Biathlon : globe de la mass start, 26 podiums en Coupe du monde, trois Tricolores dans le top 5... Le bilan d'une saison historique pour les Françaises
Exceptionnelle. Extraordinaire. Les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la saison des Bleues. Une saison comme jamais l'équipe de France de biathlon n'en avait connu. Avec une nouvelle victoire ce week-end de Lou Jeanmonnot sur la mass start, à Canmore, au Canada, qui lui a permis de remporter le petit globe de la spécialité, les Françaises ont fini en beauté : 26 podiums (dont 11 victoires) en 21 courses individuelles, sans oublier les trois podiums (dont un succès) sur les cinq relais féminins. Avec cette dernière course, la native de Pontarlier est même passée tout près du gros globe, stoppée à 23 points de la vainqueure 2024, l'Italienne Lisa Vittozzi.
Avant même cet ultime week-end de Coupe du monde, Cyril Burdet, responsable et entraîneur physique de l’équipe de France féminine de biathlon confiait à franceinfo: sport que la saison était déjà réussie, entre "les résultats des Mondiaux, les résultats collectifs obtenus sur la Coupe du monde et la régularité qu'on a eu tout au long de la saison". Si le gros globe aurait été "une cerise sur le gâteau", les petits globes étaient clairement des objectifs de la saison : "Ça aurait été une déception de ne pas en cueillir un ou deux". Avec celui de la mass start, l'objectif est donc atteint.
"Une saison exceptionnelle"
Avec ce petit globe dans leur bagage, elles ont achevé, dimanche, une saison historique. Jamais une équipe de France n'avait été aussi forte, dominatrice et dense. La preuve : elles sont trois dans le top 5 final du classement de la Coupe du monde, Lou Jeanmonnot prenant la deuxième place, Justine Braisaz-Bouchet la quatrième et Julia Simon la cinquième. Depuis le début de la saison, il n'y a pas eu un week-end sans podium français.
"Cette saison a été exceptionnelle. La dynamique a été très bonne depuis l'ouverture de la Coupe du monde, et cela a donné une émulation collective sur laquelle on a capitalisé, et qui est très agréable à accompagner."
Cyril Burdet, responsable et entraîneur physique de l’équipe de France féminineà franceinfo: sport
Au total, sur les 21 courses individuelles, les Bleues sont montées sur plus de la moitié des podiums cette saison : Justine Braisaz-Bouchet à huit reprises (dont cinq victoires), Julia Simon à six reprises (deux succès), et Lou Jeamonnot dix fois (son sixième podium d'affilée) dont quatre victoires. "La saison 2023-2024, en termes de performance a été au-dessus de la saison 2022-2023, même celle-ci fut déjà bonne. Elles sont restées dans la même dynamique", analyse Jean-Paul Giachino, entraîneur de tir de l'équipe de France féminine. La saison passée, les Françaises avaient décroché 18 podiums (en 20 courses individuelles), dont trois victoires (en dix podiums) uniquement pour Julia Simon, victorieuse du gros globe de cristal.
Un début de saison en trombe pour Jeanmonnot
et Braisaz-Bouchet
Dès le début de saison, le clan bleu a frappé fort par l'intermédiaire de Lou Jeanmonnot, qui s'est offert ses deux premières victoires en carrière sur le circuit Coupe du monde. À Östersund (Suède), elle réalise le doublé sprint-poursuite. Avant elle, ni Julia Simon, ni Justine Braisaz-Bouchet n'avaient réussi pareille performance. "Je n'y croyais pas, réagissait-elle au micro de la chaîne L'Equipe. J'avais la volonté de faire un 100 % au tir sans de très bonnes jambes et je me suis focalisée sur un bon shoot et ça a payé."
Deux week-ends plus tard, Justine Braisaz-Bouchet est sortie du bois pour entamer une série de quatre victoires consécutives, trois à Lenzerheide (Suisse) sur le sprint, la poursuite et la mass start, avant d'embrayer sur le sprint le week-end suivant à Oberhof (Allemagne). "Ce matin [le jour du sprint], dans ma chambre, je me disais, une quatrième victoire de suite n'y compte pas, mais une victoire sur un sprint, c'est possible. [...] Le break de Noël m'a permis de retrouver de la fraîcheur et des sensations que je n'avais pas eues depuis le début de saison. J'ai réussi à me détacher de l'enjeu [du dossard jaune], et à rester focus sur la course", avait-elle confié après le sprint. À l’issue de la poursuite, Justine Braisaz-Bouchet, dossard jaune de leader du classement général sur le dos, devançait sa dauphine Ingrid Tandrevold de 91 points. A Obrerhoff, Sophie Chauveau décrochait également son premier podium en Coupe du monde grâce à sa troisième place en sprint.
La pause des fêtes de fin d'année a également fait du bien à Julia Simon, mise en cause dans une affaire de fraude à la carte bancaire, dont la victime n'est autre que sa coéquipière Justine Braisaz-Bouchet. Après un début de saison morose, elle a enregistré son premier podium sur la poursuite à Oberhof. "En passant la ligne, j'ai laissé parler les émotions. C'est bon, il faut lâcher un peu. C'était de la rage, oui, parce que c'était dur, et long", avait-elle réagi. "Julia n'est jamais l'athlète de la première quinzaine, elle est toujours un peu en deçà de ce qu'elle peut faire mais c'est une force de caractère, avec un mental énorme, souligne Jean-Paul Giachino. Avec les affaires extra-sportives, elle a souffert mais tout cela est aujourd'hui apaisé et tout le monde est passé à autre chose."
Des Françaises impériales aux Mondiaux
En février, sur les championnats du monde à Nové Město (République tchèque), les Bleues ont soufflé (presque) tout : trois victoires sur les quatre courses individuelles (Julia Simon sur le sprint et la poursuite, Justine Braisaz-Bouchet sur la mass start). Avec en prime un quadruplé inédit sur le sprint : derrière Julia Simon, Justine Braisaz-Bouchet a fini deuxième devant Lou Jeanmonnot et Sophie Chauveau. L'un des moments les plus marquants de la saison pour Cyril Burdet, responsable et entraîneur physique de l’équipe de France féminine de biathlon : "C'est quelque chose qui n'a jamais été fait, et qui est presque de l'ordre du fantasme pour un coach, de voir l'intégralité de son effectif dans le top 15 et les quatre leaders sur les quatre premières marches du podium. C'est complètement fou", analyse-t-il en cette fin de saison.
En plus d'avoir glané le titre sur le relais mixte et sur le simple mixte, les Françaises ont aussi conquis l'or sur le relais femmes des Mondiaux, une première dans l'histoire du biathlon tricolore. "La France chassait ce titre depuis de très nombreuses années, et on a enfin réussi à le concrétiser", se réjouit encore aujourd'hui Cyril Burdet. "On passait toujours à côté, on a été plusieurs fois sur le podium, deuxième, troisième, se souvient Jean-Paul Giachino. Mais on n'y arrivait pas. Cette année, elles étaient certes favorites sur le papier mais il fallait assumer ce statut derrière, ce qui n'est pas simple." Preuve que la moisson fut exceptionnelle, la France termine en tête du classement des pays, avec 13 médailles : six en or, une en argent et six en bronze, dont huit ont été remportées par les femmes en individuel.
L'année du collectif
Au-delà de ces performances individuelles impressionnantes, cette saison est aussi celle de l'éclosion d'une équipe après l'année 2023, qui avait souri à Julia Simon, victorieuse du gros globe. "La transmission est la caractéristique de ce groupe, appuie Cyril Burdet. Sur le papier, on est parti avec deux vraies leaders, Justine et Julia, qui ont su transmettre les bonnes valeurs à l'ensemble de l'équipe. Derrière, on a une Lou qui a simplement concrétisé sa progression de l'an dernier, et qui est devenue l'une des leaders de ce groupe."
Ces locomotives ont ainsi emmené avec elles de jeunes biathlètes en pleine progression, comme Sophie Chauveau, Jeanne Richard et Gilonne Guigonnat, qui a d'ailleurs fini troisième de la mass start dimanche, décrochant son premier podium en Coupe du monde. Une dynamique collective qui les tire toutes vers le haut. "Pour avoir sa place dans un relais, il faut être à son meilleur niveau, et capable de rehausser le ton", admet Jean-Paul Giachino.
"Il n'y a pas mieux que la concurrence en interne, si elle reste saine. Ça tire tout le monde vers le haut, car dans un relais, on a trois titulaires et la quatrième peut être n'importe qui."
Jean-Paul Giachino, entraîneur du tirà franceinfo: sport
"Il y a aussi toutes les autres, poursuit Cyril Burdet, qui n'ont pas été présentes sur cette fin de saison, et qui ont aussi le niveau : les blessées, comme Caroline Colombo, celles qui ont eu un peu plus de difficulté cette année,comme Chloé Chevalier, les plus jeunes, qui sont encore en IBU Cup, comme Océane Michelon, qui a remporté le globe de cristal et sur qui il va falloir compter à l'avenir. J'aime à dire qu'on a une équipe pour aujourd'hui et pour demain", conclut Cyril Burdet.
S'il est encore trop tôt pour se projeter vers la saison prochaine, Cyril Burdet a déjà des idées en tête pour cette équipe de France qui n'est qu'au début de son histoire. Avec en point de mire les Jeux d'hiver en 2026 à Cortina-d'Ampezzo (Italie).
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