Tour de France 2021 : "J'ai eu l'impression d'être un criminel", Matej Mohoric et Bahrain Victorious passent outre la polémique
Matej Mohoric a remporté vendredi une deuxième étape sur la Grande Boucle, deux jours après la perquisition de son hôtel par la gendarmerie.
Matej Mohoric savoure. Sourire aux lèvres, il profite des derniers mètres le séparant de la ligne d'arrivée à Libourne. Juste avant de signer sa deuxième victoire sur le Tour de France 2021, vendredi 16 juillet, le champion de Slovénie place soudainement un doigt devant sa bouche, avant de passer son index et son pouce le long de ses lèvres.
Le symbole pourrait surprendre dans un tel moment de joie. Il répond à une polémique née quelques jours plus tôt. "C'était par rapport à ce qu'il s'est passé il y a deux jours avec la gendarmerie, a expliqué Mohoric, en référence aux perquisitons menées mercredi 14 juillet à l'hôtel de son équipe, Bahrain-Victorious, à Pau. Ça ne veut pas dire "Fermez-la", nous respectons les autorités."
Le spectre du dopage hante toujours le Tour
Avant même cette intervention, l'équipe de l'archipel arabe était la cible des rumeurs. Le brillant Tour d'Italie de Damiano Caruso (2e du général), qui n'avait jamais dépassé la 8e place d'un Grand Tour, a surpris. Le doublé inattendu de Mark Padun sur les étapes alpestres du Critérium du Dauphiné a entraîné quelques froncements de sourcils. La facilité du sprinteur Sonny Colbrelli, certes à l'aise sur les parcours accidentés, dans les épreuves de montagne du Tour de France (3e à Tignes devant le grimpeur Guillaume Martin), a valu son lot de commentaires acerbes.
Finalement, une enquête préliminaire a été ouverte pour "acquisition, transport, détention, importation d’une substance ou méthode interdite aux fins d’usage par un sportif sans justification médicale" par le parquet de Marseille, début juillet. Une enquête rendue publique après les perquisitions menées dans leur hôtel palois.
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Après sa victoire, Mohoric s'est fait philosophe. "C'est une bonne chose que nous soyons contrôlés, que nous fassions preuve de transparence, a-t-il expliqué. C'est pour cela que nous avons collaboré quand la police est venue à notre hôtel. Cela montrera que le cyclisme a changé et que nous n'avons rien à cacher. Voir les policiers fouiller dans mes affaires, c'était bizarre. J'ai eu l'impression d'être un criminel. J'étais contrarié, puis je me suis dit que c'était bien pour le cyclisme et les coureurs. Et pour notre équipe, ça nous a rapprochés, nous a rendus plus déterminés."
"De la détermination" en plus
Une frustration transformée en énergie ? "Un petit peu, a reconnu Mohoric. Cela m'a donné de la détermination. J'ai toujours voulu faire de mon mieux, tout donner, mais cela m'a donné de la motivation. Montrer aux gens que nous n'avons rien à cacher." Lui l'assure, le martèle depuis deux jours, il n'a rien à se reprocher. "Nous sommes venus participer à la plus grande course cycliste au monde. Nous avons travaillé si dur, avec tellements de sacrifices, a-t-il souligné. Nous ne sommes quasiment jamais rentrés chez nous. Les programmes d'entraînements, de courses, d'alimentation... C'est de la rigueur pure, de la discipline." Aucune démonstration en solitaire ne dissipera les doutes. Mais soupçon n'est pas preuve. A l'heure actuelle, seul un fait est certain : Bahrain Victorious va arriver à Paris avec trois victoires d'étapes. Le reste, Mohoric et ses coéquipiers s'en fichent certainement.
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