Tour de France 2021 : trio infernal, chutes, suspicion... Ce qu'on a aimé et moins aimé de la 108e édition
La 108e édition du Tour de France a rendu son verdict dimanche soir. Voici ce qu'on en a retenu.
Le Tour de France est arrivé à son terme, dimanche 18 juillet, avec l'arrivée de la 21e étape sur les Champs-Elysées. Le doublé pour un Tadej Pogacar insatiable, la renaissance de Mark Cavendish, une première semaine exceptionnelle, le retour du public, des chutes en cascade et une fin de Tour à l'ambiance plus délétère : voici ce qu'on a retenu de cette 108e édition.
On a aimé
Alaphilippe - van der Poel - van Aert, vent de fraîcheur sur le Tour
Heureusement qu’ils étaient là. Dans un Tour de France endolori rapidement par l’ultra-domination de Tadej Pogacar, le trio des inclassables Julian Alaphilippe - Wout van Aert - Mathieu van der Poel a fait feu de tout bois. Les voir s’écharper toute l’année a un côté grisant que le Tour se devait de découvrir. C’est désormais chose faite.
Tous les trois vainqueurs d’étape, deux des trois porteurs du maillot jaune, le trio a surtout décoincé les scénarios de course préétablis : Alaphilippe a attaqué avant tout le monde dans la Fosse aux Loups (1re étape), van der Poel a bousculé le peloton le lendemain (2e étape), van Aert a dompté en solitaire le Ventoux (11e étape). Un vent de fraîcheur et un tue-l’ennui bienvenu en marge de la bagarre du classement général.
Derrière Pogacar, la prime aux offensives
9 sur 21. C’est le nombre d’étapes dont le vainqueur est issu de l’échappée matinale sur cette édition. Près de la moitié des étapes ont sacré un vainqueur parti dans le bon wagon au départ de la journée : Mohoric (deux fois), Teuns, O’Connor, van Aert, Politt, Mollema, Kuss, Konrad. Fait encore plus rare : tous se sont imposés en solitaire après s’être débarrassés de leurs compagnons.
Une prime à l’offensive directement liée au scénario de ce Tour de France : la domination rapide de Pogacar a ouvert la course derrière lui, et beaucoup ont pris leur chance. Les favoris n’ont souhaité s’expliquer qu’à cinq reprises sur ce Tour (étapes 9, 11, 15, 17 et 18), laissant le champ libre aux échappées, qui ont accepté l'offrande à bras ouverts.
La ferveur dans les Pyrénées
Après un court passage alpin, marqué par des arrêtés préfectoraux qui ont sérieusement entamé la ferveur dans les Alpes, l’autre grand massif a fait plus que prendre le relais. Mieux servies avec cinq étapes, les Pyrénées ont aussi été beaucoup plus souples concernant l’accueil des supporters. Hormis le col du Portet inaccessible en voiture pour rester protégé (mais desservi par des remontées mécaniques), toutes les ascensions pyrénéennes ont été le théâtre des scènes du monde d’avant, à savoir des foules denses fendues par les coureurs.
Mais aussi d'immenses aires de camping improvisées, avec des camping-cars nichés dans chaque recoin offert par la montagne. Que ce soit le 14 juillet sur la route de Saint-Lary Soulan, ou bien avant en Andorre, ou plus tard sur les pentes du Tourmalet et de Luz Ardiden : la traversée des Pyrénées a été marquée par un retour du public sans limite, et sans pancarte.
On a moins aimé
Le climat de suspicion au-dessus du Tour
Pendant deux semaines et demi, le peloton et le Tour de France avaient été (relativement) épargnés par le spectre du dopage. Les performances de Tadej Pogacar jetaient bien des doutes, mais aucun fait concret n’était venu accréditer ces théories. Jeudi 15 juillet, jour de la 18e étape, le peloton mais aussi le monde du cyclisme en général s’est réveillé avec la gueule de bois en apprenant que l’hôtel de la formation Bahrain-Victorious avait été perquisitionné.
La victoire de Tadej Pogacar le soir-même, puis celle de Matej Mohoric (sa deuxième sur ce Tour) le lendemain, doigt zippé sur la bouche en prime, n’ont rien fait pour aider à rassurer un public déjà méfiant vis-à-vis de l’énorme domination des Slovènes depuis deux ans. Aucun fait révélé mais le climat de suspicion nauséabond qui s’est emparé de la fin du Tour de France a gâché la fête.
Les chutes qui ont écrémé le peloton
Beaucoup moins nombreuses une fois la Bretagne passée, les chutes resteront l’image marquante de la première semaine du Tour de France. Avec 42 abandons, cette édition est la plus scélérate pour les coureurs depuis l’édition 2012 (45). Au-delà du bilan médical douloureux, ces carambolages ont amputé chaque segment de course de prétendants : Primoz Roglic parmi les favoris, Jack Haig chez les grimpeurs, puis Caleb Ewan ou Arnaud Démare pour les sprints.
Avec un peloton mené à vive allure chaque jour, des oreillettes en question dans le final des étapes et des solutions qui tardent à se manifester, les chutes resteront le premier décisionnaire de cette 108e édition.
Le manque de concurrence dans les sprints
Ce serait faire injure à la renaissance de Mark Cavendish ou à la fiabilité extrême du train de la Deceuninck-Quick Step, tyrannique sur ce Tour. Mais aussi agréable soit-il de voir sous nos yeux la renaissance du seul phénix de l’île de Man, elle nous a également remémoré la concurrence illusoire de ses années de domination.
On aurait aimé voir le Britannique se coltiner Caleb Ewan, Arnaud Démare ou Tim Merlier sur l’intégralité du Tour. La despotique formation belge a cadenassé les emballages massifs, orbitant la comète Cavendish cette année après la navette Bennett l’an passé. Le sprinteur de 36 ans a remporté tous les sprints disputés sans chute à l'exception du dernier sur les Champs-Elysées, signe d’une concurrence aux abois ou victime d’avoir goûté l’asphalte.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.