Biathlon : neuf victoires en 14 courses... Comment expliquer l'excellent début de saison des Françaises en Coupe du monde ?

Depuis le début de saison, les Bleues trustent les podiums. A Ruhpolding (Allemagne), elles ont ajouté un succès de plus en relais, mercredi, pour la première course de cette nouvelle étape.
Article rédigé par Othélie Brion, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les Françaises, Julia Simon, Sophie Chauveau, Justine Braisaz-Bouchet et Lou Jeanmonnot, après leur victoire sur le relais d'Oberhof (Allemagne), le 7 janvier 2024. (MARTIN SCHUTT / AFP)

En quelques semaines, la Marseillaise est devenue le tube de la Coupe du monde de biathlon féminine. Voilà deux étapes que toutes les courses sont remportées par la France, grâce aux victoires de Justine Braisaz-Bouchet, Julia Simon et du relais tricolore, dimanche dernier à Oberhof (Allemagne). Une performance plus réalisée depuis 2007, où les Allemandes avaient raflé toutes les courses à Lahti puis Oslo. 

En remportant le relais de Ruhpolding (Allemange), mercredi 10 janvier, pour le compte de la 5e étape de Coupe du monde, les Françaises ont ajouté une pierre à l'édifice d'une saison exceptionnelle. Avec neuf victoires (dont sept en individuel) en 14 courses, elles ont déjà battu le record du nombre de victoires tricolores sur une saison. En 2005, Sandrine Bailly avait signé les six victoires françaises. Cette saison, elles sont déjà trois à s’être imposées (Lou Jeanmonnot, Justine Braisaz-Bouchet et Julia Simon). Comment font-elles ? Éléments de réponse.

Des leaders à maturité, des jeunes en progression

Ces débuts de rêve se placent, avant tout, dans la continuité des bons résultats des Bleues ces dernières saisons. L’an dernier, Julia Simon avait conquis le Globe de cristal de la Coupe du monde. Une biathlète de nouveau sur le devant de la scène en 2024. Tout comme Justine Braisaz-Bouchet, de retour après une pause maternité. "Ce sont deux athlètes qui sont arrivés à maturité, constate la quintuple championne du monde, Marie Dorin. Sur le tir notamment, elles ont plus d’expérience donc elles sont plus à même de gérer des situations différentes et donc d’avoir plus de régularité.",

Pour Justine Braisaz-Bouchet, sa grossesse a aussi été bénéfique : "Ce qui a le plus évolué, depuis un an et demi, c’est mon état d'esprit, ma relation avec le tir, à la compétition. Techniquement, j’ai toujours eu les clés mais je n'ai jamais su les mettre en place en compétition. Aujourd’hui, je me sens apaisée, plus détachée aussi", déclarait-elle au micro de L'Équipe après sa victoire sur le sprint de Lenzerheide (Suisse), le 14 décembre.

Derrière, Sophie Chauveau et Lou Jeanmonnot confirment les belles promesses aperçues la saison précédente : "On voit qu’elles continuent leur progression et s’intègrent au groupe", se réjouit Marie Dorin. 

Une émulation positive 

"On a un collectif dense où les filles se challengent entre elles", confirme Cyril Burdet, entraîneur physique de l’équipe de France féminine. "Les filles en place ne peuvent pas rester dans un fauteuil, car celles qui évoluent sur le circuit 'en dessous', en IBU Cup [coupe d’Europe] n’ont qu’une envie, c’est d’accéder à la Coupe du monde", développe-t-il. Jeanne Richard, l’a prouvé la semaine dernière. Pour sa première participation en Coupe du monde, la native de Thonon-les-Bains a pris la huitième place du sprint d’Oberhof.

"Chaque belle performance d’une coéquipière contribue à cette sorte d’émulation positive, bénéfique pour toutes car non seulement la pression n’est plus sur une seule leader, mais en plus il y a une saine rivalité qui peut accompagner ces athlètes dans leur recherche de performance", analyse Marie Dorin.

Un coaching qui porte ses fruits

Pour la championne olympique 2018 du relais mixte, la réussite des Bleues est aussi due à un coaching adapté : "On sent que les filles ont un staff qui a su les accompagner dans leurs performances. Elles ont su capitaliser sur leurs atouts", glisse Marie Dorin. Une vision qui coïncide avec la volonté du coach, Cyril Burdet : "Dans ma manière de voir mon boulot, j’essaie de faire en sorte que chacun puisse s’exprimer en y mettant tout son potentiel. Là, j’ai la sensation que tout le monde profite de ses capacités à plein régime".

L’année 2023, a aussi été marquée par l'arrivée de Patrick Favre. L'ancien entraîneur de tir de l'équipe masculine a rejoint Jean-Paul Giachino et son "discours très rassurant et protecteur", selon Marie Dorin. "Avoir pu compter sur un staff élargi, avec deux entraîneurs de tir cette année, ça a permis de mettre en place des séances un peu plus individualisées", salue Cyril Burdet. 

Un état d'esprit porté vers la performance

Mais pour l’ex-biathlète, arrivé dans le staff en 2022, c’est davantage l’état d’esprit des Françaises qui est à l’origine de leur excellente dynamique en Coupe du monde. "C’est un groupe vraiment porté vers la très haute performance, qui a beaucoup d'ambition, d’envie", développe Cyril Burdet.

Un état d’esprit, qui expliquerait également que l’affaire extra-sportive entre Justine Braisaz-Bouchet et Julia Simon, accusée par la première de fraude à la carte bancaire, n’ait pas eu de conséquence sur leurs performances sportives. "Elles partagent des objectifs communs. Ce ne sont, certes, pas des amies mais elles ont envie d’être championnes du monde cette année ou l’année prochaine et visent le titre olympique à Milan. C’est à travers ces objectifs partagés qu’on génère une dynamique d’équipe", juge le coach physique.

Une concurrence internationale moindre

Si les Françaises parviennent pour le moment à être à la hauteur de leurs ambitions, c’est aussi grâce à "une concurrence internationale plus faible cette année", juge Marie Dorin. L’équipe norvégienne est, en effet, en reconstruction depuis les retraites en fin de saison dernière de Marte Olsbu Roiseland et Tiril Eckhoff. "Hormis les Suédoises qui peuvent rivaliser sur les skis et quelques Allemandes, il n’y a pas grand monde", décrypte l’Iséroise, qui rappelle aussi l'absence de certains grands noms en raison de l’interdiction des Biélorusses et Russes

"Mais même avec les athlètes manquantes, je pense que les Françaises seraient encore devant car elles montrent un gros niveau depuis deux ans. On a vraiment une impression de stabilité sur l’ensemble du groupe", estime Marie Dorin. En Allemagne, les Françaises ont encore deux nouvelles occasions (sprint et poursuite) d'asseoir leur domination.

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