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Rentrée littéraire : treize romans coups de cœur

Une rentrée peu affectée en volume par la crise sanitaire, avec 511 romans, parmi lesquels nous vous avons déniché quelques perles. 

France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Lecteur dans un parc de Sao Paulo et couvertures des romans coups de coeur dela rédaction de Franceinfo culture de la rentrée littéraire de l'automne 2020 (Franceinfo avec Ettore Chiereguini / AGIF / AGIF via AFP)

Alors que les premières sélections et premiers prix d'automne commencent à s'égrener, voici quelques pépites repérées dans cette riche rentrée littéraire qui se déroule dans un contexte où le secteur du livre est manifestement épargné par la crise de la Covid-19

1"Histoire du fils", de Marie-Hélène Lafon

Couverture de "Histoire du fils", de Marie-Hélène Lafon, août 2020 (Buchet-Chastel)

(Buchet-Chastel – 176 pages – 15 €)

Marie-Hélène Lafon nous plonge dans une fresque familiale, qui embrasse un siècle d'histoire, en s'attachant à recoudre par le récit une filiation rompue aux origines. Après Joseph (2014) ou Nos vies (2017), un nouveau roman une fois encore déployé de son écriture travaillée comme une terre. Elle a reçu avec ce roman le Prix des libraires de Nancy. Elle est également dans la première sélection du Prix Renaudot  

2"Les villes de papier - Une vie d’Emily Dickinson", de Dominique Fortier

Couverture de "Les villes de papier - Une vie d'Emily Dickinson", de Dominique Fortier (@ éditions Grasset)

(Grasset - 224 pages - 18€)

Ce livre n’est pas une biographie d'Emily Dickinson, figure de la poésie nord-américaine, mais la description de son intériorité telle que l'auteure canadienne Dominique Fortier l’a imaginée. Un roman feutré, délicat, qui parle de la manière dont les lieux gardent en mémoire les vies qui s'y sont déroulées, et de la manière dont ces vies s'y sont imprimées. Le résultat : un merveilleux roman dont on voudrait retenir les pages, et dont l'atmosphère nous imprègne longtemps après que le livre a été refermé. 

3"Impossible", d'Erri de Luca

Couverture de "Impossible", de Erri de Luca (GALLIMARD)

(traduit de l'Italien par Daniele Valin - Gallimard – 176 pages – 16,50 €)

Le romancier italien Erri De Luca donne dans Impossible (Gallimard) la quintessence de ce qui anime son œuvre et sa vie depuis ses débuts. Un roman en forme de dialogue entre un juge d'instruction et un homme soupçonné d'avoir précipité dans une crevasse en montagne un ancien camarade de sa jeunesse révolutionnaire. Un très beau roman court et philosophique, où il est question d'engagement, du collectif, de montagne et d'amour.  

4"La discrétion", de Faïza Guène

Couverture de "La disrétion", de Faïza Guène (Editions Plon)

(Plon – 250 pages – 19 €) 

Faïza Guène s'est fait connaître à l'âge de dix-neuf ans avec son premier roman, Kiffe Kiffe demain (Hachette 2004), énorme succès de librairie traduit dans 26 langues. La virtuose romancière aujourd'hui âgée de 35 ans publie dans cette rentrée d'automne 2020 La discrétion (Plon), un puissant roman qui d'une écriture directe, incarnée et sans complaisance, offre un récit ample, qui dépasse largement l'histoire d'une seule famille, car elle embrasse celle de milliers de mères, de maris, de fils et de filles, sur trois générations d'immigrés nord-africains, le cœur entre l'Algérie et la France. 

5"Une rose seule", de Muriel Barbery

Couverture d'Une rose seule, de Muriel Barbery (Actes Sud)

(Actes Sud - 160 pages - 17,50€)

L'histoire du voyage de Rose au Japon pour enterrer un père qu'elle n'a jamais connu. La plume de Muriel Barbery nous entraîne autant que ses personnages, ses mots mis bout à bout formant de fines guirlandes surprenantes. Le raffinement de l'art de vivre japonais se ressent jusque dans l'agencement des mots : une succession de chapitres, comme une cérémonie du thé, ses rituels, et son rythme impassible. 

6"Le Bowling du Point du Jour", d'Elizabeth McCracken

Couverture du "Bowling du Point du Jour" d'Elizabeth McCracken. (Editions NIL)

(traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Hélène Cohen - Editions NIL - 464 pages – 22 €)

Une poignée de personnages hauts en couleur, une bourgade perdue du Massachusetts, quelques parties de bowling et une touche de fantaisie : voici les ingrédients du dernier roman de l'écrivaine américaine Elizabeth McCracken. Cette tragi-comédie décalée séduit pour son ambiance plus que soignée, ses dialogues truculents et ses héros tendrement loufoques. 

7"Chavirer", de Lola Lafon  

"Chavirer", de Lola Lafon, août 2020 (Actes Sud)

(Actes Sud – 352 pages – 20,50 €)

Avec ce nouveau roman, Lola Lafon raconte les mécanismes d'un réseau pédophile dans les années 1980-90. Le corps est une fois encore au cœur de ce récit, qu'elle déroule d'une écriture mimétique, traquant les manquements, les silences, les gestes avortés et les manipulations qui, plus puissantes que la violence, resserrent doucement mais sûrement la corde glissée autour des cous graciles de leurs victimes, soumises sans violence apparente. La romancière décortique ainsi la complexité de la question du consentement et interroge plus largement sur nos propres lâchetés. "L'affaire Galatée nous tend le miroir de nos malaises : ce n'est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche ; ces hontes minuscules, de consentir journellement à renforcer ce qu'on dénonce".  Le roman de Lola Lafon est dans la première sélection du Prix Décembre, et également la première sélection du Prix Goncourt. 

8"Carnaval", d'Hector Mathis

Couverture du roman d'Hector Mathis, Carnaval (Editions Buchet/Chastel)

(Buchet-Chastel - 224 pages - 16€)

Hector Mathis avait été l’une des révélations littéraires de la rentrée 2018. Dans K.O., il racontait alors la fuite effrénée de ses personnages dans un Paris grondant le soir du 13 novembre. Son style acéré, rythmé, maniant la langue comme des notes discordantes, avait tapé dans l’oreille des libraires. Avec son deuxième roman, Carnaval, la suite du premier – mais qui peut se lire indépendamment - nous retrouvons ses personnages et sa plume, qui n’a rien perdu de sa verve, au contraire : un talent se confirme. 

9"Bénie soit Sixtine", de Maylis Adhémar

Couverture de "Bénie soit Sixtine" (Julliard, 2020)

(Julliard - 304 pages - 18 €)

Ce premier roman fait le récit d'une échappée. Celle d'une jeune femme grandie dans une famille catholique "tradi", autrement dit intégriste qui à la suite d'un accident de la vie va s'ouvrir au monde "extérieur" et trouver une nouvelle manière de vivre sa foi, et de mener sa vie. Ce premier roman bien construit, écrit d'une plume concise, rythmée se lit autant comme un thriller psychologique que comme un documentaire sociologique.

10"Sale bourge", de Nicolas Rodier

Couverture de "Sale bourge", de Nicolas Rodier, août 2020 (FLAMMARION)

(Flammarion - 224 pages – 17 €) 

Un autre premier roman, une autre histoire de vie dans un milieu bourgeois et catholique. Ici moins intégriste mais tout aussi sectaire, et surtout des familles et des milieux où la violence est depuis des générations érigée en système, se reproduisant mécaniquement de génération en génération. Phrases et chapitres courts, ce premier roman déploie sa force et son efficacité dans une écriture carrée, factuelle, quasi clinique, sans pathos. 

11"Patagonie route 203", d'Eduardo Fernando Varela

Couverture de "Patagonie route 203", de Eduardo Fernando Varela, 2020 (Editions Métailié)

(traduit de l'espagnol (Argentine) par François Gaudry - Editions Métailié - 368 pages – 22.50 €) 

Ce premier roman, publié à l'âge de soixante ans, par  Eduardo Fernando Varela, scénariste de télévision et de cinéma, embarque le lecteur dans un road-trip à travers la Patagonie, dans l'immensité de ses paysages et l'extravagance de ceux qui l'habitent. Explorant l'âme humaine autant que les paysages, ce "jeune romancier" nous transporte dans un univers saisissant, dont la rudesse oblige ses habitants à écouter la poésie du monde, et à s'interroger sur l'essentiel et ce à quoi ils aspirent vraiment. Le livre a obtenu le Prix Casa de las Americas 2019 et il est dans la première sélection du Prix Roman Etranger Femina 

12"L'autre Rimbaud", de David Le Bailly

Couverture de "L'autre Rimbaud", de David Le Baiily, août 2020 (L'ICONOCLASTE)

(L'Iconoclaste -  370 pages – 19 €)

Une enquête étonnante sur Frédéric Rimbaud, le frère du poète, rayé de la carte par la famille Rimbaud. Ce livre à la forme hybride, mis-enquête, mi-roman, est une plongée passionnante dans l'histoire d'une famille. Si le récit reste centré sur le personnage du frère, il offre aussi en creux un portrait du poète de son enfance, de sa famille, et du monde dans lequel sont nés ses premiers poèmes. David Le Bailly dépeint merveilleusement les atmosphères, nous immerge dans les paysages arides des Ardennes, dans la brutalité de ce monde paysan, dans la réalité d'un temps disparu. Un sujet décalé, une forme singulière, le cocktail est osé, mais le résultat est très réussi. 

13"Les disparus du Joola", d'Adrien Absolu

Couverture du livre "Les disparus du Joola", d'Adrien Absolu, août 2020 (Editions JC Lattès)

(JC Lattes - 250 pages – 19 €)

Un autre livre enquête de cette rentrée littéraire, qui s'intéresse au naufrage du Joola, un ferry qui reliait Dakar à Ziguinchor en Casamance, le 26 septembre 2002, et qui provoqua la mort d'au moins 1863 personnes. Le roman prend sa source dans un petit village du Morvan, et dans le souvenir de Dominique, un jeune homme victime de la catastrophe. Adrien Absolu remonte le fil de son histoire et élargit son champ d'investigation, démontant tout le système de négligences et de corruptions qui a conduit à la tragédie. Dans la première sélection du Prix Essai Renaudot.   

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