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France-Irlande : le XV de France, "une bande d'acharnées de travail" qui veut monter d’un cran

Victorieuses sans être brillantes face à l'Italie, les Bleues aspirent à un succès moins brouillon face au XV du Trèfle, samedi pour le deuxième match du Tournoi.

Article rédigé par Justine Saint-Sevin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'arrière du XV de France, Emilie Boulard, le 27 mars 2022 à Grenoble. (FABRICE HEBRARD / MAXPPP)

Après la victoire face à l’Italie, les troupes ont dressé un constat unanime : "On ne peut pas se contenter de ce contenu-là." La phrase posée par la demi d’ouverture du XV de France, Caroline Drouin, résumait parfaitement l’état d’esprit du staff des Bleues et des joueuses interrogées après la rencontre. Oui, la victoire et ses cinq points empochés sont précieux, mais les maladresses qui ont haché le jeu français doivent disparaître au plus vite si les Bleues veulent rédiger une copie à la hauteur de leurs ambitions face à l’Irlande, samedi 2 avril.  

Pour le moment, la fièvre automnale est encore lointaine. Et le printemps, qui a tout juste pointé le bout de son nez avec les promesses de rugby champagne qui l'accompagnent, devrait faire une pause ce week-end. Les Bleues vont donc devoir se réadapter aux températures hivernales et un jeu plus restrictif pour leur deuxième match du Tournoi des six nations. "La pluie qu'on a eue à l'entraînement a permis de recentrer les filles, confie Thomas Darracq, le responsable sportif des Bleues, notamment sur les secteurs particulièrement importants quand les conditions sont compliquées, comme ça sera le cas à Toulouse."

"On a beaucoup travaillé sur l'alternance, le jeu au pied."

Thomas Darracq

à franceinfo: sport

Un mal pour un bien, peut-être : une vigilance accrue entoure la transmission d’un ballon que l’on sait d’avance plus difficile à manœuvrer par mauvais temps. Une vigilance qu’affaiblissent parfois le soleil et le ciel bleu. Rien ne sert de courir tant que le précieux n’est pas bien au chaud entre les paluches.  

Une conquête à (r)assurer  

Pourquoi s'attarder autant sur le sujet ? Parce que si les Bleues se sont largement imposées en Italie, la conquête française a été brouillonne. Manque de repères, le stress de retrouvailles dans un stade des Alpes quasiment plein (13 700 spectateurs), il y avait un peu de tout ça dimanche dernier.

Toujours est-il que les 14 passes manquées et les 19 turnovers (ballons perdus et rendus à l’adversaire) font tâche dans la partition d’une équipe aussi ambitieuse que celle des Bleues. Les multiples cadeaux, dont les Italiennes rattrapées in extremis par les chaussettes ou le short par la défense bleue n’ont pas su profiter, ne resteront pas toujours sans conséquence. 

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Pour cette équipe qui se régale dans la possession du ballon, les sorties rapides, pour envoyer du jeu debout dans la défense ou la balle à l’aile, les multiples fautes de main l’ont empêchée d’imposer son rythme. "Elles ont aussi parfaitement lu notre touche", concédait également la troisième ligne centre du XV de France Emeline Gros. "On a travaillé sur notre conquête, l'objectif va être d'avoir plus de ballons et de lâcher un peu les chevaux. Contre l'Italie, on a senti un petit peu de retenue, une volonté de trop bien faire", soutenait Thomas Darracq, jeudi.

Pour redresser la barre face à une Irlande en reconstruction, les Bleues se présenteront avec un paquet d’avants densifié et le retour d’une charnière expérimentée. "Avec Sansus-Drouin, on revient un peu plus dans des repères communs, analyse Marie Sempéré, ancienne internationale et consultante France Télévisions. Contre l’Italie, il y a eu des soucis en mêlée, en touche, mais des solutions ont été trouvées en seconde période, ce qui peut expliquer pourquoi il y a des changements pour affronter l’Irlande."

La gestion de l’émotion

"Une certaine pression individuelle", "un premier match", "un stade bondé". Qu’il soit évoqué par la capitaine des Bleues, Gaëlle Hermet, la troisième ligne centre, Emeline Gros ou la manager Annick Hayraud, l’aspect émotionnel de cette première rencontre du Tournoi a aussi eu son importance dans la performance tricolore. S’il n’est pas le seul responsable des maladresses du XV de France - le groupe se retrouvait pour la première fois depuis novembre -, il est un secteur dans lequel les Bleues peuvent et veulent progresser. Car ces Tricolores intègrent ces derniers mois quantité de jeunes joueuses prometteuses afin qu’elles se fassent les dents avant le Mondial.

Dimanche, la Grenobloise Alexandra Chambon vivait par exemple sa première titularisation avec le maillot floqué du coq à la mêlée. "C’était un moment spécial, j’avais hâte. J’appréhendais un peu l’atmosphère qui allait ressortir du stade, ça peut être un peu enivrant d'évoluer devant 13 000 personnes, même si quand on est lancé, on y pense plus", partageait-elle après la rencontre dimanche. Des moments rares auxquels les joueuses d’Elite 1 ne peuvent se confronter qu’au niveau international.

"Les cadres en ont déjà eu l’occasion, mais c’est vrai que ça peut être très impressionnant pour les petites jeunes de se retrouver dans des stades plein, devant leur famille. Il ne faut pas perdre trop d’influx nerveux, même si ce ne sont que des choses positives. Au final, ça te pompe de l’énergie."

Marie Sempéré, ancienne internationale et consultante pour France Télévisions

à franceinfo: sport

D'autres jeunes pousses seront particulièrement concernées par cet aspect samedi après-midi : les titulaires blagnacaises Coco Lindelauf (4 sélections), Axelle Berthoumieu (7 sélections), Mélissande Llorens (1 selection) ou encore Célia Domain (1 sélection) qui prendra place sur le banc. Au total, onze joueuses présentes sur la feuille de match évoluent soit à Blagnac, dans la banlieue proche toulousaine, soit au Stade toulousain et joueront donc devant leurs proches.

Pour gérer tout ça, elles pourront néanmoins se nourrir d’une enceinte qu’elles connaissent dans l’ensemble plutôt bien. "Ce sont des joueuses qui ont l’habitude de jouer dans ce stade, de s’y affronter. Les repères, les vestiaires, le terrain, les tribunes, tout ce qui est familier, ça aide", appuie Marie Sempéré. "On a la chance d'avoir dans le staff des personnes pour accompagner les filles mentalement, souligne Thomas Darracq. Les joueuses ont débriefé sur le sujet, on les a surtout écoutées et derrière on essaie d'identifier les éléments de stress. Surtout, on a essayé de positiver. On sort avec une large victoire, il faut accepter que tout n'est pas parfait, un match n'est jamais parfait." 

Le retour de blessure de la plus capée des Bleues, Safi N’Diaye - dans le groupe mais absente de la feuille - devrait être un vrai atout pour "rassurer les troupes pour le reste de la compétition" selon Marie Sempéré. "Elle peut aider les autres leaders et Gaëlle qui est avant tout une capitaine de devoir. Quand tu regardes les matchs, Safi parle beaucoup aux joueuses pendant l’échauffement, sur le terrain, elle a ce rôle de maman, c’est important dans un groupe", appuie notre consultante.

Pour aller chercher cette victoire face à l’Irlande avec la manière et se permettre de regarder plus loin avec plus de sérénité, les Bleues et leur capitaine Gaëlle Hermet ne comptent pas se reposer sur leurs lauriers : "On a la chance de pouvoir jouer dans de très beaux stades, d’avoir une bande d’acharnées du travail, qui ne demande que ça de travailler plus individuellement, collectivement. Ça ne pose aucun problème."

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