Cet article date de plus de deux ans.

Coupe du monde 2022 : 54 choses à savoir sur Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus qui rêve d'une troisième étoile

Le Basque, qui a toujours symbolisé "la culture de la gagne", dispute sa troisième Coupe du monde à la tête de l'équipe de France. Il vise un troisième sacre mondial, lui qui compte déjà deux étoiles, une en tant que joueur et une autre en tant que sélectionneur.

Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 30min
Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, lors du match contre l'Allemagne pendant l'Euro, le 15 juin 2021 à Munich. (FRANCK FIFE / AFP)

Sa vie pour des étoiles. Au Qatar, Didier Deschamps va tenter, lors de la Coupe du monde qui a débuté dimanche, de faire ce qu'il a toujours fait : gagner. Le sélectionneur de l'équipe de France, qui affronte l'Australie pour son entrée en lice, mardi 22 novembre, va tenter de remporter un troisième titre de champion du monde, le deuxième à la tête des Bleus. De son enfance à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) à l'équipe de France en passant par ses premiers pas de professionnel au FC Nantes, puis à l'OM ou à la Juventus, la culture de la victoire l'a toujours accompagné.

>> Suivez en direct les dernières informations de la Coupe du monde

En se basant sur le nombre de trophées remportés au cours de ses carrières de joueur et d'entraîneur, franceinfo aurait pu vous livrer 27 choses à apprendre sur Didier Deschamps, mais ça n'aurait pas été suffisant pour tout balayer. Nous nous sommes donc référés à son âge pour vous dévoiler 54 choses à savoir sur "DD".

1. Dans sa ville de Bayonne, où il est né le 15 octobre 1968, Didier Deschamps a désormais un stade à son nom. L'enceinte a été baptisée le 8 juillet 2000, juste après le sacre à l'Euro. Il était évidemment présent. "C'est ici que j'ai commencé (à jouer au foot) et je suis très fier de devoir beaucoup à l'Aviron bayonnais", déclare-t-il.

2. Il a commencé le foot à 11 ans à l'Aviron bayonnais, donc. Son premier entraîneur, Norbert Navarro, se souvient qu'il avait une personnalité "qui faisait que tout le monde l'écoutait, même dans le jeu". L'ado montre très vite des prédispositions. "Il survolait tout le monde, au niveau technique, physique", retrace l'entraîneur dans l'émission "Enquêtes de foot" de Canal+ consacrée au sélectionneur.

3. Enfant, Didier Deschamps n'avait pas d'idoles, mais lui le passionné de sport a admiré des grands noms du sport français, et pas seulement des footballeurs : Michel Platini, Yannick Noah, Bernard Hinault, Jean-Pierre Rives ou Serge Blanco, énumère-t-il en 2021 dans Le Parisien.

4. Avant de se consacrer uniquement au football, Didier Deschamps a touché un peu à tout : rugby, handball, basket, saut en longueur et même la pelote basque. Il avait également une bonne endurance, puisqu'il a été champion de France Minimes du 1 000 mètres, mais ne possédait pas le profil athlétique adapté. Cet amour de la course lui a servi dans le football, note-t-il dans Le Parisien.

5. Durant son adolescence, il a aussi développé une passion pour la chasse à la bécasse ou à la palombe, affirme Claude Olive, un de ses amis d'enfance, dans L'Express (article réservé aux abonnés). "C'était notre passion commune. Il aime encore ça d'ailleurs. Lors d'un concours de tir, alors qu'il était tout jeune, je me souviens qu'il nous avait tous battus. C'était un garçon hyperdoué dans tout ce qu'il faisait", ajoute-t-il.

6. Avant de choisir le centre de formation du FC Nantes, Didier Deschamps a été approché par les Girondins de Bordeaux, de Claude Bez. Le président du club s'est même déplacé en personne chez les Deschamps pour les convaincre. Mais les valeurs et les manières du FC Nantes convenaient mieux à la famille. Il est arrivé dans une cadillac qui était "plus longue que la maison", rapporte "DD" à France Bleu. "Bez est allé jusqu'à dire à mes parents : 'Mettez le chiffre que vous voulez'. C'est là que mon grand-père a dit : 'Mais c'est un maquignon, celui-là'", se souvient le sélectionneur.

7. A la Jonelière, le centre de formation de Nantes, il affirme un peu plus son rôle de leader. Et lorsque Seth Adonkor, pensionnaire du centre, meurt dans un accident de voiture, Didier Deschamps se charge d'annoncer la terrible nouvelle à son demi-frère, lui aussi au centre, Marcel Desailly. "Je me suis dit 'je le connais suffisamment bien, je vais lui dire'", assure-t-il à Canal+.

8. Un épisode dont se souvient très bien Marcel Desailly, qui le raconte dans son autobiographie Capitaine (éd. Stock, 2002) : "Qu'est-ce qu'il a ''Blanchard'' (surnom qu'il donnait à Deschamps pour son look "ringard") ? Pourquoi me regarde-t-il comme ça, si triste, si pâle ? Je ne comprends pas. Déjà, quand il est entré dans la chambre, je l'ai trouvé bizarre. Il a rangé ses affaires en silence, comme s'il me faisait la tête, à moi, son frère noir. (...)

- Marcel, il faut que je te parle.

- Oui...

Sa main se pose sur mon avant-bras. Une main fébrile, une main froide, une main qui donne le frisson. Il tremble, ''Blanchard''. Il a du mal à parler. J'ai peur.

- Qu'est-ce qu'il y a, Didier ?

Sa main agrippe mon bras. Jamais il ne m'a touché comme ça.

- Marcel... Seth est mort... Jean-Michel aussi... Sidi est à l'hôpital... Ils ont eu un accident à midi."

9. Son passage à Nantes a laissé des traces dans les souvenirs de ses partenaires ou de son entraîneur, Jean-Claude Suaudeau. "Je n'ai pas retrouvé un joueur comme lui, aimant autant ce goût de l'effort. Il ressemble à un menhir, il est indestructible, il a une force en lui incroyable et les gens qui ont la force ne doutent pas", décrit le technicien chez Canal+.

10. Trois ans après la mort du demi-frère de Marcel Desailly et de son autre camarade du centre de formation, Jean-Michel Labejof, Didier Deschamps perd son frère aîné, Philippe, en décembre 1987, dans un accident d'avion. Il a 19 ans. "Le décès de son frère ainsi que celui de ses coéquipiers l'ont fait grandir plus vite, même s'il était déjà mature", note dans Libération (article réservé aux abonnés) Raynald Denoueix, à la tête de la formation nantaise ces années-là. 

11. Un malheur n'arrivant jamais seul, trois jours après la mort de son frère Didier Deschamps apprend celle de son beau-père, le papa de Claude, sa future femme, rencontrée à Nantes.

12. Le décès de son beau-père "lui a remis les pieds sur terre", assure dans Ouest-France David Saint-Guily, un ancien camarade de la Jonelière. "DD", qui sortait avec la bande au Speak Easy, la boîte du coin, "est vite redevenu sérieux".

13. "A Nantes, je filais un mauvais coton. Avec le groupe pro, j'ai découvert la vie extérieure et elle était plutôt belle. Robert Budzynski me disait 'Il vaut mieux que tu connaisses ça, là, maintenant'", reconnaît Didier Deschamps à France Bleu. "J'ai un peu trop profité de la vie à une certaine période et le fait d'avoir rencontré ma future femme m'a stabilisé, m'a calmé et m'a remis sur le droit chemin." 

14. Il fait ses débuts chez les professionnels en D1 avec Nantes, contre Brest, le 27 septembre 1983, quelques jours avant son 18e anniversaire. Et pour un gagneur tel quel lui, ça ne pouvait pas commencer autrement que par une victoire (3-1).

Didier Deschamps (à gauche) lors de son premier match en Division 1 avec le FC Nantes, le 27 septembre 1985, à Brest (Finistère). (MAXPPP)

15. Si la première voiture d'Odile Deray était une Peugeot, celle de Didier Deschamps était une Mitsubishi Colt. Un souvenir qu'il n'assume pas trop. "On a le droit de rigoler, mais il ne faut pas se moquer", plaisante-t-il sur France Bleu.

16. Il a joué à Nantes, à Bordeaux, à Marseille, à la Juventus, à Chelsea et a terminé sa carrière à Valence, en Espagne, où il prend sa retraite en tant que joueur en 2001, après une finale de Ligue des champions perdue contre le Bayern, à laquelle il assiste, impuissant, sur le banc de touche.

17. Il a bien failli porter les couleurs du PSG. A son arrivée à Marseille en novembre 1989, Bernard Tapie, le patron du club phocéen, ne croit pas trop en ses capacités. Il le prête d'abord à Bordeaux puis veut l'envoyer jouer au PSG. Mais le joueur refuse d'être prêté une seconde fois. Il appelle son président et lui dit : "Vous m'avez fait signer à Marseille, je vais réussir à Marseille", raconte le sélectionneur dans "Enquêtes de foot" sur Canal+.

18. "DD" finit par s'imposer à Marseille. Avec la victoire contre Milan en finale de Ligue des champions, le 26 mai 1993, il devient le premier capitaine d'un club français et le plus jeune capitaine de l'histoire de la compétition, à 24 ans, à soulever le prestigieux trophée.

Didier Deschamps, alors capitaine de l'OM, soulevant la Ligue des champions après la victoire de Marseille en finale contre Milan AC, le 26 mai 1993 à Munich (Allemagne). (GEORGES GOBET / AFP)

19. A Marseille, son passage est aussi marqué par l'affaire OM-VA. Dans son autobiographie Je ne joue plus ! (Ed. de l'Archipel, 2016), son ancien coéquipier, Jean-Jacques Eydelie, raconte que Didier Deschamps et Marcel Desailly étaient présents à une réunion où Bernard Tapie leur aurait demandé de contacter leurs ex-coéquipiers de Nantes, arrivés à Valenciennes, rapportait L'Obs en 2006.  

20. Didier Deschamps s'est-il dopé à l'EPO à la Juventus ? Interrogé à trois reprises par un procureur italien, il a toujours nié avoir pris de l'EPO. Il a toutefois déclaré avoir pris des produits par intraveineuse et en injection, sans savoir lesquels. Mais comme l'a révélé "Complément d'enquête" sur France 2, un doute peut subsister puique son taux d'hémoglobine s'envole parfois au-dessus de 50%, loin des 42% considérés comme la norme masculine.

21. Partout où il est passé, Didier Deschamps a gagné. En tant que joueur de club et en sélection, il a amassé 17 trophées, dont deux Ligue des champions, une Coupe du monde et un Euro. En tant qu'entraîneur, il a remporté 10 titres. Il a notamment rapporté un titre de champion de France à l'OM en 2010, dix-sept ans après le dernier. Et s'il a perdu en finale de Ligue des champions avec Monaco (2004) et de l'Euro contre le Portugal en 2016, il s'est rattrapé deux ans plus tard au Mondial en Russie. 

22. Il est d'ailleurs entré dans un cercle très fermé en 2018 : celui des vainqueurs de la Coupe du monde en tant que joueur et entraîneur. Il a rejoint le Brésilien Mario Zagallo et l'Allemand Franz Beckenbauer. 

23. Malgré les titres sur le banc de l'OM, cette expérience n'a pas forcément été douce pour Didier Deschamps. Le courant ne va pas passer avec José Anigo, le directeur sportif du club, comme l'ont révélé des écoutes téléphoniques publiées par L'Equipe (article réservé aux abonnés) en avril 2016. Il se plaint de sa relation avec le directeur sportif à la propriétaire du club, Margarita Louis-Dreyfus : "Ici, il y a une personne, c'est José Anigo, depuis que je suis arrivé, il n'attend qu'une seule chose (...), c'est que je parte (...) C'est quelqu'un qui me déteste et je le déteste profondément. Et qui fait tout contre moi."

24. Ce retour à Marseille va le transformer physiquement. "Là-bas, je voyais qu'il grossissait, qu'il était souvent au frigo, mais je ne lui ai rien dit parce qu'à ce moment-là, il n'était pas prêt à l'entendre", confie son épouse, Claude Deschamps, dans le documentaire Didier face à Deschamps, diffusé sur TF1 en 2019. La balance, elle, ne rigole pas trop puisqu'il va dépasser la barre des 100 kg. 

25. Pour perdre du poids, Didier Deschamps, comme d'autres footballeurs professionnels comme André-Pierre Gignac, Zinédine Zidane, Karim Benzema, Steve Mandanda, est allé à Merano, en Italie, pour suivre une cure.

26. Il a inventé un geste bien connu des terrains de foot : parler en se couvrant les lèvres pour dissimuler ses propos. Comment ? Juste après le sacre des Français contre l'Italie lors de l'Euro 2000, le 2 juillet, il s'entretient avec Roger Lemerre sous les yeux des caméras. Deschamps veut annoncer sa retraite internationale, le sélectionneur veut l'en dissuader. Le contenu de la conversation est révélé par Le Parisien grâce à des experts de la lecture labiale. Désormais, le sélectionneur se méfie et cache ses lèvres. "Si j'avais déposé le brevet, j'aurais amassé des fortunes", plaisante-t-il dans Libération.

Le sélectionneur Roger Lemerre et son capitaine Didier Deschamps après la finale de l'Euro 2000 à Rotterdam(Pays-Bas), le 2 juillet 2000. (OLIVIER MORIN / AFP)

27. Le Basque peut être têtu. Lors de l'Euro 2000, il n'a pas apprécié un article de L'Equipe, du journaliste Vincent Duluc, titré "Deschamps, plus qu'un joueur", dans lequel il écrivait que Patrick Vieira était un meilleur milieu que Deschamps mais que ce dernier devait absolument jouer. "Il a retenu juste que Vieira était un meilleur joueur que lui, il s'est fâché", raconte le journaliste à L'Equipe. Il avait donc boycotté la conférence de presse avec les journalistes.

28. Chez les Bleus, certains lui ont reproché d'avoir un poids trop important. Notamment Ibrahim Ba, ancien ailier du Milan AC, qui a fait partie des fameux six joueurs de l'équipe de France privés du Mondial 1998. En mars de cette même année, quelques mois avant que le couperet ne tombe, Ibrahim Ba échange des mots avec Deschamps lors d'un choc du championnat d'Italie entre les Rossoneri et la Juventus Turin. A la fin de la rencontre, les deux joueurs se retrouvent avec Aimé Jacquet, sélectionneur des Bleus, venu voir la rencontre. Deschamps lance à Ba : "Alors c'est comme ça qu'on parle à son capitaine [en équipe de France] ?" Quelques mois plus tard, Ba ne sera pas de l'aventure France 1998. "DD", lui, nie toute ingérence dans les listes d'Aimé Jacquet.

29. L'ancien international David Ginola le tient carrément pour responsable de sa non-sélection pour le Mondial 1998. Dans le "Complément d'enquête" de France 2 consacré au sélectionneur avant le Mondial en Russie en 2018, il accuse au téléphone, sans savoir qu'il est enregistré : "C'est quelqu'un qui, pour moi, m'a empêché de réaliser mon rêve. Et mon rêve était de participer à une Coupe du monde."

30. Après le Mondial 1998, Didier Deschamps n'a pas été omniprésent sur les écrans de télévision comme certains de ses partenaires. Il n'a fait qu'une seule publicité, pour des petits-beurre. "Disons qu'il est spontanément plus à l'aise ballon au pied que devant une caméra !", remarque pour "Complément d'enquête" Benoît Chaix de Lavarène, ex-directeur marketing de Danone.

31. Influent et central dans le foot français, Didier Deschamps savait avant tout le monde que les Bleus se préparaient à faire grève lors du Mondial 2010. "Sans trahir le secret, la veille, je savais qu'il allait se passer quelque chose, ils voulaient marquer le coup par rapport à ce qui s'était passé", explique-t-il à Canal+ en 2015.

32. Didier Deschamps est sélectionneur des Bleus depuis juillet 2012 mais connaît Noël Le Graët, le président de la FFF, depuis le mitan des années 1990, ce qui n'empêche pas les deux hommes de continuer à se vouvoyer. "Je ne tutoie pas facilement et ça ne me viendrait pas à l'idée de le faire avec lui", explique Le Graët à L'Equipe (article réservé aux abonnés). "Je préfère un vouvoiement avec respect qu'un tutoiement sans respect", répond le sélectionneur.

33. Parmi les héros de France 1998, il n'a pas gardé que des amis. Il est ainsi brouillé avec Christophe Dugarry depuis 2018, rapporte L'Equipe (article réservé aux abonnés). Le Bordelais, alors qu'il animait son émission sur RMC, lui avait reproché de "prendre l'équipe de France en otage", en s'obstinant à ne pas sélectionner Karim Benzema. Ce dernier performait avec le Real Madrid et n'était plus soumis au contrôle judiciaire dans l'affaire de la sextape depuis le mois de février 2016.

34. Guy Stéphan travaille avec Didier Deschamps depuis 2009 et son passage à l'OM. Leur collaboration a continué chez les Bleus. Ils partagent une coutume durant les grandes compétitions : le sélectionneur rase la tête de son adjoint. "Je me substitue à sa chère et tendre pour le rasage. C'est comme un rituel entre nous", déclare le sélectionneur au Journal du dimanche (article réservé aux abonnés).

Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, et son adjoint, Guy Stéphan, durant le match de Ligue des nations contre l'Autriche, à Vienne, le 10 juin 2022. (FRANCK FIFE / AFP)

35. Depuis qu'il est sélectionneur, Didier Deschamps a une routine : il regarde une douzaine de matchs chaque week-end avec son adjoint, sans oublier les matchs européens du milieu de semaine. "On voit une vingtaine de matchs par semaine, donc on n'est pas loin des 1 000 par an", compte-t-il pour Le Figaro (article réservé aux abonnés).

36. L'actuel agent de Didier Deschamps est Jean-Pierre Bernès. Entre les deux hommes, des tensions sont apparues après la qualification pour le Mondial 2014. Jean-Pierre Bernès a voulu convaincre "DD" de sélectionner un autre de ses "poulains", Samir Nasri. Refus catégorique du sélectionneur, qui craint le pouvoir de nuisance du joueur. "A ce moment-là, c'est vrai qu'on a eu une discussion un peu chaude, a confirmé l'agent à L'Equipe (article réservé aux abonnés), (...) c'est vrai que j'ai pris la défense de Nasri. J'ai fait remarquer à Didier que c'était bizarre qu'un seul joueur puisse mettre le groupe à l'envers. Il m'a expliqué quelque chose que je ne comprenais pas et que j'ai compris après."

37. "DD", "La Desch'"... Didier Deschamps a plusieurs surnoms. Aimé Jacquet, son sélectionneur, l'a affublé de "Trois pommes", en raison de sa taille. Dans son autobiographie, Ma vie pour une étoile (éd. Robert Laffont, 1999), Aimé Jacquet évoque un "professionnel intégral, très fort mentalement, qui s'analyse, analyse le jeu et les hommes avec lucidité, impitoyablement, pour le bien du collectif".

38. Quand il faut trouver des zones d'ombre à Didier Deschamps, peu de personnes osent parler. Dans "Complément d'enquête", en 2018, certaines personnes, au téléphone, refusent de témoigner. "Je ne peux pas, face caméra, tenir des propos autres que des propos de type hagiographique", dit l'une d'entre elles. "Je ne vous ai rien dit, parce que je ne veux pas, je le paierais cher", dit une autre personne. Ce reportage n'a d'ailleurs pas été du goût du sélectionneur, qui l'a trouvé "trop critique", selon Thomas Sotto le présentateur de l'époque. Le sélectionneur a même boycotté l'interview de fin d'émission, contrairement à ce qui était convenu.

39. Didier Deschamps a lancé Kylian Mbappé chez les Bleus. Les deux hommes s'estiment et se respectent. Mais lors du Mondial 2018, la prestation de l'attaquant contre l'Australie, lors de l'entrée en lice des Bleus, n'a pas plu au sélectionneur. Il n'a pas assez couru et pas assez vite. Devant tout le groupe, lors de la séance vidéo, Deschamps tance le jeune attaquant. Mais pour le ménager, le sélectionneur avait pris soin de le prévenir qu'il allait le "tailler" devant ses coéquipiers, rapporte L'Equipe (article réservé aux abonnés).

Didier Deschamps et Kylian Mbappé à Clairefontaine (Yvelines) le 30 mai 2022. (FRANCK FIFE / AFP)

40Ce n'est pas la seule fois où Didier Deschamps a dû recadrer Kylian Mbappé durant la Coupe du monde en Russie. Lors du quart de finale tendu contre l'Uruguay, l'attaquant reçoit un carton jaune pour un geste technique jugé superflu et provoquant par l'arbitre, comme le montrent les images de TF1. Le joueur est alors très remonté. Le sélectionneur intervient et le recadre vertement : "Kylian, oh ! Ecoute-moi... Arrête de faire chier, stop et c'est tout." "Il mérite toute l'admiration pour ce qu'il fait mais quand il y a quelque chose qui ne me plait pas...", justifie ensuite le sélectionneur dans l'émission "Téléfoot".

41. La culture de la gagne, "DD" a voulu la transmettre à son fils unique, Dylan. "Mon fils me remercie peut-être aujourd'hui car cela lui a donné du caractère. On a toujours tendance à laisser gagner les enfants. Moi, jamais. Cela a été dur pour mon fils", explique-t-il au Parisien.

42. S'il y a bien un domaine où Didier Deschamps n'excelle pas, c'est la cuisine. Et il le reconnaît volontiers : "Ce n'est vraiment pas mon truc (...) j'ai totalement renoncé sur ce point-là. Il y a des combats perdus d'avance, celui-ci en fait partie". Un jour, il a essayé de réaliser des canettes aux pruneaux, le résultat fut "non concluant", euphémise-t-il dans Le Figaro (article réservé aux abonnés)"Je prends plus de plaisir à déguster qu'à faire déguster", avoue-t-il.

43. Sa maison, à Concarneau (Finistère), a été taguée de l'inscription "Raciste" avant l'Euro 2016 en France. Le sélectionneur avait décidé de se passer de Karim Benzema, en raison de l'affaire de la sextape. En réponse, l'attaquant avait donné une interview au journal espagnol Marca dans laquelle il avait déclaré que Deschamps avait "cédé à une partie raciste de la France".

Le mur de la maison de Didier Deschamps à Concarneau (Finistère) tagué de l'inscription "Raciste", le 3 juin 2016. (MAXPPP)

44. L'animateur Nagui fait partie du cercle proche du sélectionneur. Leur amitié a débuté dans les années 1990. "Je suis un gros chambreur et lui adore cela aussi. On plaisante énormément", assure le sélectionneur dans Le Parisien. Ils passent parfois leurs vacances ensemble, leurs femmes sont amies, mais ça ne permet pas pour autant à l'animateur d'obtenir des informations exclusives sur les choix du sélectionneur national.

45. Nagui s'est même brouillé avec un restaurateur à cause de Didier Deschamps. Les deux hommes se disputent souvent pour régler l'addition. Un jour, le sélectionneur a prétexté un passage aux toilettes pour aller payer en douce alors que Nagui avait prévenu qu'il paierait lors de la réservation. "J'ai pris le restaurateur entre quatre yeux et, depuis, je n'y suis pas retourné", raconte l'animateur dans Le Parisien.

46. Didier Deschamps est également ami avec le chanteur Vianney. Ce dernier a même écrit une chanson pour le sélectionneur, qui l'a accompagné durant tout le Mondial 2018. Cette chanson a vu le jour "sur un déplacement que Vianney a fait, pour venir à un match, avec un groupe qui était avec lui, dont ma femme et mon fils. Il a décidé d'écrire rapidement et de faire une chanson qui est magnifique d'ailleurs. Mais personne ne l'écoutera et personne ne saura. Ça reste privé", a précisé Didier Deschamps à Europe 1.

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Vianney (@vianneymusique)

47. Dans l'émission "Complément d'enquête", l'un de ses biographes, Bernard Pascuito, auteur de La Face cachée de Didier Deschamps (Ed. First), dit du sélectionneur qu'il le "fait penser par moments à cette phrase de Nicolas Sarkozy à propos de Chirac : 'Tout le monde dit qu'il est très con et très gentil. Et en fait, il est très méchant et très intelligent !'"

48. A la fin de l'année 2018, Didier Deschamps a refait sa dentition. "Ça ne regarde que moi, a-t-il d'abord lâché sur Europe 1. Je n'ai pas envie d'en parler. C'est ma vie privée, donc je n'ai pas à commenter, dire le pourquoi du comment." Il a toutefois reconnu que l'argument esthétique avait prévalu : "La seule chose que je peux dire, c'est que, bien évidemment, en étant sélectionneur de l'équipe de France, il y a un côté représentatif qui est important, parce que cela concerne l'image de la fédération."

49. Didier Deschamps aime bien se siffler une Corona "de temps en temps". Mais il n'est pas "addict" à cette boisson, comme a pu le faire croire un journaliste qui, dans un article, avait écrit que l'ancien international demandait expressément une caisse de Corona après les matchs des Bleus. Une rumeur qui lui a réservé quelques surprises, notamment lors des mises au vert de l'équipe de France. Il a retrouvé un jour dans sa chambre d'hôtel une énorme vasque remplie d'une douzaine de Corona. "Le responsable pensait bien faire", sourit le sélectionneur auprès de France Bleu.

50. Didier Deschamps est le sélectionneur des Bleus depuis dix ans, un record donc. Mais tout aurait pu s'arrêter plus tôt si les Bleus avaient échoué en barrages du Mondial 2014 contre l'Ukraine. Battus 2-0 au match aller à Kiev, ils vont réussir l'exploit de s'imposer 3-0 au Stade de France lors du match retour. Ces quelques jours entre les deux matchs ont marqué "DD". "C'est dans les quatre jours entre les deux matchs contre l'Ukraine que j'ai ressenti l'essence du rôle de sélectionneur, les leviers, les discussions avec le groupe et cette sensation que tout pouvait basculer. Là aussi, c'est une question de destin, sans doute. Je me souviens que, dans ma tête, tout était clair. Rapidement, j'ai fait mes choix, et le contexte nous a poussés. Il y avait un truc dans l'air, une adrénaline", retrace-t-il dans L'Equipe (article réservé aux abonnés).

51. La légende prête à Didier Deschamps une chance perpétuelle qui l'aurait accompagné tout au long de sa carrière : la fameuse "chatte à 'DD'". Une légende dont s'amuse désormais le sélectionneur. "Oui, il y a une partie de chance dans n'importe quelle réussite professionnelle. Après, je pense qu'on peut gagner une fois par hasard. Mais quand ça se répète...", souligne-t-il auprès de L'Equipe (article réservé aux abonnés).

52. Pendant son temps libre, Didier Deschamps joue au padel, un mélange de squash et de tennis, et s'entretient grâce au gainage. "Il s'agit d'un défi pour moi, à raison d'une heure quotidienne sans interruption. Ça n'a rien d'une torture", assure-t-il dans Le Parisien (article réservé aux abonnés).

53. Didier Deschamps compte 103 sélections en tant que joueur de l'équipe de France. Et en tant que sélectionneur, il compte 132 rencontres, ce qui fait de lui évidemment le plus "capé" de l'histoire des entraîneurs des Bleus. L'équipe de France représente vingt ans de sa vie. "C'est la plus belle chose qui me soit arrivée", assure-t-il dans L'Equipe (article réservé aux abonnés).

54. Que va-t-il se passer pour lui après le Mondial au Qatar ? Il ne le sait pas. Il n'a pour l'instant pas prolongé son contrat avec la FFF, mais n'a pas forcément envie d'arrêter. "Je me dis que ce n'est certainement pas la dernière [Coupe du monde] (...) Je sais juste que mon corps et ma tête ont toujours besoin de ça, de cette adrénaline", assure-t-il dans L'Equipe (article réservé aux abonnés). Le fait de voir régulièrement revenir le nom de Zinédine Zidane pour lui succéder "ne (le) gêne pas", car son sort dépendra du parcours des Bleus, comme l'a rappelé Noël Le Graët. "Si on va en demi-finales, c'est lui qui a le choix. S'il se sent motivé pour continuer, on ne discute même pas. Si on n'est pas dans le dernier carré, on discute... Dans cette hypothèse-là, c'est moi qui ai la main", a prévenu le patron de la FFF dans L'Equipe (article réservé aux abonnés).

Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, et la président de la FFF, Noël Le Graët, à Doha (Qatar), le 1er avril 2022. (FRANCK FIFE / AFP)

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.