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JO de Tokyo : cinq mois après, la médaille d'or a-t-elle changé leur vie ?

Aux Jeux olympiques de Tokyo, cet été 2021, les Français ont remporté 33 médailles dont 10 en or. Quelques mois après leurs exploits, les projecteurs se sont un peu éloignés, mais les sportifs médaillés sont aujourd'hui connus du grand public.

Article rédigé par Jérôme Val
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
"Ca fait quelque chose, d'entendre des jeunes, des adultes me dire qu'ils commencent l'escrime grâce à moi", raconte le champion olympique d'épée Romain Cannone, ici le 1er août, au Trocadéro, de retour des JO de Tokyo. (KMSP via AFP)

Quand on pose la question à Romain Cannone, la réponse fuse. "C’est sûr que oui", le titre olympique a bouleversé la vie de l'épéiste, premier Français à décrocher l’or, le 25 juillet, dans la salle du Makuhari Messe de Tokyo.

Il a mesuré la force de son nouveau statut de champion olympique à son retour des Jeux. "D’avoir des jeunes, même des adultes, me disant qu’ils commencent l’escrime grâce à moi, ça fait vraiment quelque chose, c'est sympa à entendre", raconte Romain Cannone, confortablement installé dans un canapé de la station de Tignes, où il participe aux Etoiles du Sport. "Ça fait vraiment plaisir à entendre. C’est l’une des choses les plus marquantes de ma carrière."

"Des sollicitations éphémères"

Jean Quiquampoix a été titré en tir, dans l'épreuve du pistolet vitesse. Il précise que sa médaille se trouve "à la maison, dans un coffre-fort, gardée bien au chaud et en sécurité." Lui assure avoir presque la même vie qu’avant, que "le titre de champion olympique est venu asseoir une crédibilité, vous avez plus de sollicitations mais en soi, c’est éphémère. Ça ne dure que quelques mois", détaille-t-il.

On retombe vite dans l’anonymat, d’autant que le tir est un sport peu médiatisé. Dire que ça a changé ma vie est un peu fort.

Jean Quiquampoix, champion olympique de tir

à franceinfo

Reprendre le chemin de la salle, renouer avec ses partenaires et avec la compétition permet aussi de garder les pieds sur terre, s’il y a une petite tentation de prendre la grosse tête. "Certains de mes amis me disent être surpris que je n’ai pas changé du tout" s’amuse Romain Cannone. "Heureusement parce que si je change, il faut me prévenir ! Je n’ai pas envie de changer ma nature mais de m’améliorer." Mais "peut-être que je prendrais la grosse tête si je gagne deux médailles en 2024", ajoute-t-il, sur le ton de la boutade.

Le titre olympique ouvre des portes

Une médaille aux JO permet aussi de braquer les projecteurs sur d'autres pans de la personnalité de l’athlète. C’est ce dont a pu bénéficier Enzo Lefort, champion olympique par équipes de fleuret. "Ce titre a mis la lumière sur un autre aspect de ma vie : la photographie", se réjouit le Guadeloupéen de 30 ans. "Ça faisait partie de moi avant la médaille, mais ce titre a mis en avant cette autre facette de ma personnalité."

Enzo Lefort a eu très vite l'occasion de s’en rendre compte. "Je devais faire une exposition-photo en novembre 2020 et pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous, elle a finalement eu lieu en septembre 2021, un mois après ma médaille"raconte-t-il.

Les médias ont énormément parlé de mon exposition, et ça a mis un gros coup de projecteur sur mon travail.

Enzo Lefort, champion olympique de fleuret par équipes

à franceinfo

Un livre de photographies prises par le fleurettiste durant les Jeux Olympiques, à huis-clos, doit aussi sortir en juin 2022, avec le soutien d’un éditeur. Ses précédents ouvrages avaient été publiés en autoédition.

"On devient la référence"

Après des vacances plus ou moins longues, la vie d’athlète de haut-niveau a repris son cours : entraînements, quelques compétitions et un regard sur soi qui peut changer. "Forcément, les adversaires nous regardent différemment"détaille le tireur Jean Quiquampoix, qui a repris la compétition en novembre. "On devient la référence et mes concurrents avaient envie de me battre, même s’ils ne me le disent pas. A leur place, j’aurais eu le même sentiment et j’aurais été très content de battre le champion olympique."

Même si les prochains Jeux olympiques semblent loin, si avant eux il y a d’autres échéances, tous assurent viser l’objectif suprême : garder leur titre et réussir le doublé, à Paris 2024.

JO de Tokyo : cinq mois après, la médaille d'or a-t-elle changé leur vie ? - Reportage de Jérôme Val

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