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Football : Nike et Adidas dépensent toujours plus pour sponsoriser les équipes, mais paient de moins en moins les ouvriers

Alors qu'ils investissent des sommes importantes pour sponsoriser des équipes nationales de football, Nike et Adidas imposent des conditions de travail toujours plus précaires aux salariés qui fabriquent les produits, dénonce un rapport du collectif Ethique sur l'étiquette, que révèle lundi franceinfo.

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Nike et Adidas figurent parmi les équipementiers d'équipes participant à la Coupe du monde de football 2018. (FRANCK FIFE / AFP)

Nike et Adidas, qui équipent à deux 22 équipes participant à la Coupe du monde de football 2018, sont épinglés par le collectif Ethique sur l'étiquette. Alors que les deux sociétés paient de plus en plus cher pour sponsoriser les équipes, un rapport que franceinfo révèle lundi 11 juin dénonce des conditions de travail toujours plus précaires imposées aux ouvriers qui fabriquent les chaussures et les maillots.

Ce rapport, intitulé "Anti-Jeu : les sponsors laissent les travailleurs sur la touche", montre qu'entre 1995 et 2017, sur le prix d'une paire de chaussures de Nike ou Adidas, la part revenant au travailleur a baissé de 30%, alors que la rémunération de leurs actionnaires a explosé.

Des salaires 65% sous le seuil vital

Pour ce faire, les deux géants ont continué à se désengager de Chine – où les salaires, qui permettent presque à une famille de vivre dignement de leur travail, sont jugés trop élevés – pour s'approvisionner en Indonésie, au Cambodge ou au Vietnam, où les salaires payés sont inférieurs de 45 à 65% au salaire vital. Pourtant, Nike et Adidas, qui génèrent des revenus importants, pourraient largement, selon ce rapport, payer des salaires garantissant les besoins essentiels des ouvriers travaillant dans les usines de confection.

Il suffirait simplement de revoir les priorités et de ne pas laisser les bénéfices être "privatisés par leurs actionnaires". Selon le rapport, "si Nike et Adidas avaient décidé de ne pas payer plus de dividendes en 2017 qu’en 2012 – ces derniers ayant alors déjà atteint des niveaux très élevés – les sommes économisées auraient largement permis de couvrir des salaires décents dans leurs principaux pays de production (Chine, Indonésie, Vietnam, Cambodge)".

65 millions d'euros par an pour sponsoriser l'Allemagne

Même critique vis-à-vis des sommes de plus en plus folles dépensées pour sponsoriser les équipes et les joueurs les plus vendeurs. À titre d'exemple, Adidas paye, depuis 2016, 65 millions d'euros par an pour équiper la sélection allemande de football, ce qui en fait le plus gros contrat jamais signé dans ce domaine. Les dix plus grands clubs européens de football ont par ailleurs gagné, en 2017, plus de 140 millions d'euros supplémentaires par rapport à 2015 grâce aux contrats de sponsoring payés par les équipementiers.

Si les équipementiers sportifs s'étaient contentés de maintenir les mêmes montants de sponsoring des clubs de foot en 2018 qu’en 2015, au lieu de les augmenter fortement, les 226 millions d’euros économisés auraient permis d’assurer un salaire décent à plus d’un million de travailleurs en Asie, indique encore le rapport.

Des contrats à vie avec les joueurs

Du côté des joueurs, on a même assisté à la signature de contrats qui n'avaient jamais existé dans le monde du football : des contrats à vie. 20 millions d'euros pour Cristiano Ronaldo avec Nike, ou 12 millions pour Lionel Messi avec Adidas.

Il s'agit du deuxième rapport que le collectif Ethique sur l'étiquette consacre aux équipementiers sportifs, après une première édition publiée à l'occasion de l'Euro 2016 en France. Il a été rédigé par le bureau d'analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic).

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