Tour de France Femmes 2022 : "L'arrivée à la Planche des Belles Filles sera terrible", prévient Marion Rousse, la directrice de la Grande Boucle féminine
L'ancienne championne de France, et consultante pour France Télévisions, a dévoilé jeudi le parcours du premier Tour de France Femmes, qui se déroulera à l'été 2022.
Fraîchement nommée directrice du Tour de France Femmes, Marion Rousse a présenté, jeudi 14 septembre, le parcours de l'épreuve qui se tiendra du 24 au 31 juillet 2022. Vingt-trois ans après le dernier "Tour de France Féminin", en 1989, 132 coureuses s'élanceront de Paris pour huit étapes dans l'Est de la France, avec une arrivée à la Planche des Belles Filles.
Franceinfo: sport : Vous avez été nommée directrice du Tour de France Femmes en fin de semaine dernière, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Marion Rousse : C’est un défi mais c’est surtout un grand honneur. Quand on a commencé à en discuter, rien que le fait qu’ils aient pensé à moi c’était un grand honneur. Puis je me suis revue des années auparavant, quand j’étais une petite fille et qu’on ne pouvait pas rêver de faire le Paris-Roubaix ou le Tour de France puisque ça n’existait pas et qu’on ne voyait pas de cyclisme féminin à la télé. Maintenant que j’ai arrêté ma carrière, être dans ce projet qu’on veut mener sur le long terme, c’est un défi que j’ai envie de relever.
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Le cyclisme m’a tellement apporté que je lui dois bien ça. Quand j’ai été appelée, quelques étapes avaient déjà été dessinées et heureusement, parce que ça se fait des mois auparavant. Mais j’ai participé aux reconnaissances de trois étapes décisives, celle des chemins blancs et celles de montagne.
Quelles seront les étapes majeures de ce Tour ?
Le parcours a été dessiné pour qu’on retrace le côté historique du Tour de France, son présent, et le futur. On voulait vraiment que ça parte de Paris pour ce passage de témoin avec les hommes. Pour moi, la première étape importante est celle entre Reims et Épernay, avec un passage dans la côte de Mutigny, où Julian Alaphilippe s’était échappé en 2019 et était allé chercher sa première victoire d’étape et le maillot jaune. Le final de cette étape sera difficile, avec le mont Bernon et l’arrivée sur Épernay. Ça sera un premier rendez-vous pour les prétendantes au classement général, avec une étape piégeuse.
L’étape du lendemain entre Troyes et Bar-sur-Aube sera inédite, puisqu’elle passera par les chemins blancs au milieu des vignes. Il y aura quatre chemins blancs, pour un total de 12,9 kilomètres, avec une difficulté avant chaque chemin. Ce sont des passages difficiles, jamais plats, toujours en montée ou en descente, et il faudra de la réussite parce qu’il y a plus de risques de crevaisons. Niveau pression et matériel, il y aura des choix à faire. Ensuite, la cinquième étape entre Bar-le-Duc et Saint-Dié-des-Vosges sera la plus longue, avec 175 kilomètres, soit vingt de plus que le parcours des championnats du monde. Ce sera la seule difficulté de ce parcours, puisqu'il n'y a pas de col répertorié ce jour là, mais nous avons dû obtenir une dérogation de l'UCI (Union Cycliste Internationale) pour faire 175 kilomètres.
Les difficultés vont s’enchaîner lors des deux dernières étapes, en montagne, un peu sur le même schéma que Paris-Nice ou le Dauphiné, où les étapes les plus dures ont lieu en fin d’épreuve. On finira en apothéose avec un final au sommet, le seul de ce Tour, à la Planche des Belles Filles, et avant cela le Ballon d’Alsace, qui est le premier col franchi par le Tour de France. Les filles auront déjà une semaine de course dans les jambes. Évidemment que cette arrivée sera terrible, avec 7 kilomètres à pratiquement 9% de moyenne, jamais de replat, parfois des pourcentages à 24%. Vu l’étape, c’est une coureuse qui sera bien placée au général qui l’emportera ce jour-là.
Le parcours se cantonnera donc à l’Est de la France, pourquoi ce choix ?
On voulait retracer un côté historique en allant dans les Vosges. Puis on part de Paris pour une course de 8 jours donc si on veut que cela reste cohérent, sportivement parlant, il faut garder des kilométrages accessibles. Les hommes font parfois 200 kilomètres sur certaines étapes. Pour nous les filles, la moyenne des étapes est plutôt de 130 kilomètres. Ça évite aussi aux coureuses de faire de trop longs transferts entre les étapes.
Après le premier Paris-Roubaix, le cyclisme féminin retrouve le Tour de France, c’est un signe que ce sport grandit rapidement ?
Oui, il grandit depuis plusieurs années maintenant. Depuis que j’ai arrêté ma carrière, ça n’a plus rien à voir. Il y a de plus en plus d’équipes masculines qui ont leur équipe féminine, il y a plus de médiatisation donc plus de budgets, et de grandes courses de renom qui font leur apparition dans le calendrier UCI féminin. Ça montre que le cyclisme féminin évolue, peut-être pas au rythme qu’on aurait voulu, mais maintenant on a cette course de référence entre nos mains. C’est un joyau qu’il faut faire briller et je ne vais pas le lâcher de si tôt.
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