Liège-Bastogne-Liège 2023 : Julian Alaphilippe, pour refermer la parenthèse après une année de galères
"Heureusement qu'il est devenu deux fois champion du monde [en 2020 et 2021]. À part ça, il a gagné la première étape du Tour et porté le maillot jaune [en 2021]. Je comprends que les équipes françaises soient excitées avec ça, mais pas moi." Les propos ne sont pas tendres, encore moins quand ils sortent de la bouche du manager de son équipe. Le tempétueux patron de la Soudal-Quick Step, Patrick Lefevere, n'a pas caché son insatisfaction à l'égard des performances de Julian Alaphilippe au micro de RMC Sport, lundi 17 avril.
Il s'est chargé lui-même d'acter le déclassement du coureur le mieux payé de son effectif : "Je l'aime bien, comme tout le monde. Comment ne peux-tu pas aimer Julian ? Mais je dois être réaliste : il mange une grande partie de mon budget. Il faut être honnête, quand Julian Alaphilippe brillait ces dernières années il n'y avait pas Van der Poel, Pogacar, Van Aert". De quoi ajouter un peu plus de pression sur le coureur français, attendu sur Liège-Bastogne-Liège dimanche, lui qui revient tout juste de blessure après avoir manqué les deux premières classiques ardennaises (l'Amstel Gold Race et la Flèche wallonne).
Les poumons, l'épaule puis le genou
Julian Alaphilippe va faire son retour là où sa carrière a déraillé. Pris dans une énorme chute collective à 60 kilomètres de l'arrivée, il avait été transporté à l'hôpital avec "deux côtes cassées, une omoplate fracturée et un hémopneumothorax". Venu lui porter secours, Romain Bardet était resté sous le choc de voir son compatriote dans un tel état. "Alaf" avait alors eu besoin de deux mois pour faire son retour à la compétition, avant d'enchaîner d'autres contrariétés. Malchanceux, le Français a subi tellement de coups de frein qu'il va se présenter sur cette édition de "La Doyenne" sans pouvoir prétendre au statut de favori ou même d'outsider.
"Il va bien. C'est vrai que le sort s'acharne sur lui. Pas mal de gens seraient désabusés, mais lui reste concentré (...). Il sait qu'il ne sera pas à 100% et c'est ça qui est dur parce qu'il repart de zéro à chaque grand rendez-vous", a rapporté sa compagne Marion Rousse, le 14 avril, lors d'un point presse lié au Tour de France femmes 2023. Cette dernière a expliqué que l'absence du double champion du monde sur les deux premières classiques ardennaises était liée à une infection au genou, contractée après une chute sur le Tour des Flandres le 29 mars.
"Il a été sous antibiotique. Les docteurs n'ont pas voulu prendre de risques et lui ont fait faire une semaine sans vélo pour que son genou se répare", a-t-elle ajouté. Alors qu'il retrouvait du rythme, enchaînant 14 jours de course sans déconvenue mais aussi sans éclat (une victoire sur la Faun-Ardèche Classic tout de même), Julian Alaphilippe n'a pas eu le temps de monter en puissance qu'il a retrouvé la frustration, un sentiment qui ne l'a jamais lâché en 2022.
Réenclencher la bonne spirale
L'an dernier, la convalescence liée à sa chute sur Liège-Bastogne-Liège avait mené à sa non-sélection sur le Tour de France. Il avait dû changer de programme, pour se rabattre sur la Vuelta. Juste après avoir retrouvé la victoire sur le Tour de Wallonie en juillet, le Covid-19 l'avait stoppé à nouveau, contrariant sa préparation. Après seulement 11 étapes, il avait ensuite quitté le Tour d'Espagne sur civière après une nouvelle chute violente, sans avoir joué la victoire sur ses dix premiers jours de course.
Touché à l'épaule, Alaphilippe avait gagné une nouvelle course contre-la-montre pour être de la partie lors des championnats du monde en Australie. Forcément amoindri, il n'avait pas été désigné comme le leader de l'équipe de France. 51e, le coureur de 30 ans avait alors abandonné le maillot arc-en-ciel qu'il portait depuis deux ans, mais avait joué son rôle en épaulant Christophe Laporte, vice-champion du monde à l'arrivée.
Et c'est justement dans ce rôle d'équipier qu'il est attendu dimanche, au service de son coéquipier (et successeur au titre de champion du monde) Remco Evenepoel, qui semble plus en mesure que lui de résister à Tadej Pogacar. "On verra quel rôle Julian aura. Il connaît bien cette course qui lui convient à merveille. Le plus important est qu'il puisse s'entraîner sans douleurs et qu'il soit au départ", a déclaré son directeur sportif, Geert Van Bondt. Une étape en forme de première marche à franchir sur la longue route qui l'attend pour revenir à son meilleur niveau.
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