Jeux de Paris 2024 : sept questions pas si bêtes sur la flamme olympique

Allumée à Olympie, la flamme arrive en France, en accostant dans le port de Marseille à bord du "Belem". Le symbole des JO effectuera ensuite un long parcours, pour arriver à Paris le jour de la cérémonie d'ouverture, le 26 juillet.
Article rédigé par franceinfo
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Deux volontaires lors d'un test grandeur nature de relais de la flamme olympique à Nogent-sur-Seine (Aube), le 22 mars 2024. (VINCENT LOISON / SIPA)

Le top départ des Jeux olympiques de Paris a été donné. La flamme olympique a été allumée le 16 avril, en Grèce, à Olympie, berceau historique de la compétition sportive. Le feu sacré a été remis, dix jours plus tard, à Tony Estanguet, à Athènes, avant de poursuivre son périple jusqu'en France. Et c'est à bord du Belem que la flamme est arrivée, mercredi 8 mai, dans le port de Marseille.

Elle doit ensuite prendre le chemin de la capitale, transmise d'une main à l'autre au cours d'un long relais, jusqu'au 26 juillet, date de la cérémonie d'ouverture des Jeux. Elle illuminera ensuite la capitale, depuis le jardin des Tuileries, pendant la durée de l'événement. A l'occasion de l'allumage de cette torche mythique, franceinfo répond à sept questions pas si bêtes sur cet emblème du sport international.

1 Comment est-elle allumée ?

Ce n'est pas à Athènes, mais bien à Olympie, dans le sud de la Grèce continentale, que la flamme renaît en amont de chacune des éditions des Jeux olympiques. Dans la Grèce antique, le site d'Olympie accueillait le premier tour des Jeux de l'époque, mais était aussi un carrefour religieux, où des feux brûlaient en permanence au temple de la déesse Héra comme sur les sites sportifs. 

Comme le rappelle le Comité international olympique (CIO), la flamme est aujourd'hui encore allumée grâce au soleil, à l'aide d'un miroir parabolique de conception antique, que l'on appelait "skaphia" du temps d'Aristote. La cérémonie d'allumage est traditionnellement confiée au Comité olympique hellénique, qui mobilise pour cela un groupe de femmes selon un rituel précis.

Si les Jeux paralympiques utiliseront le même flambeau, celui-ci sera allumé à Stoke Mandeville, berceau du paralympisme, au Royaume-Uni, avant d'entamer son propre relais, du 25 au 28 août.

2Quel est le combustible utilisé pour alimenter la torche ?

Il s'agit d'un gaz répandu : le propane. Auparavant, on utilisait du propylène, qui produisait certes une flamme intense, mais aussi beaucoup de fumée. Ce gaz a été utilisé pour la dernière fois en 1996, aux Jeux d'Atlanta, comme l'expliquait en 2000 la chaîne australienne ABC. Lors des Jeux de Sydney, les torches contenaient pour la première fois un mélange sous forme liquide de butane et de propane. C'est finalement ce dernier élément qui a été retenu en vue des Jeux d'été de Tokyo en 2021. Pour Paris 2024, le CIO précise que les torches carbureront au biopropane, issu du traitement d'huile végétale agricole ou de déchets verts. 

3 Comment fait-elle pour ne pas s'éteindre au moindre coup de vent ou quand il pleut ?

Le risque zéro n'existe pas. Malgré plusieurs idées astucieuses, comme l'intégration à la fin des années 1990 d'un système de double brûleur (le plus protégé peut rallumer l'autre en cas d'extinction), il est déjà arrivé que des torches olympiques s'éteignent. En 2004, des vents puissants ont eu raison de la flamme dans un stade antique d'Athènes. En 2012, elle s'est éteinte plusieurs fois durant le relais, et ce, dès le troisième jour, rapportait alors le Guardian.

Si l'avarie fait tache, elle n'est souvent que de très courte durée. Pour rallumer ce gros briquet olympique, les organisateurs du relais peuvent se targuer d'utiliser le même feu venu d'Olympie, grâce à des lanternes de secours. Ces dernières sont en fait directement inspirées des lampes de mineurs et voyagent avec les porteurs de flamme.

Afin de pouvoir rallumer la torche olympique à tout moment, des lanternes de sécurité sont transportées tout au long du relais. (PROTECTOR LAMP)

La torche a parfois été conçue pour des situations extrêmes : elle a par exemple plongé en 2000 le long de la Grande Barrière de corail, gravi l'Everest avant les Jeux de Pékin en 2008 et fait un tour dans les eaux glaciales du lac Baïkal en amont des Jeux de Sotchi, en 2014. A chaque fois, des versions spéciales de la torche ont néanmoins été utilisées.

Concernant ces JO de 2024, l'organisation parisienne assure que la torche répond à un cahier des charges strict. "Quelles que soient les conditions climatiques, la flamme doit rester allumée, explique à franceinfo Mathieu Lehanneur, designeur et créateur de la torche. On a travaillé avec des systèmes catalytiques, les mêmes que ceux utilisés par les alpinistes qui doivent réchauffer un repas à 4 000 mètres".

Soumis à une batterie de tests lors de sa phase de conception, l'objet a été éprouvé pour qu'il soit en mesure d'affronter des conditions climatiques difficiles. Le feu contenu dans l'objet peut "résister à des vents de 100 km/h", précise Grégory Murac, directeur délégué du relais de la flamme olympique et paralympique. Toutefois, en cas de mésaventure ou d'incidents, l es gardiens de la flamme accompagnant les relayeurs seront chargés de rallumer le flambeau avec le feu venu d'Olympie contenu dans des petites lanternes.

4 La torche est-elle lourde à porter ?

Produite à 2 000 exemplaires, contre 10 000 par exemple aux Jeux olympiques de Tokyo, la torche olympique est légère et facile à porter. Son poids a été au cœur des préoccupations de son créateur. "Nous nous sommes évertués à réduire le poids pour atteindre 1,6 kg". L'épaisseur de l'acier utilisé pour la fabrication de cet objet, haut de 70 cm, ne dépasse pas les 0,7 mm. "On est quasiment sur l'épaisseur d'une feuille de papier", précise Mathieu Lehanneur. 

Des tests d'ergonomie ont été réalisés pour vérifier que n'importe quel type de main puisse la tenir. "Quand on a mis la torche entre les mains de celles et ceux qui l'ont déjà portée, comme Tony Estanguet, il expliquait qu'elle était mieux équilibrée que la torche d'autres éditions." Les flambeaux ne seront pas, à proprement parler, passés de main en main, mais simplement accolés les uns aux autres pour transmettre la flamme – on appelle d'ailleurs ce passage un "baiser", comme l'explique le site officiel.

Sur les 200 mètres courus par chaque relayeur pendant le parcours de la flamme, le risque de brûlure est minime, car la chaleur est diffusée dans les 10 à 15 centimètres de la partie haute de l'objet. "Il n'y a aucune conduction thermique", ajoute Grégory Murac. "Le manche ne change pas de température, même pas d'un demi-degré", complète Mathieu Lehanneur.

Le skipper Armel Le Cleac'h pose avec la torche et la lanterne olympiques, à Paris, le 8 avril 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

5 La flamme restera-t-elle tout le temps allumée jusqu'à son arrivée à Paris ?

Après la cérémonie d'allumage le 16 avril, la flamme rejoindra Paris sans jamais s'éteindre. Allumée à Olympie grâce à l'énergie du soleil, elle sera conservée tout au long du voyage "dans des petites lanternes de mineur qui ont des certifications spéciales nous permettant de prendre l'avion notamment", précise Gégory Murac. Le convoi accompagnant la torche et les porteurs comprendra plusieurs lanternes de secours.

Un important dispositif de sécurité a été prévu pour sécuriser la flamme tout au long du parcours. Gendarmes et policiers mobilisés encadreront le porteur en permanence pour éviter toute intrusion. Les autorités craignent que des militants ne profitent de la médiatisation des relais pour tenter d'éteindre la flamme.

En cas d'urgence, une flamme "ultime de secours", est présente à Paris pour "être sûr et certain que c'est bien la flamme d'Olympie qui allumera la vasque lors de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet", explique l'organisation du relais. 

6 Cette tradition remonte-t-elle vraiment à la Grèce antique ?

Ce cérémonial du relais de la flamme est en fait né à Berlin en 1936, lors des Jeux de la XIe olympiade de l'ère moderne. Lors de la préparation de ces Jeux marqués par l'empreinte du nazisme, Carl Diem, secrétaire général du comité d'organisation, s'était inspiré d'un rituel religieux antique pratiqué en Grèce : les courses aux flambeaux. En ces occasions, les habitants des cités "honoraient les dieux par des lampadédromies, (...) consistant à l'origine en un simple relais depuis un feu sacré jusqu'à un autel", raconte le Comité national olympique et sportif français (CNOSF).

Lors de la fête des Panathénées, une célébration religieuse dédiée à la déesse protectrice d'Athènes, plusieurs équipes s'affrontaient lors d'un relais. "L'équipe arrivée la première avec un flambeau toujours enflammé avait l'honneur d'allumer l'autel de Prométhée et était récompensée". L'idée de Carl Diem est reprise par Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande du IIIe Reich, qui organise le premier relais olympique en 1936. La flamme allumée à Olympie était alors partie de Grèce le 20 juillet et, après un périple de 10 jours et de 3 000 kilomètres, était arrivée au stade olympique de Berlin le 1er août.

7 Pourra-t-on acheter une torche olympique en souvenir ?

Pour ces JO 2024, le comité n'a pas souhaité vendre au public les 2 000 flambeaux, ni les donner aux relayeurs. "A la fin du relais, les torches seront récupérées, reconditionnées, et pourront être vendues au prix de revient aux parrains du Relais, partenaires et parties prenantes de l'écosystème de Paris 2024", explique à franceinfo l'organisation du relais. Les porteurs de la flamme ne repartiront toutefois pas bredouilles. "J'ai dessiné un objet qui sera donné à chacun des relayeurs", explique Mathieu Lehanneur, qui souhaite garder l'effet de surprise concernant ce cadeau.

A la suite des précédents JO, il était tout à fait possible de rejouer la cérémonie du "chaudron olympique" chez soi, dans son jardin ou sur son balcon. "Lors de précédentes éditions, l'organisation offrait la possibilité aux relayeurs d'acheter leur torche, mais ces ventes créaient des situations pas très olympiques", relate le créateur du flambeau.

Ainsi, il n'était pas rare d'en retrouver sur des sites de revente ou sur le catalogue de prestigieuses maisons de ventes aux enchères. En 2012, deux porteurs de torche avaient déclaré avoir reçu des offres en ligne allant de 40 000 à 150 000 livres sterling (respectivement près de 47 000 et 176 000 euros de nos jours) pour céder le précieux réceptacle olympique, selon le Guardian . En juillet 2023, une torche datant des Jeux de Grenoble 1968 a été vendue pour 187 500 dollars (environ 176 000 euros), selon le site de la maison d'enchères. Plus tôt, d'autres flambeaux de la même édition étaient partis pour 225 000 dollars (211 000 euros), rappelle France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

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