Slimane à l'Eurovision 2024 : comment les candidats français sont-ils sélectionnés ?

Slimane représentera la France à l'Eurovision 2024, a annoncé mercredi la cheffe de la délégation française à l’Eurovision. Lors d'une sélection en interne, la délégation a jeté son dévolu sur un artiste reconnu. De 2018 à 2022, le public élisait l'artiste qu'il souhaitait envoyer au concours.
Article rédigé par franceinfo - Sophie Allemand
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Slimane représentera la France en 2024, après La Zarra en 2023, Alvan & Ahez en 2022 et Barbara Pravi en 2021 (AFP photos)

Après deux grosses déceptions à l'Eurovision avec des artistes débutants ou émergents, Alvan & Ahez en 2022 et La Zarra en 2023, la France change de stratégie pour l'Eurovision 2024 en envoyant Slimane, un chanteur déjà établi. Depuis 10 ans, le mode de sélection du candidat français à l'Eurovision n'a cessé d'évoluer : du comité réservé aux professionnels, à la décision en interne, en passant par le choix du public.

Pour l'Eurovision 2023 et 2024, deux candidats sélectionnés en interne

Slimane, gagnant de la cinquième saison de "The Voice" en 2016, le télécrochet musical de TF1, "a conquis depuis longtemps le cœur des Français", se félicite Alexandra Redde-Amiel. La cheffe de la délégation française à l'Eurovision et directrice des divertissements et jeux de France Télévisions justifie ce choix en évoquant les "deux millions d'albums [vendus] à son actif", ainsi que ses "cinq prix aux NRJ Music Awards".

En choisissant un artiste reconnu, Alexandra Redde-Amiel veut mener la France à la victoire, après la décevante 16e place de La Zarra et son titre Évidemment en 2023. La chanteuse québécoise, inconnue en France, avait attiré l'attention de la délégation française parmi de multiples candidatures.

"Les candidatures sont lancées dès la fin de l'Eurovision précédente", explique Nathalie André, ex-directrice des jeux et divertissements de France 2 en charge de la sélection. "Parmi les tonnes de propositions reçues, 90% d'entre elles partent à la poubelle. Puis notre travail, c'est aussi d'aller chercher l'artiste que l'on veut", ajoute Nathalie André. L'ex-cheffe de la délégation française estime que c'est ce qu'Alexandra Redde-Amiel, "a fait avec Slimane. Depuis Amir en 2016, les maisons de disques font confiance à l'Eurovision, grâce à toute l'audience que ça génère." 

La sélection doit être validée avant le 28 août, il faut que la chanson n'ait jamais été diffusée en vidéo sur les réseaux sociaux, ou sur Youtube avant cette date. La charte de l'Eurovision impose aussi un titre d'une durée de trois minutes maximum, avec des paroles qui ne soient ni vulgaires, ni politiques.  

Des candidats élus par le public, grâce à des télécrochets de 2018 à 2022

En 2013, quand France 3 était aux commandes, un comité de sélection ouvert aux professionnels de la musique avait été mis en place. Lorsque France 2 a repris le flambeau, la délégation a préféré la discrétion, avec une sélection en interne. "La musique, c'est un métier. Je trouvais ça beaucoup plus intéressant que des personnalités du métier choisissent, plutôt que le public", explique Nathalie André. 

Lors des éditions de 2018, 2019, 2021 et 2022, le public a pu élire l'artiste qu'il souhaitait pour représenter le drapeau tricolore à l'Eurovision, avec deux télécrochets. Ainsi, grâce à "Destination Eurovision", le public a envoyé Madame Monsieur au concours en 2018, et Bilal Hassani en 2019. En 2021, lors d'"Eurovision France, c'est vous qui décidez", le public a choisi Barbara Pravi, puis le groupe breton Alvan & Ahez, en 2022.

Ce mode de sélection avait l'avantage de "remobiliser les téléspectateurs français, les Français et Françaises autour de l'Eurovision", estime Stéphane Chiffre, le président d'Eurofans, l'association des fans français de l'Eurovision. Néanmoins,"ce n'est pas indispensable. Les deux formules ont apporté de bons résultats, et de moins bons", selon le fan de l'Eurovision. Par exemple, Barbara Pravi a fini deuxième avec une sélection publique en 2021, bien mieux que la 24e place d'Alvan & Ahez 24e en 2022, alors qu'Amir est arrivé 6e avec une sélection interne en 2016. 

"Tout est possible, il faut surtout trouver l'artiste et la chanson qui vont pousser les gens à envoyer un SMS pour voter pour la France. Avec Slimane, un artiste fédérateur, on part avec un gros atout", conclut Stéphane Chiffre, ravi de ce choix de la délégation pour 2024. 

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