même temps les 8 000 supporters présents et largement acquis à sa cause. 

Tessa Worley déçue après sa chute lors de la 2e manche du slalom géant des Mondiaux de ski alpin à Méribel, le 16 février 2023. (MAXPPP)

Pour Johan Clarey, le scénario aura été beaucoup moins cruel. Le papy du circuit, à 42 ans, vit sa dernière saison et espérait, lui aussi, offrir au public français une dernière grande émotion. Malheureusement, lors de la descente remportée par le génie suisse Marco Odermatt, le Tignard n'a jamais été en mesure de jouer avec les plus rapides, terminant 23e. "Forcément, il y a de la déception, mais un peu de soulagement aussi, avait-il admis à l'issue de la course. C'est dur. Je tire sur la machine depuis longtemps et elle commence à tirer la gueule, la machine !" Une sacrée machine qui pourra prendre paisiblement sa retraite dans un peu plus d'un mois au terme d'une incroyable carrière débutée en novembre 2003...

Le bide des bains

Une fan zone désertée. Tout était pourtant réuni : des hôtels plein d'accrédités, des tarifs beaucoup plus attractifs qu'en station, des bons produits, et de la musique. Malgré tout ça, la fan zone de Brides-les-Bains a été boudée par le public. Le "spritz des Alpes" avait pourtant de sérieux atouts, tout comme la gastronomie savoyarde servie au cœur du parc thermal. Les DJ étaient eux aussi à la hauteur, le plus souvent, sans parler du "cacuzzi", ce jacuzzi déguisé en caquelon à fondue. Tout était réuni pour prolonger la fête des Mondiaux de Courchevel-Méribel juste en dessous, dans la vallée, là où beaucoup redescendent au couché de soleil. Il ne manquait que la foule.

Le fameux "cacuzzi", en plein coeur de la fan zone de Brides-les-Bains. (FRANCEINFO: SPORT / Quentin Ramelet)

Le faux départ de l'organisation

Durant la première semaine, les organisateurs ont été dépassés par leur système de navettes mis en place spécialement pour le transfert des accrédités (organisateurs, bénévoles, techniciens ou journalistes) entre Brides-les-Bains, Courchevel et Méribel. "Il y a eu un petit rodage au début", a d'ailleurs minimisé la directrice générale de Courchevel-Méribel 2023, Perrine Pelen. Même si le problème a été réglé pour la seconde semaine, entre le fiasco des navettes, la délocalisation des points presse dans la station voisine et la "Medal Plazza" installée exclusivement en bas du Roc de Fer à Méribel, il fallait parfois faire preuve d'imagination pour rejoindre sereinement les deux stations.

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