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Violences dans les stades : il faut des "sanctions très dures, très sévères, sur le plan administratif et sur le plan pénal" selon un ancien commissaire

Pour Michel Lepoix, chargé de la sécurité dans les stades entre 2006 et 2010 auprès du ministère de l'Intérieur, les débordements récents, comme lors Paris FC - OL, relèvent d'"une question plus sociologique que de sécurité".

Article rédigé par franceinfo
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Des débordements ont eu lieu dans les tribunes du stade Charléty, conduisant à l'interruption définitive de la rencontre opposant le Paris FC à l'Olympique Lyonnais dans le cadre des 32e de finale de la Coupe de France, le 17 décembre 2021. (BERTRAND GUAY / AFP)

"J'ai toujours été partisan de sanctions très dures, très sévères, sur le plan administratif et sur le plan pénal" pour les supporters auteurs de violences ou même pour ceux qui vont sur les pelouses, revendique l'ancien commissaire divisionnaire chargé de la sécurité dans les stades entre 2006 et 2010 auprès du ministère de l'Intérieur Michel Lepoix, ce dimanche sur franceinfo, alors que la Commission de discipline de la Fédération française de football se réunit en urgence en début de semaine prochaine au sujet des incidents de vendredi soir au stade Charléty, dans du match de Coupe de France Paris FC-Lyon.

franceinfo : Qui est responsable de ces incidents ?

Michel Lepoix : Comme dans tous ces incidents, il y a forcément un partage des responsabilités. Personne n'est tout blanc ou tout noir. D'expérience, on va toujours chercher des responsabilités uniques mais, malheureusement, c'est une question plus sociologique que de sécurité. Il y a très rarement une seule responsabilité, soit du stade, soit des supporters, soit de la police, soit des stadiers… Il y a presque toujours un ensemble de responsabilités. Sur le plan sociologique, il faut admettre que ce mouvement ultra, qui est à la limite du hooliganisme pour certains, a toujours été extrêmement difficile à circonscrire, malgré les travaux très importants faits par les sociologues comme Patrick Mignon et Nicolas Hourcade. On connaît les gens mais vous n'êtes pas un ultra tous les jours de la semaine, 24 heures sur 24. Dans les comportements des ultras, dans les associations, ils peuvent être bien encadrés et puis, à un moment donné, il y a un dérapage qui est lié à des circonstances des fois très particulières, qui sont internes. C'est toujours extrêmement difficile de trouver des responsabilités et d'avoir de vrais responsables dans ces mouvements.

La sécurité dans les stades était-elle une priorité politique à l'époque où vous étiez chargé de ce sujet au sein du ministère de l'Intérieur ?

C'était un dossier prioritaire, qui avait été pris en charge directement par Nicolas Sarkozy qui était ministre de l'Intérieur. Il suivait le dossier très directement. On avait réussi à monter tout un dispositif, en particulier les interdictions administratives de stades qui n'existaient pas auparavant, et au bout de quatre ans que la situation se décantait favorablement, on a eu l'affaire Julien Quemener, le supporter tué par un policier à la porte de Saint-Cloud en 2006. Malgré tous les efforts, il y a eu une affaire tragique qui est venu tout gâcher, et c'est souvent le cas.

Faut-il durcir les sanctions pour les supporters violents ?

J'ai toujours été partisan de sanctions très dures, très sévères, sur le plan administratif et sur le plan pénal, à l'instar de ce qu'avaient fait les Anglais à l'époque où ils ont été soumis à ce problème. Ils ont réussi à éradiquer le hooliganisme dans les grandes rencontres et les équivalents de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Après, dans les niveaux inférieurs, ce n'est pas complètement le cas. En tout cas, les mesures prises étaient drastiques. Moi, j'ai toujours été favorable à une législation exceptionnelle – mais en France on a beaucoup de mal avec une législation qui serait d'exception, à cause de notre histoire – pour une période donnée, le temps que les choses se calment, avec des peines particulières, des amendes qui soient très élevées dès les premières infractions. Pénétrer sur une pelouse en Angleterre, à l'époque où j'avais ces fonctions, c'était, dès la première fois, l'équivalent de 4 000 ou 5 000 euros d'amende, donc ça fait réfléchir. Et il faut cibler. Il faut que les procédures soient appliquées à ceux ou celles – mais ce sont des garçons la plupart du temps – qui sont les auteurs et ne pas amalgamer l'ensemble.

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