Tennis : Tsitsipas de retour, Humbert et Monfils en confiance, Alcaraz et Nadal dans le flou... Le baromètre des Français et des cadors après Monte-Carlo

La saison de terre battue est bel et bien lancée. Stefanos Tsitsipas a remporté le premier Masters 1000 de l'année sur la surface, à Monte-Carlo, en dominant Casper Ruud en finale, dimanche 14 avril. A un mois et demi de Roland-Garros, franceinfo: sport fait le point sur les états de forme des favoris et les Français avec l'ancien 8e mondial Arnaud Clément, consultant France Télévisions.

Les favoris : Tsitsipas au top, du positif pour Djokovic et Sinner

C'est lui qui a le plus marqué les esprits en allant soulever le trophée. Après six derniers mois difficiles, le spécialiste de la terre battue Stefanos Tsitsipas a bouclé une belle semaine, avec un seul set perdu et une finale conclue en une petite heure et demie (6-1, 6-4). "En gagnant dans ces conditions-là, c’est forcément un client pour Roland derrière", assure Arnaud Clément.

Grâce à ce titre, le Grec, qui fait son retour dans le top 10 du classement ATP (7e), a notamment engrangé "beaucoup de confiance", selon notre consultant : "Par rapport au contexte, à ce manque qu’il pouvait avoir depuis quelque temps, ça va encore plus le booster pour les prochaines semaines".

S'il s'est arrêté en demi-finale, battu par Casper Ruud (6-4, 1-6, 6-4). Novak Djokovic a lui aussi produit pour Arnaud Clément une "semaine positive", avec "des tours assez costauds, assez solides", comme face à Roman Safiullin (38e) lors de son entrée en lice (6-1, 6-2). Mais il lui en manque encore peut-être un peu physiquement pour être prêt pour Roland-Garros. "On voit par moments qu’il peut manquer un tout petit peu de rythme (...) Ce manque risque d’être pallié assez vite dans les prochaines semaines."

La question de la fraîcheur physique va aussi se poser pour Jannik Sinner, éliminé aux portes de la finale. "Par rapport à son début d’année, ses déplacements, cette fatigue accumulée, je me demande si à un moment donné, il ne va pas le payer", explique Arnaud Clément, qui évoque l'hypothèse d'enlever à son programme un Masters 1000 (Madrid ou Rome) pour arriver frais à Paris.

Pour lui, l'Italien, un peu moins bon sur terre, a néanmoins montré de bons repères sur la surface, et n'aura "pas besoin d’un mois sur terre, de beaucoup de matches pour naturellement trouver la glissade, la distance avec la balle".

Finaliste malheureux, Casper Ruud repart de Monte-Carlo avec quelques réussites et beaucoup de regrets. D'un côté, une première victoire fondatrice contre Novak Djokovic en demi-finale. "Quand on a battu le numéro 1 mondial dans une demi-finale de Masters 1000, un match important, on retient au minimum ça de très positif sur la semaine", affirme Arnaud Clément. Mais de l'autre, le Norvégien n'a ensuite pas fait le poids en finale face à Tsitsipas, avec du "stress", de la "crispation", en se mettant "peut-être trop de pression". Autant d'aspects à travailler pour les prochaines échéances.

Les Français : du bon pour Humbert et Monfils, du mieux pour Fils

Le numéro 1 français, Ugo Humbert, a lui aussi gagné de la confiance après ses performances à Monte-Carlo, où il n'avait encore jamais gagné en trois participations. Éliminé en quarts de finale, il a réussi à chiper un set à Casper Ruud (6-4, 4-6, 6-1). "Il avait besoin peut-être de se dire : 'Je suis capable d’avoir des résultats sur des gros tournois'. Là, c’est extrêmement positif pour la suite de la saison sur terre. Il va avoir plus de certitudes", décrypte Arnaud Clément, qui estime que le Messin a "progressé dans d'autres secteurs", de la régularité à la frappe en coup droit.

Après un premier tour accroché contre le lucky loser Aleksandar Vukic, Gaël Monfils, bénéficiaire d'une wild card, s'est arrêté en 16es de finale, battu par le numéro 4 mondial, Daniil Medvedev. "Ce qu’on reprochait peut-être à Gaël dans sa carrière, ce sont ses grosses instabilités. Je trouve qu’il est très stable dans sa concentration, dans son envie. Ce sont des bons matchs dans tous les tournois, il est en progression permanente depuis le début de l’année", estime notre consultant. 

Éliminé au même stade que Gaël Monfils, le jeune Arthur Fils (19 ans) a relevé la tête, après une tournée sud-américaine sur terre battue difficile en début d'année (une victoire, trois défaites). "On l’a senti avec un état d’esprit beaucoup plus positif. Il travaille, il y a beaucoup de travail à faire, mais il a retrouvé le plaisir sur le court, déjà, et c’était très important", selon Arnaud Clément, qui retient une dynamique "positive" pour les trois Français avant Roland-Garros.

Gros point d'interrogation, en revanche, pour Adrian Mannarino, deuxième tricolore à l'ATP (20e), forfait avant le premier tour, et plus en difficulté sur la terre battue. "En fonction du tableau qu’il aura à Roland, il pourra être capable de faire quelque chose, sur des conditions qui peuvent lui convenir, pourquoi pas."

Les interrogations : Alcaraz "irrégulier", Nadal dans le flou

Les deux Espagnols ont brillé par leur absence à Monte-Carlo et le flou sur leurs performances à Roland-Garros est encore loin d'être levé. Rafael Nadal, qui n'a plus joué depuis début janvier à Brisbane, a dû renoncer car il n'était pas encore prêt physiquement. L'Espagnol, 14 fois vainqueur porte d'Auteuil, avait réaffirmé mi-février que Roland-Garros faisait partie de ses principaux objectifs. "On sent qu’il a une envie énorme, qu’il se prépare du mieux qu’il peut, mais il y a toujours un petit truc qui bloque", regrette Arnaud Clément.

Également absent sur l'ocre monégasque pour une blessure au bras, Carlos Alcaraz n'a, lui, pas eu l'occasion de se rassurer, après des dernières semaines en dents de scie. "Je le trouve irrégulier depuis un moment (...) Il manque un fonds de jeu qu’il n’arrive pas encore à retrouver avec assez de régularité", juge Arnaud Clément, qui pointe aussi du doigt ses "pépins physiques". Au rang des favoris, l'ancien joueur met l'Espagnol "un petit peu derrière les quatre demi-finalistes".