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Formule 1 : quatre questions sur le halo, le dispositif qui a probablement sauvé la vie de Lewis Hamilton

Installé sur les F1 depuis 2018, le halo a probablement sauvé la vie de Lewis Hamilton lors du Grand Prix d'Italie, dimanche. Il y a moins d'un an, il avait déjà évité le pire à Romain Grosjean.

Article rédigé par franceinfo: sport, Guillaume Poisson - Pauline Guillou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Lewis Hamilton (Mercedes), après son accrochage avec la Red Bull de Max Verstappen, le 12 septembre 2021. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)

Stoppé dans sa course par un accrochage avec Max Verstappen qui aurait pu tourner au drame, Lewis Hamilton a échappé au pire, lors du Grand Prix d'Italie, dimanche 12 septembre. Dans un message publié sur son compte Twitter, le champion du monde de F1 n'a pas manqué de mentionner ce qui lui a probablement sauvé la vie : le halo. Un arceau, fixé sur chaque voiture et obligatoire depuis 2018 qui "a rendu cet accident moins pire que ce qu'il aurait pu être" a écrit le pilote britannique, remerciant également "ceux qui travaillent à rendre les voitures et courses plus sûres"

Contesté au départ, cet arceau de titane avait déstabilisé les pilotes mais surtout permis d'éviter plusieurs drames sur les circuits de F1. Le 29 novembre 2020, Romain Grosjean s'était miraculeusement sorti d'un spectaculaire accident, lors du Grand Prix du Bahreïn. Réticent à l'installation du halo, lui aussi l'avait remercié une fois sorti d'affaire. Franceinfo: sport répond à quatre questions autour de ce dispositif désormais crucial.

Qu'est ce que le halo ? 

C'est un arceau fixé à la voiture, devant le volant et de part et d’autre du casque du pilote. Il est visible sur l’ensemble des monoplaces depuis 2018. Auparavant, les Formule 1 étaient “nues” à l’avant. A l’époque, ce nouvel élément avait déstabilisé pilotes et suiveurs, certains allant même jusqu’à regretter qu’on abîme l’esprit de la Formule 1 (voir plus loin). 

Un prototype en acier a été testé avec succès en 2015 : il a résisté au choc d'un pneu de 20 kg envoyé à 225km/h par un canon. Au Grand Prix d'Autriche 2016, un Halo n°2, en titane, plus léger et résistant, est testé. Plus large, il améliore la visibilité des pilotes. A la fin de la saison 2016, tous les pilotes ont au moins pu faire un tour avec ce système.

Pourquoi a-t-il été rendu obligatoire en 2018 ?

Le halo vient du besoin de protéger la tête des pilotes, en plus du traditionnel casque. L’idée est venue d’un double accident en 2009 : celui, mortel, d’Henry Surtees, tué par un pneu dans une course de F2 ; et celui de Felipe Massa en Formule 1, touché à la tête par un débris sur le GP de Hongrie. L’accident de Justin Wilson en Indycar en 2015 - tué par des débris - a fini de convaincre le GPDA (Association des pilotes) de réclamer un système de protection. 

Le halo a été proposé aux écuries en 2016. Mais les résistances à son instauration ont été nombreuses. Les phases de tests ont duré deux ans, pendant lesquelles les constructeurs ont même proposé un dispositif alternatif, tant le halo ne faisait pas l’unanimité au sein du paddock. Mais celui-ci s’est révélé désastreux, et faute d’autre, c’est bien le halo qui a été homologué pour la saison 2018. 

Pourquoi ce système a-t-il été critiqué ?

"Presque toutes les équipes étaient contre, les fans sont contre, les pilotes ont majoritairement dit non, et pourtant il sera bien là la saison prochaine". Ce sont les mots de Romain Grosjean, en 2018, en tant que président de l’Association des pilotes, quelques semaines après l’instauration du halo en F1. D’où vient cette inimitié des pilotes pour ce dispositif ?

D’abord, la plupart ont craint pour leur visibilité. Le halo est proéminent, et il prend racine dans le champ de vision des pilotes. "Quand je l'ai testé au Brésil l'an passé, je me suis senti mal à l'aise, avait estimé Romain Grosjean. J'essayais en permanence de me concentrer sur quelque chose devant moi et il y avait ce truc au milieu". Mais la pratique a globalement fini par les rassurer sur ce point. "Nous avons juste besoin d’apprendre à conduire avec, avait estimé le Français Esteban Ocon auprès du Monde. Cela a certainement un impact sur votre visibilité, (…) mais les avantages en termes de sécurité sont importants. Je sais que certains fans n’aiment pas ça, mais je pense qu’ils s’y habitueront assez rapidement". 

Le principal reproche des acteurs de la F1 vient finalement d’une crainte par rapport à "l’essence" de leur sport. "Le halo détruit l'ADN de la F1, avait déclaré l'ancien champion Niki Lauda. Le risque pour les pilotes est devenu minime".  Le cockpit en partie fermé est ainsi vécu comme une trahison à l'esprit originel du sport. "Si vous carénez les roues ou si vous couvrez la tête des pilotes, ce n’est plus de la F1", assure un responsable d'équipe au Monde en 2018. 

Le halo a-t-il déjà sauvé des vies ? 

Celle de Lewis Hamilton sans aucun doute. Engagé dans un duel intense, le pilote britannique et Max Verstappen se sont accrochés à la première chicane du Grand Prix d'Italie, dimanche 12 septembre. La voiture du Néerlandais est alors passée au-dessus de celle du septuple champion du monde. La roue du véhicule Red Bull a été stoppée nette au dessus de la tête du Britannique... grâce au halo.

Il y a moins d'un an, c'est la vie de Romain Grosjean qui avait probablement été épargnée par ce dispositif. Les images du pilote, sortant de son véhicule en flammes après de longues secondes passées dans le cockpit, avaient marqué les esprits. Pourtant, les quelques secondes d'avant l'embrasement du véhicule avaient été tout aussi brutales, et le halo avait empêché un grave impact entre le pilote et la barrière de sécurité.

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